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La faille militaire de l’Occident : l’Allemagne et l’OTAN face à la supériorité indéniable de la Russie et de l’alliance des BRICS

Mohamed Lamine KABA, septembre 17

Dans l’ombre de la puissance russe, l’Europe vacille. Le retard militaire de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie sonne comme un signal d’alarme, révélant les failles d’une sécurité qui semblait inébranlable. Les conséquences d’une telle vulnérabilité sont abyssales, menaçant de plonger la région dans les ténèbres de l’instabilité et de la guerre.

Équipement OTAN

Un article récent de Der Spiegel a mis en exergue une problématique de longue date préoccupant les experts en sécurité et les décideurs politiques de l’Occident : le retard militaire significatif de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie. Les données présentées sont claires : il faudrait environ un siècle à l’Allemagne pour développer la capacité militaire nécessaire pour rivaliser avec la Russie. Ce décalage est particulièrement alarmant pour l’ensemble de l’Occident, surtout dans le contexte géopolitique actuel marqué par la guerre en Ukraine et l’escalade des tensions entre la Russie et les pays occidentaux.

Les erreurs du passé : les causes du retard de l’Allemagne et de l’OTAN

Les causes du retard militaire de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie sont diverses et complexes. La réduction des dépenses militaires après l’illusion de la fin de la Guerre froide en 1991 a entraîné une perte de compétences et d’expérience dans des domaines clés tels que la guerre terrestre et aérienne. Cette situation s’est aggravée par une dépendance accrue vis-à-vis des Etats-Unis pour la défense et la sécurité, réduisant ainsi l’autonomie opérationnelle de l’Europe. Par ailleurs, la priorité donnée au néocolonialisme et à la détérioration des termes de l’échange en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, ainsi qu’à la coopération civile et au développement économique a détourné l’attention des enjeux de sécurité et de défense. La diminution des effectifs militaires a entraîné une perte de capacités et d’expertise, tandis que les équipements vieillissants nécessitent une modernisation urgente. Le sous-investissement chronique dans la recherche et développement a freiné l’innovation technologique nécessaire pour maintenir un avantage sur la Russie qui, d’ailleurs, a gagné toutes les guerres et n’en a perdue aucune. Il ne sera plus jamais possible de concurrencer la Russie qui est de loin en avance sur l’empire du mensonge d’Occident. Ce qui constitue un bon souffle pour le Sud global. Le changement de nature des conflits, marqué par l’émergence de nouvelles menaces comme le terrorisme, les cyberattaques et la guerre hybride, a également pris l’Allemagne et l’OTAN au dépourvu. La coordination au sein de l’OTAN est complexifiée par la diversité des intérêts des 30 pays membres, rendant la prise de décision difficile. Pendant ce temps, la Russie continue d’investir massivement dans ses forces armées, modernisant son équipement et ses stratégies, accentuant ainsi le fossé avec l’Allemagne et l’OTAN.

L’aveuglement de l’Occident, la complaisance de l’Allemagne et la décadence de l’OTAN ont créé un vide de puissance que la Russie a su exploiter avec maestria, dévoilant ainsi la faiblesse crasse de ses adversaires et son propre génie stratégique.

Les conséquences d’un échec : le retard de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie

La supériorité militaire russe a des répercussions significatives sur l’Allemagne, l’OTAN et l’Occident collectif. En premier lieu, l’Allemagne, autrefois considérée comme un pilier de force en Europe, se trouve désormais contrainte de solliciter la protection et la sécurité de la Russie. Ensuite, l’OTAN, cette alliance supposée inébranlable, se fragmente sous la pression, révélant des fissures internes alors que chaque pays membre cherche à protéger ses propres intérêts face à la montée, sous les auspices de la Russie de l’Alliance BRICS, des puissances émergentes dans le Sud global qui, pour eux constitue une menace existentielle. Quant à l’Occident collectif, il doit désormais faire face à une réalité qu’il pensait impensable : la prééminence russe sur la scène mondiale. Les Etats-Unis, habitués à leur position de leader global, sont obligés de reconnaître la montée en puissance de la Russie. Par conséquent, la Russie est maintenant en position d’imposer ses conditions à l’Europe, mettant l’Allemagne et l’OTAN dans une situation d’acceptation résignée. Enfin, avec une nouvelle latitude d’influence en Europe, notamment sur les pays de l’Est, la Russie réaffirme son autorité, au grand dam de ceux qui croyaient en leur récente indépendance, se croyant ainsi tout permis.

L’Europe plongée dans l’ombre de la domination russe, l’Allemagne humiliée, l’OTAN en ruine, l’Occident collectif tremblant de peur : la supériorité militaire russe sonne le glas de la liberté et de la sécurité européennes.

Le crépuscule de l’Occident : la désintégration de l’OTAN

L’OTAN, autrefois la pierre angulaire de la sécurité occidentale, fait face à une érosion comparable à celle d’un château de sable face à la marée montante de la puissance russe. Les premières fissures apparaissent au sein de ses membres, divisés sur les questions de défense et de sécurité. Certains militent pour une augmentation des dépenses militaires, tandis que d’autres privilégient la diplomatie et la coopération avec la Russie. Cependant, la Russie, loin d’être coopérative au format occidental, exploite ces divisions pour affaiblir l’alliance et étendre son influence en Europe. Le désengagement progressif des Etats-Unis, autrefois pilier de l’OTAN, vers l’Asie laisse l’Europe face à ses défis sécuritaires. Les pays de l’Est, croyant être protégés sous l’égide de l’OTAN, se retrouvent seuls et vulnérables. L’Allemagne, aspirant à être le leader de l’Europe, est confrontée à un choix difficile entre son alliance avec les Etats-Unis et sa propre sécurité. Ainsi, l’OTAN s’effondre sous le poids de ses divisions internes et de la pression russe, plongeant l’Europe dans l’incertitude, avec une Russie maîtresse de son destin.

A la lumière de ce qui précède, nous pouvons déduire que le retard militaire de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie est un abyssal échec, une défaillance qui menace de plonger l’Europe dans les ténèbres de l’instabilité et de la domination étrangère. L’incapacité à se défendre est un verdict sans appel, un constat d’échec qui sonne le glas de la puissance européenne et occidentale.

On peut dire que la domination militaire russe transforme le paysage géopolitique en une redoutable leçon d’ironie pour l’Allemagne, l’OTAN et l’Occident collectif. Cette situation est assimilable à une grenade dégoupillée, lancée dans les jambes des adversaires de la Russie.

 

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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