Depuis sept mois, Israël continue d’exterminer délibérément les Palestiniens dans la bande de Gaza – le nombre total de tués et de blessés, y compris ceux qui sont encore sous les décombres des maisons, approche les 130 mille. Le Premier ministre Netanyahou poursuit ce massacre avec la bénédiction de Washington, même si, en apparence, les Américains prétendent faire pression sur les autorités israéliennes afin d’aider les civils palestiniens.
En fait, les Américains ont bloqué le travail du Conseil de sécurité, utilisant leur droit de veto pour rejeter toutes les résolutions sur un cessez-le-feu immédiat laissant ainsi à Israël les « mains libres » pour poursuivre le massacre des Palestiniens.
Quoi que disent les responsables américains sur les nombreuses tentatives visant à persuader Israël de limiter ses activités militaires, Washington a en fait continué à fournir de nouvelles armes au gouvernement Netanyahou sans délai et a adopté une loi au Congrès pour allouer une aide supplémentaire à Tel-Aviv d’un montant de 26 milliards de dollars.
Tout cela s’est accompagné de déclarations sur la volonté de Washington de créer un nouveau pacte militaire au Moyen-Orient comme solution à long terme aux problèmes qui y existent.
Selon la presse américaine, les négociations entre Washington et Riyad se sont récemment accélérées pour créer un pacte qui apporterait au royaume des garanties de sécurité et ouvrirait la voie éventuelle à des relations diplomatiques avec Israël si son gouvernement mettait fin à la guerre à Gaza. La presse américaine écrit qu’un accord pourrait être conclu dans les semaines qui viennent.
Dans le même temps, les États-Unis promettent de permettre au plus grand exportateur mondial de pétrole d’accéder aux armes américaines modernes, ce qui était auparavant interdit. En échange, le gouvernement saoudien devrait limiter l’utilisation des technologies chinoises dans les réseaux les plus sensibles du pays en acceptant des investissements américains majeurs dans l’intelligence artificielle et l’informatique quantique, et recevant une aide américaine pour développer un programme nucléaire civil. On note que les États-Unis et l’Arabie Saoudite offriraient à Israël une série d’incitations économiques et diplomatiques s’il renonçait à son projet d’invasion de Rafah, la ville du sud de Gaza où plus d’un million de Palestiniens ont trouvé refuge, et mettait rapidement fin à sa guerre avec le Hamas. Il est supposé qu’Israël devrait promettre de soutenir la solution à deux États.
Si au début il était prévu de parvenir à un accord tripartite américano-israélien-saoudien, maintenant à Washington, on dit que les États-Unis et le Royaume saoudien doivent d’abord se mettre d’accord et ensuite inviter Israël à les rejoindre : s’ils étaient d’accord, Netanyahou devrait mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza et décider de créer un État palestinien, ce à quoi son cabinet s’oppose.
Tous ces arguments font davantage penser à des vœux pieux, d’autant plus que Netanyahou a prévenu qu’il ordonnait l’invasion de Rafah quoi qu’il arrive. Et l’un des ministres d’extrême droite de son gouvernement, Bezalel Smotrich, a même appelé à « la destruction totale de Rafah et des autres villes ».
Selon la presse turque, ce scénario est peu probable, bien que les Américains exercent une pression sans précédent sur les capitales arabes, les obligeant à soutenir le projet qu’ils promeuvent. Dans le même temps, les États occidentaux menacent directement les gouvernements arabes : en raison de cette dépendance, aucun gouvernement arabe n’ose élever la voix pour imposer des sanctions contre Israël.
Le deuxième plus grand État d’Amérique Latine, la Colombie (50 millions d’habitants), vient d’annoncer la rupture des relations diplomatiques avec Israël et l’arrêt des achats de matériel militaire auprès de cet État. Cette décision est un reproche silencieux aux États arabes qui, sous la forte pression des États-Unis, non seulement n’ont pas rompu leurs relations avec Israël, mais n’ont même pas exigé le départ des ambassadeurs israéliens.
Washington défie en fait la majorité de l’humanité qui considère à juste titre Israël comme le coupable de la guerre au Moyen-Orient. Cependant, les États-Unis, contrairement à l’opinion publique, manœuvrent par tous les moyens pour tenter de rejeter la faute sur les Arabes. Le secrétaire d’État Blinken a atteint le comble du cynisme affirmant que le Hamas « est le seul obstacle à un cessez-le-feu à Gaza ».
De plus, selon le Washington Post, les Américains ont exigé que l’État du Qatar expulse les dirigeants du Hamas de leur territoire s’ils n’acceptent pas les conditions israéliennes.
Entre-temps, les populations arabes réagissent violemment et durement : dans de nombreux pays, McDonald’s et d’autres établissements américains sont boycottés ; les manifestations contre les actions agressives israéliennes se poursuivent. D’une certaine manière, elles font écho aux actions des étudiants des grandes universités américaines qui organisent depuis plusieurs jours consécutifs des manifestations en faveur de la Palestine (d’ailleurs, le nombre d’étudiants arrêtés dans différents États d’Amérique approche les 2 mille, et leur mouvement prend de l’ampleur).
Chaque jour apporte des rapports faisant état de Palestiniens morts et blessés, et l’opinion publique mondiale réagit de plus en plus vivement à cette tragédie. C’est pour cela que de nombreux journaux arabes estiment que les projets des États-Unis au Moyen-Orient ne se réaliseront pas.
Vladimir Mashin, candidat en histoire, commentateur politique, spécialement pour la revue en ligne « New Eastern Outlook ».