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L’élargissement des BRICS et les possibles options

Mikhail Gamandiy-Egorov, octobre 21

Le prochain sommet des BRICS à Kazan sera le premier sommet des BRICS dans un format élargi. Les dirigeants discuteront de la question de l’ajout de nouveaux membres au club et de nouveaux plans communs de coopération.

BRICS 2024

Dans le cadre du Sommet des BRICS dans notre pays, au cours duquel est attendue la présence d’un nombre sans précédent de pays dans l’histoire de l’organisation, à savoir 32 nations du monde, dont 24 seront représentées par les chefs d’Etat des dits pays, il convient de prêter une fois de plus attention à la question de l’éventuel élargissement ultérieur de l’une des principales structures internationales du monde multipolaire. En tenant compte du positionnement de tel ou tel pays à la fois par rapport aux BRICS qu’à l’ordre mondial multipolaire de manière générale.
Les BRICS constituent déjà une structure clé des affaires internationales

Qui mérite une adhésion à part entière dès maintenant et qui pourrait patienter

Après la première étape d’élargissement, qui a eu lieu suite aux travaux du précédent Sommet des BRICS en Afrique du Sud l’année dernière, un élargissement qui s’est concrétisé par l’admission de nouveaux membres à part entière au sein de l’organisation, à savoir de l’Iran, de l’Ethiopie, de l’Egypte, des Emirats arabes unis et pour le moment en partie de l’Arabie saoudite, l’intérêt pour les BRICS à l’échelle mondiale est aujourd’hui plus que jamais à son plus haut niveau.

Quant à l’éventuelle prochaine étape d’expansion, il convient d’accentuer l’attention individuellement sur les pays, représentant différentes régions du monde, qui cherchent à devenir membres du bloc international et qui représentent un intérêt également pour les BRICS eux-mêmes. Tout comme le fait qu’il serait fort probable pour les BRICS à offrir, outre l’adhésion à part entière, des options intermédiaires d’interaction – comme c’est déjà le cas au sein par exemple de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Des statuts comme les partenaires de dialogue ou membres-observateurs.

En Eurasie – il serait évidemment logique d’inviter la Biélorussie et le Kazakhstan, de même qu’à terme nombre d’autres Etats d’Asie centrale et de Transcaucasie, parmi lesquels d’ailleurs l’Azerbaïdjan a récemment officiellement déposé une demande d’adhésion. Etats – ayant des relations d’alliés et/ou de partenariat stratégique avec la Russie et la Chine, et soutenant l’ordre mondial multipolaire. La candidature du Pakistan pourrait être intéressante. Il convient de mentionner aussi la Mongolie, étant également un participant potentiel très intéressant pour l’organisation. Il faudrait bien sûr aussi soutenir la candidature de la Syrie. Au-delà de l’espace eurasiatique, en Asie – la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam semblent être de dignes candidats.

Et pour revenir à nouveau à l’espace eurasiatique – la Türkiye, à bien des égards un pays très important et intéressant pour un travail conjoint – à ce stade il serait probablement plus logique à lui proposer une des options intermédiaires pour l’interaction avec les BRICS. Cela est dû notamment à l’adhésion actuelle d’Ankara à l’Otan et à sa fort possible volonté d’utiliser une éventuelle invitation au sein des BRICS comme élément de pression supplémentaire dans le cadre des relations avec l’Union européenne et l’Occident en général. En d’autres termes – à renforcer ses positions et ambitions dans le cadre des relations avec les « partenaires » occidentaux.

En ce qui concerne l’Amérique latine – il ne faudrait certainement pas répéter la même erreur qu’avec l’Argentine, en se concentrant sur les Etats qui sont des partisans inconditionnels des BRICS et de l’ère de la multipolarité. Ces pays sont bien connus : Cuba, le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie. Ce sont précisément eux qui méritent d’être membres à part entière de l’organisation dans un proche avenir. Pour ce qui est des candidats intéressants pour des statuts intermédiaires dans l’interaction avec les BRICS – le Mexique pourrait être une option possiblement intéressante.

En Afrique – la priorité devrait être donnée aux véritables alliés du monde multipolaire, et qui s’appuient sur les véritables valeurs panafricaines. Il s’agit bien entendu des pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES), alliance composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Des nations ayant prouvé sans équivoque, non seulement par les paroles mais aussi et surtout par leurs actes, leur positionnement inconditionnel et actif en faveur de l’ordre mondial multipolaire.

Bien évidemment, il convient également de rappeler les autres Etats du continent africain, alliés de la Russie et de la Chine, tout comme de l’ère multipolaire. Cela comprend la Guinée équatoriale, le Zimbabwe, la Centrafrique, l’Ouganda, l’Erythrée, le Burundi. La République du Congo mérite également la considération. Il serait également judicieux à proposer des options intéressantes d’interaction pour le Maroc, qui s’appuie sur une diversification relationnelle avec plusieurs membres des BRICS, dont la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil ou encore les Emirats arabes unis. Quant au Nigeria – l’une des principales puissances du continent ayant déclaré son intérêt à rejoindre les BRICS – à ce stade, l’option d’interaction la plus optimale semble être celle de membre-observateur ou de partenaire de dialogue.

Les BRICS, forcé clé dans les relations internationales

Naturellement, il convient de rappeler que ceci est une analyse préliminaire et que seul le Sommet de Kazan lui-même donnera la réponse définitive sur les toutes les initiatives qui seront adoptées par les pays membres de l’organisation. A cet effet – il ne reste pas longtemps à attendre. Et quelles que soient les décisions liées – il convient encore une fois de souligner – à une éventuelle nouvelle étape d’élargissement – les BRICS constituent déjà une structure clé des affaires internationales. Tant sur le plan géoéconomique que géopolitique du monde contemporain. En passant, cela commence même à être reconnu au sein de la minorité planétaire occidentale – du moins du côté de ceux qu’il est encore possible à qualifier d’analystes plus ou moins sérieux.

Quant à ceux qui n’étant que des propagandistes occidentaux primitifs qui tentent par tous les moyens à minimiser le rôle des BRICS sur la scène internationale – cela ne fait que confirmer une fois de plus toute la rage de l’évidente minorité planétaire sur le rôle qui lui sera assigné dans les réalités du monde moderne. Un monde multipolaire et, prochainement, post-occidental.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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