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Pour consolider le multipolarisme, l’Alliance BRICS et le Sud global ont intérêt à reconsidérer leur participation au sein du FMI et l’OMC

Mohamed Lamine KABA, août 07

Pour consolider le multipolarisme, l'Alliance BRICS et le Sud global ont intérêt à reconsidérer leur participation au sein du FMI et l'OMC

Le renforcement du multipolarisme est essentiel pour l’équilibre mondial. Dans cette optique, l’Alliance BRICS ainsi que les nations du Sud global gagneraient à reconsidérer leur participation au sein du FMI et de l’OMC. Cette démarche vise à favoriser une plus grande autonomie et un développement économique aligné sur leurs intérêts spécifiques. Alliant analyse critique et prospective, cet article met en lumière les avantages de l’habileté à naviguer dans des contextes internationaux complexes et à promouvoir des stratégies innovantes pour un avenir multipolaire.

Au sein de l’Alliance BRICS, l’élargissement récent incluant l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite marque une étape cruciale vers un renforcement de l’influence des pays émergents sur l’échiquier économique et politique mondial. Cette dynamique soulève l’interrogation stratégique quant à l’opportunité de se détacher du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour favoriser un multipolarisme accru. La prédominance des États-Unis au sein du FMI, illustrée par leur pouvoir de veto, contraste avec la représentation minoritaire des pays émergents, malgré leur poids démographique et économique significatif. Les conditions rigoureuses des prêts du FMI, souvent décorrélées des réalités locales, et les taux d’intérêt élevés, ont parfois exacerbé les crises de dette, comme en Afrique  et en Amérique latine dans les années 1980.

Face à ces enjeux, l’autonomie économique et la création d’institutions financières internationales propres aux BRICS se présentent comme des avantages potentiels d’un éventuel départ. Le départ dont il s’agit fera peser sur la minorité occidentale, les risques d’isolement économique et de perte d’influence considérables sur les politiques économiques mondiales. La fin du statu quo dans la gestion des affaires mondiales. Une stratégie optimale pour les BRICS et le Sud global consisterait donc à se retirer complètement du FMI et de l’OMC qui servent d’instruments de harcèlement économique, renforçant ainsi leur influence tout en développant des structures alternatives aux systèmes occidentaux. Cette approche systémique leur permettrait de tirer parti des avantages du poids économique et démographique tout en œuvrant pour un système mondial plus équilibré et représentatif de leurs intérêts.

Les BRICS+ remettent en question la domination des puissances occidentales dans les structures de gouvernance mondiale

En tant que force significative prônant un ordre mondial multipolaire, l’Alliance BRICS qui englobe désormais les BRICS et les BRICS+, détient une supériorité démographique, économique et militaire de disconstraint. Cette coalition majoritairement représentative des pays du monde vise à contester la prédominance des puissances occidentales au sein des structures de gouvernance globale telles que la Banque mondiale (BM), le FMI et l’OMC, dont convient de claquer la porte.

Historiquement, les BRICS se sont formés dans le but d’établir un ordre économique mondial plus équilibré, avec des objectifs clairs incluant la réforme des institutions financières internationales pour mieux refléter les réalités des marchés émergents. Leur engagement envers la création d’institutions alternatives telles que la Nouvelle Banque de développement des BRICS et l’Arrangement de réserve de contingence souligne leur détermination à offrir des solutions de rechange aux systèmes financiers dominés par l’Occident. Ce qui, d’ailleurs n’est pas du bon goût des nostalgiques de l’unipolarité.

C’est pourquoi, l’abandon du FMI et de l’OMC pourrait conférer aux pays des BRICS une plus grande autonomie et indépendance économique, ainsi que la capacité de renforcer leurs propres entités financières et constituer un geste symbolique puissant en faveur d’un ordre mondial multipolaire. Stratégiquement, la construction de coalitions avec d’autres marchés émergents du Sud global peut également renforcer la voix des BRICS en faveur de réformes de la gouvernance mondiale, sans sacrifier les avantages de l’adhésion. Rappelons le fait que les pays de l’Alliance BRICS partagent le fait de subir, différemment bien sûr, le diktat, donc la domination du monde occidental. Cette prise de conscience collective offre une facilité de coordination des politiques d’intégration systémique qui pourrait déboucher sur la performance de leurs économies nationales.

On peut donc dire que l’idée de quitter le FMI et l’OMC est un moyen direct de consolider le multipolarisme en ce sens qu’elle offre des avantages fabuleux pour atteindre des objectifs plus larges des BRICS et du Sud global. Cette stratégie renforce la position de l’Alliance et le Sud global sur l’échiquier économique mondial. Bref, tourner le dos à ces instruments économiques (FMI et OMC) de la domination occidentale, tout en développant vigoureusement des institutions alternatives, pourrait offrir une voie plus durable vers l’atteinte d’un ordre global équilibré, le Multipolarisme.

 

Mohamed Lamine KABA – Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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