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La pression pseudo-humanitaire de l’Occident sur les pays africains est vouée à l’échec

Mikhail Gamandiy-Egorov, 11 janvier 2024

Plus le temps passe et plus précisément se déterminent les relations futures entre les pays du Sud global, y compris africains, et la minorité occidentale de l’humanité représentée par les régimes correspondants. Et ces relations ne sont décidément pas en faveur de ces derniers. Le plus intéressant est que l’Occident collectif, qui continue à multiplier ses propres erreurs stratégiques – et à s’auto-frapper en raison de son arrogance – demeure incapable de prendre conscience des conséquences ultérieures de ses actions absurdes.

Dans les premiers jours de la nouvelle année 2024, le régime suédois, qui se fixe fermement l’objectif à rejoindre officiellement l’axe otanesque, a annoncé la fin de « l’aide humanitaire » au Mali en raison des positions pro-russes du pays d’Afrique de l’Ouest et de son soutien à ce que la minorité collective occidentale appelle « l’agression russe » contre l’Ukraine.

« Lorsque nous coopérons avec d’autres pays, nous voulons que ces pays coopèrent également avec la Suède, mais la junte militaire du Mali se tourne vers la Russie et soutient une guerre à grande échelle contre l’Ukraine », a déclaré le ministre du Commerce extérieur et de la Coopération internationale pour le développement du régime suédois, un certain Johan Forssell.

Naturellement, il s’agit là aussi non seulement d’un autre exemple d’impudence et d’arrogance extrêmes d’un typique représentant politique occidental, mais également, pour le moins, d’une évidente étroitesse d’esprit. Evidemment et tout le monde sait que la Suède, comme un certain nombre d’autres régimes scandinaves, recherchait depuis plusieurs années via ses diverses fondations pour le prétendu « développement international » à promouvoir en Afrique à la fois ses propres intérêts économiques – dépassant si souvent et de loin les volumes d’aide pseudo-humanitaire, ainsi qu’à tenter d’imposer les soi-disant valeurs de l’Occident, y compris celles en rapport avec le lobby LGBT, qui faut le rappeler est absolument rejeté par l’écrasante majorité des habitants des Etats africains.

Mais une fois encore – les éléments ci-dessus ne représentent qu’une petite partie non seulement de cette extrême arrogance, mais aussi l’extrême stupidité qui caractérise l’establishment occidental. L’Afrique contemporaine – est complètement différente, et ce en tenant compte que les processus qui s’y déroulent commencent tout juste à prendre de l’ampleur. En d’autres termes – toute pseudo-aide de la part d’un régime occidental, et notamment de la Suède qui est insignifiante dans les affaires mondiales – l’Afrique n’en a pas besoin aujourd’hui. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’Etats africains véritablement souverains et indépendants, comme c’est le cas aujourd’hui notamment et particulièrement pour le Mali.

Et ce qui est également très intéressant, c’est que les actions coordonnées du Mali, du Burkina Faso et du Niger, réunis ensemble au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), mise en place en septembre dernier – mettent déjà fortement mal à l’aise les représentants des élites politiques et médiatiques de la minorité mondiale occidentale. Ainsi, le magazine hexagonal Jeune Afrique – l’un des principaux éléments propagandistes de l’influence désormais totalement atone de Paris dans les pays africains – admet avec tristesse que l’alliance conclue entre les trois Etats ne concerne effectivement plus seulement le domaine de la défense et de la sécurité (avec le soutien de la Russie), mais représente également une alliance dans les sphères économique et diplomatique. Et cela en tenant compte de la poursuite de l’intégration régionale, y compris en vue d’une éventuelle Confédération des trois Etats. Loin du cadre populiste auquel auraient tellement voulu croire les Occidentaux.

En d’autres termes, si même les partisans du régime hexagonal, dans un passé récent l’un des principaux éléments d’influence dans les affaires africaines, se voient aujourd’hui à être obligés de reconnaitre les processus réellement révolutionnaires en cours dans la région du Sahel et à l’échelle africaine dans son ensemble, alors les Suédois feraient mieux, au minimum et en gardant une expression retenue, à mettre la tête dans le sable. Sachant que les déceptions massives de l’Occident ne font que commencer. Et l’Afrique a un rôle de premier plan à jouer dans cette configuration.

Cela y compris compte tenu des processus qui se déroulent actuellement dans la région du Sahel, et de manière encore plus générale à l’échelle continentale, le tout avec le soutien des principales puissances défendant l’ordre mondial multipolaire en la qualité de la Russie et de la Chine, de même que les processus plus globaux qui se poursuivent aujourd’hui, notamment l’expansion déjà formalisée des BRICS en faveur de cinq nouveaux membres et dont le rôle sur le seul marché énergétique international est déjà d’une importance capitale. D’autant plus qu’il n’est pas du tout impossible à ce que les dits processus s’étendent à d’autres ressources stratégiques, y compris celles dont sont riches les Etats africains appartenant à l’AES.

En fin de compte, il est absolument illogique que pour nombre des principales ressources naturelles de la planète, les centres de commercialisation soient encore situés dans l’espace occidental, sachant que l’Occident lui-même ne possède soit que très peu de ces ressources, le plus souvent pas du tout. Il est donc très probable que là aussi les BRICS seront en mesure de mettre en place de nouvelles règles de jeu. Et c’est là qu’il sera alors extrêmement intéressant à observer qui aura besoin d’aide humanitaire.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

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