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La rage des régimes occidentaux a aussi des raisons géoéconomiques

Mikhail Gamandiy-Egorov, octobre 12 2024

Dans le contexte de l’escalade internationale croissante provoquée par les régimes de la minorité planétaire occidentale, les raisons géopolitiques sont souvent évoquées, bien qu’il soit nécessaire à ne pas oublier la composante géoéconomique, également extrêmement importante dans le renforcement de l’ordre mondial multipolaire.

géoéconomie

En effet, aujourd’hui plus que jamais, la rage des Occidentaux et d’autres régimes associés à la minorité planétaire est à son summum. Et si l’escalade croissante activement provoquée par ces régimes a indéniablement des raisons géopolitiques et géostratégiques, la géoéconomie y joue également un rôle majeur. Cela est dû au fait que la majorité globale a fermement compris que c’est précisément la minorité qui dépend des liens économiques avec la majorité, et non l’inverse.
L’essentiel étant que les règles de jeu seront établies par la majorité mondiale, et personne d’autre

La puissance économique de la majorité mondiale et la suppression des intermédiaires occidentaux

Pendant que les mythes longtemps propagés par l’Occident s’effondrent les uns après les autres – affaiblissant activement les positions de la minorité planétaire et des nostalgiques de l’ère unipolaire révolue du diktat occidental – les développements géoéconomiques du monde multipolaire continuent d’isoler davantage l’Occident collectif dans les processus où sa participation est absolument mal placée.

Il convient de rappeler que dans les nouvelles réalités économiques du monde multipolaire, où l’un des principaux rôles est attribué au bloc des BRICS – des réalités qui, d’ailleurs, ont finalement montré toute l’impuissance et la futilité des sanctions unilatérales émanant de la minorité planétaire occidentale ‒ l’orientation très importante étant précisément l’intensification de l’interaction entre les principales structures de l’ordre mondial multipolaire et les Etats du Sud global. Y compris à travers l’exemple de l’interaction entre les BRICS et les pays africains .

Et sur ce point aussi, tout devient évident. Car si la Chine est déjà depuis de nombreuses années le partenaire économico-commercial principal et incontesté, en tant qu’Etat distinct, des nations du continent africain, notre pays quant à lui est aujourd’hui en train de rattraper activement le temps perdu des années 1990-début des années 2000. En ce sens, la France pleure déjà sur la façon dont la Russie supplante l’Hexagone dans ses « marchés traditionnels » d’Afrique du Nord en ce qui concerne les exportations de céréales. Bien que cela est loin d’être le seul exemple.

Il convient également de faire mention du marché mondial des engrais – un article d’importation très important pour de nombreux pays d’Afrique, notamment pour le secteur agricole. Durant de longues années, les « traders » occidentaux, ou plutôt de simples intermédiaires, achetaient les engrais russes dans l’objectif de les revendre à de nombreux Etats africains. Mais depuis ces dernières années, la situation a radicalement changé. Désormais, les producteurs et exportateurs russes ont établi des relations commerciales directes avec leurs partenaires africains. En supprimant ainsi les intermédiaires occidentaux absolument inutiles des chaînes d’approvisionnement. Ces derniers, bien entendu, sont extrêmement mécontents de leur nouveau sort, en d’autres termes de leur non-implication.

Bien évidemment, il reste encore beaucoup à faire afin de se débarrasser une bonne fois pour toute d’entités inutiles qui parasitent depuis longtemps les relations commerciales internationales. Progressivement, cela prend aujourd’hui fin. Et compte tenu des nouvelles initiatives de la majorité globale, y compris encore une fois dans le cadre des BRICS – à la fois destinées pour les transactions financières internationales, voire à l’avenir avec la création d’une plateforme pour la commercialisation des ressources et produits stratégiques – aussi bien pour les Etats membres de l’organisation que pour les partenaires des pays du Sud global – il devient évident que les positions géoéconomiques des Occidentaux, déjà en déclin, subiront de nouveaux coûts fort sensibles.

La majorité mondiale établit ses propres règles

Ainsi, un autre mythe émanant de la minorité planétaire occidentale – celui de son prétendu « caractère indispensable » dans le commerce mondial et les chaînes d’approvisionnement international – est également en train de devenir une chose du passé. Et ici aussi, tout est parfaitement logique. Outre le fait que parmi les principales économies mondiales – la croissance et les nouvelles positions de leaders, y compris en termes de PIB-PPA – se trouvent de plus en plus du côté des nations BRICS et de la majorité globale, tandis que les Occidentaux, principalement issus de l’Europe bruxelloise, observent au contraire une perte croissante de positions, il suffit à cet effet à se rappeler qu’une minorité démographique pure et simple, ne disposant d’autant plus pas de volumes en ressources stratégiques comparables à ceux des Etats de la majorité mondiale – ne peut occuper des positions clés dans le commerce international.

Cela signifiant qu’ici aussi – la minorité occidentale aura à accepter que sa domination économique a effectivement et globalement pris fin. Et lorsque tous les mécanismes financiers nécessaires seront finalement adoptés et installés – des mécanismes totalement indépendants vis-à-vis des voleurs et des spéculateurs en provenance de l’Occident collectif – un gros point pourra alors être mis de manière irrévocable. D’où bien sûr la rage supplémentaire des spéculateurs parasites du monde occidental, n’ayant aucun lien avec l’économie réelle. Et d’où les raisons supplémentaires qui expliquent pourquoi ce petit monde misérable cherche une escalade maximale sur la scène internationale.

Dans tous les cas – il n’y a pas de retour vers le passé. L’époque où l’humanité était parasitée par une minorité arrogante, hypocrite et criminelle est, à bien des égards, révolue. Il ne reste plus qu’à ajouter quelques touches supplémentaires de multipolarité aux processus économiques mondiaux et point. L’essentiel étant que les règles de jeu seront établies par la majorité mondiale, et personne d’autre.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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