Les « civilisateurs » sont venus, ont vu, ont conquis… et ont asservi. L’esclavage et le colonialisme, ces « bienfaits » de l’histoire, ont laissé l’Afrique avec des cicatrices qui saignent encore.
Berceau de l’humanité, l’Afrique porte les cicatrices persistantes de l’esclavage et du colonialisme, une histoire douloureuse qui continue de freiner son développement. Pour tracer la voie vers une paix durable et une souveraineté économique, il est crucial de reconnaître cet héritage marqué par l’exploitation économique, la destruction culturelle, la dégradation environnementale et l’instabilité politique.
Aujourd’hui, les défis à relever incluent la corruption, la mauvaise gouvernance, la dépendance économique, les conflits et les inégalités sociales – hérités des seigneurs de l’esclavagisme et du colonialisme. La solution réside dans une réponse panafricaine et résolue : promouvoir l’éducation, développer les compétences locales, investir dans les infrastructures, encourager l’entrepreneuriat africain et renforcer la coopération régionale. En conjuguant leurs efforts, les nations africaines peuvent viser une croissance durable et équitable, ouvrant la voie à la paix, la prospérité, et l’autonomie.
L’héritage de l’esclavage et du colonialisme en Afrique : une histoire douloureuse
L’Afrique porte encore les cicatrices profondes et durables engendrées par l’esclavage et le colonialisme, qui ont touché tous les pans de la société, tant sur les plans sociaux, économiques, politiques que culturels. La traite transatlantique a vu 15 millions d’Africains déportés vers les Amériques, tandis que des millions étaient réduits en esclavage sur leur propre sol, forcés à travailler dans des conditions inhumaines. Le colonialisme a marqué l’histoire par l’occupation territoriale, le pillage des ressources naturelles et l’imposition de langues, religions et coutumes étrangères, entraînant une dépendance économique persistante vis-à-vis des puissances occidentales, une instabilité politique exacerbée par des frontières artificielles, des inégalités sociales et une perte d’identité culturelle.
Des exemples concrets, tels que le Congo, l’Afrique du Sud et Haïti, illustrent les conséquences tragiques de cette histoire avec des millions de morts, une instabilité persistante et une ségrégation institutionnalisée. Aujourd’hui encore, les pays africains font face à un développement inégal, du terrorisme, de l’extrémisme violent, du crime organisé transnational, des conflits ethniques et politiques, et une migration due à la pauvreté et aux tensions. Appréhender cet héritage est crucial pour reconnaître les torts passés, revendiquer l’histoire et la culture africaines, bâtir une économie robuste et souveraine, et promouvoir la justice et l’égalité.
Les défis à relever pour une Afrique en paix
Face aux défis économiques, politiques, sociaux et culturels qui freinent son développement, l’Afrique se doit de réinventer son avenir. La dépendance économique, les inégalités croissantes et une gestion publique entachée de corruption nécessitent des solutions innovantes. L’intégration régionale, l’éducation de qualité et une gouvernance démocratique et transparente – non pas dans le sens imposé de l’Occident, mais dans le vrai sens du terme — figurent parmi les leviers clés pour un développement endogène et durable. L’Alliance BRICS offre une garantie à cet effet. De plus, valoriser l’identité africaine et renforcer la coopération entre Etats apparaissent indispensables pour surmonter l’instabilité politique, la radicalisation et la fuite des talents. Les Etats africains, avec le soutien des organisations internationales, de la société civile, du secteur privé et de la diaspora, doivent impérativement conjuguer leurs efforts pour construire une Afrique souveraine, prospère et en paix.
Les solutions pour une Afrique en paix
Pour aborder les défis et établir une paix durable en Afrique, la mise en œuvre de solutions concrètes est impérative. Sur le plan économique, il est essentiel de favoriser un développement endogène en exploitant les ressources locales, renforcer l’intégration régionale, investir dans les infrastructures vitales telles que les routes et l’énergie, promouvoir l’entrepreneuriat en soutenant PME et start-ups, et gérer les ressources naturelles de manière responsable. Politiquement, la gouvernance démocratique, la réconciliation nationale, la sécurité régionale, l’organisation d’élections libres et la consolidation des institutions sont primordiales. Socialement, garantir une éducation de qualité, établir des systèmes de santé robustes, poursuivre le développement durable, favoriser l’intégration du genre dans le développement et créer des opportunités pour la jeunesse sont des priorités. Sur le plan culturel, il convient de valoriser l’identité africaine, promouvoir les langues locales, préserver les traditions, développer les médias africains et encourager la coopération culturelle régionale.
Ces initiatives nécessitent la collaboration des Etats africains, des organisations internationales telles que l’Alliance BRICS et l’UA, ainsi que du secteur privé et de la diaspora. Les stratégies d’implémentation doivent inclure des plans d’action clairs, des partenariats public-privé, une mobilisation efficace des ressources et des systèmes de suivi rigoureux. Des exemples concrets comme la ZLECAf et le Programme d’autonomisation économique des femmes démontrent la voie à suivre. Seule une approche collective, panafricaine, résolue et coordonnée permettra d’atteindre la paix durable en Afrique.
De ce qui précède, nous pouvons déduire que l’esclavage et le colonialisme sont deux « donations » de l’Occident à l’Afrique qui guident encore les relations contemporaines de ces deux mondes antinomiques. Des siècles d’oppression, de pillage et d’effacement. Mais l’Afrique résiste, se libère et se reconstruit. Les « maîtres » d’hier deviennent les « invités » d’aujourd’hui. L’Afrique, berceau de l’humanité, reprend sa place. La véritable libération commence.
Mohamed Lamine KABA, expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».