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La guerre d’Israël contre les Palestiniens à Gaza est une crise internationale majeure

Veniamin Popov, 28 mai 2024

d'Israël

Le 14 mai, Israël a sombrement célébré son 76e anniversaire. Plus de sept mois après l’attentat du 7 octobre, la guerre fait toujours rage dans la bande de Gaza, continuant de causer des ravages sans précédent tandis que les objectifs des forces israéliennes continuent de leur échapper.

Netanyahou a promis de détruire le groupe islamiste le Hamas et de libérer les otages capturés, mais ces objectifs ne sont toujours pas atteints. Cet échec militaire se double d’une impasse politique dont le Premier ministre est responsable. Selon un récent sondage, 62 % des habitants du pays estiment qu’un accord sur un cessez-le-feu temporaire pour libérer les otages survivants à Gaza devrait avoir la priorité sur une nouvelle offensive militaire sur Rafah, mais Netanyahou résiste car les partisans de la ligne dure au sein de son cabinet menacent de renverser le gouvernement si la guerre est interrompue.

« L’échec militaire d’aujourd’hui, écrivait Le Monde le 13 mai, et les pertes en vies humaines terribles sont le résultat d’une stratégie israélienne qui a transformé Gaza en une gigantesque prison à ciel ouvert, une arène de combats répétés que la guerre actuelle a amenés jusqu’à son apogée ».

Cela a été facilité par la passivité répréhensible de la communauté internationale, qui n’a pas pu, malgré de nombreuses tentatives, arrêter les opérations militaires en raison du veto américain aux résolutions du Conseil de sécurité.

Le monde entier estime qu’il est temps d’arrêter le massacre à Gaza, mais les autorités américaines affirment qu’il n’y a pas de génocide de la part d’Israël. Cependant, les faits sont tenaces. Même le secrétaire d’État américain Antony Blinken a reconnu qu’un changement de paradigme était nécessaire vis-à-vis de la crise actuelle au Moyen-Orient : une victoire d’Israël sur le Hamas, a-t-il dit, pourrait être suivie par « le chaos, l’anarchie et, finalement, à nouveau le Hamas ». Cependant Israël poursuit son offensive sur la ville méridionale de Rafah, malgré la condamnation internationale.

Le 15 mai, les Palestiniens ont célébré le 76e anniversaire de leur expulsion massive du territoire d’Israël actuel, un événement qui est au cœur de leur lutte nationale. Les Palestiniens appellent ce phénomène « la Nakba », mot arabe signifiant « catastrophe » : 700 000 Palestiniens ont fui ou ont été chassés de leurs maisons pendant et après la guerre israélo-arabe de 1948 qui a suivi la création de l’État hébreux. Après la guerre, Israël a refusé leur retour car cela aurait conduit à la formation d’une majorité palestinienne à l’intérieur de ses frontières.  Au contraire, ils sont devenus, pour ainsi dire, une communauté de réfugiés comptant désormais environ 6 millions de personnes qui vivent dans des camps de réfugiés urbains ressemblant à des bidonvilles au Liban, en Syrie, en Jordanie et dans la Cisjordanie occupée.

A Gaza, les réfugiés et leurs descendants représentent les trois quarts de la population.

Le rejet par Israël de ce que les Palestiniens appellent leur droit au retour a été l’une des principales raisons du conflit en cours et l’un des problèmes les plus urgents des négociations, qui ont échoué la dernière fois il y a 15 ans. Les camps de réfugiés ont toujours été les principaux bastions du bellicisme palestinien.

La guerre à Gaza a coûté la vie à plus de 35 000 Palestiniens, c’est certainement le cycle le plus meurtrier de l’histoire du conflit. La première attaque du Hamas a tué environ 1 200 Israéliens.

La guerre a contraint 1,7 million de Palestiniens – les trois quarts de la population de la bande de Gaza – à fuir leurs foyers, souvent à plusieurs reprises. C’est deux fois plus que le nombre de personnes ayant fui avant et pendant la guerre de 1948.

La communauté internationale s’oppose fermement à toute expulsion massive de Palestiniens de Gaza – seuls les membres d’extrême droite du cabinet israélien la soutiennent, la qualifiant d’« émigration volontaire ».

Israël réclame depuis longtemps que les réfugiés de 1948 soient accueillis dans les pays voisins tout en affirmant que les demandes de retour sont irréalistes car elles menacent son existence en tant qu’État à majorité juive. Parallèlement, il évoque des centaines de milliers de Juifs venus des pays arabes en Israël après la guerre.

Les destructions dans la bande de Gaza lors des bombardements israéliens sont énormes : selon les récentes estimations de l’ONU, la restauration des maisons détruites durera au mieux jusqu’en 2040.

A Gaza, Israël a déclenché l’une des campagnes militaires les plus meurtrières et les plus destructrices de l’histoire récente, larguant de temps en temps des bombes de 900 kg sur des zones résidentielles densément peuplées. Des quartiers entiers ont été transformés en terrains vagues avec des décombres truffés d’obus non explosés.

Selon les estimations de la Banque mondiale, Gaza a subi 18,5 milliards de dollars de dégâts, soit à peu près l’équivalent du produit intérieur brut de tous les territoires palestiniens en 2022 (ces chiffres se rapportent au mois de janvier dernier, avant que les opérations terrestres dévastatrices à Khan Younis et à Rafah ne soient déclenchées).

Même avant la guerre, les Palestiniens parlaient d’une Nakba permanente, d’une démarche visant à les expulser progressivement de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est en continuant à démolir leurs maisons, à construire des colonies et à poursuivre d’autres politiques discriminatoires qui s’apparentent en fait à l’apartheid.

Il est remarquable qu’une réaction négative croissante à l’égard de la politique des États-Unis à Gaza se propage dans le monde – de tels sentiments s’étendent à l’Amérique : non seulement dans les universités européennes, mais aux États-Unis également, le mouvement de soutien à la Palestine s’intensifie. Plusieurs fonctionnaires américains ont démissionné en signe de désaccord avec la politique de Biden : cette ligne contradictoire de Washington conduit à l’isolement des États-Unis, et même, selon le Washington Post, elle provoque le mécontentement de toute la communauté politique – l’administration américaine parvient simultanément à critiquer et à justifier Israël. Le New York Times, par exemple, a publié le 12 mai un article sur la politique des États-Unis à l’égard d’Israël sous le titre « Biden fait tout de travers ».

La presse arabe accuse ouvertement l’Amérique d’hypocrisie : tout en faisant des déclarations retentissantes sur la nécessité d’une aide humanitaire aux Palestiniens, Washington vient d’allouer un milliard de dollars supplémentaires à Israël.

C’est bien la partie américaine, selon le communiqué de presse du ministère russe des Affaires étrangère du 13 mai, qui a bloqué à plusieurs reprises les projets de résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies exigeant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, tandis que les États-Unis continuent de fournir une assistance militaire à Israël, malgré l’opération de nettoyage de Rafah par l’armée israélienne, où se sont réfugiés 1,5 million de Palestiniens, dont 600 000 enfants.

Après que la 10e Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé le 10 mai la Résolution sur la reconnaissance de l’État palestinien, on peut espérer que le Conseil de sécurité prendra enfin une décision qui est « un devoir moral et redressement d’un tort historique ».

 

Veniamin POPOV, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, docteur ès sciences historiques, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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