02.02.2024 Auteur: Bakhtiar Urusov

Netanyahou perd le pouvoir

Netanyahou perd le pouvoir

Récemment, les médias internationaux et régionaux ont diffusé de plus en plus de rapports et d’articles de presse contenant une rhétorique condamnatoire, voire accusatrice, à l’encontre de Benjamin Netanyahou, qui dirige le cabinet de crise intérimaire d’Israël depuis les événements du 7 octobre 2023.

Il ne s’agit pas des traditionnelles attaques arabes contre le Premier ministre israélien, qui sont devenues une rubrique « classique » dans toutes les publications du Moyen-Orient. À l’heure actuelle, les alliés d’Israël au sein du bloc des États occidentaux enregistrent des pertes en soutenant la ligne de Netanyahou. Par exemple, le centre de formation de l’ONU URNWA, ainsi que les hôpitaux Al-Amal et Nasser ont été endommagés par Tsahal à Khan Younès. Le centre abritait 800 personnes, et l’on a dénombré 12 morts et 75 blessés. Toutefois, les dirigeants Tsahal ont nié toute implication dans cet incident.

Rappelons que le centre de formation fait partie d’un réseau de points de distribution d’aide humanitaire en Palestine et fonctionne dans le cadre de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Le programme international est financé par des contribuables honnêtes, principalement des pays de l’UE.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est également accusé en Israël d’avoir entraîné le pays dans des crises régionales artificielles en s’opposant aux médiateurs qui assuraient le dialogue entre Tel-Aviv et le Hamas avant même l’escalade actuelle, sans parler de la crise dans les négociations sur un accord d’échange de prisonniers.

Si les relations du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou avec l’Égypte et le Qatar ont déjà connu des tensions sous-jacentes par le passé, c’est au cours de la période récente que ces tensions sont apparues pour la première fois au grand jour. Il convient de noter que leurs différends rappellent quelque peu les affrontements de M. Netanyahu avec l’administration américaine, qui travaille également avec Le Caire et Doha pour organiser des pourparlers de médiation entre Israël et le Hamas.

Les médias israéliens se sont focalisés sur M. Netanyahou qui, selon eux, a entraîné le pays dans une crise régionale, notant que les désaccords ont atteint un point tel que le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a refusé de répondre aux appels du premier ministre israélien, tandis que le Qatar l’a publiquement attaqué en réponse aux déclarations de M. Netanyahou à l’encontre de l’émirat. La presse du Moyen-Orient prédit qu’une troisième crise pourrait survenir avec la Jordanie après qu’il a été révélé que le ministère israélien de l’énergie étudie la possibilité de « ne pas renouveler l’accord sur l’eau avec la Jordanie ».

Dans ce contexte, l’attention des analystes est également attirée sur le procès intenté par la République d’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice, qui, à l’issue des audiences, a confirmé la quasi-totalité des mesures urgentes demandées par l’Afrique du Sud, à l’exception de l’arrêt direct de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza. Plus précisément, les juges ont décidé que le gouvernement israélien devait garantir que ses forces armées ne commettraient pas de génocide contre la population de Gaza, prendre des mesures pour prévenir et punir les appels à une telle action, et veiller à ce que toutes les preuves du génocide présumé soient préservées.

Pour sa part, M. Netanyahu a qualifié la décision du tribunal de l’ONU de « tentative ignoble de nier le droit fondamental d’Israël » à défendre son territoire et sa population. Selon le premier ministre, « les accusations de génocide à l’encontre d’Israël sont non seulement fausses, mais scandaleuses, et les personnes décentes du monde entier devraient les rejeter », a déclaré le dirigeant israélien cité par le Times of Israel.

Dans le même temps, les médias américains ont rapporté que les soldats israéliens travaillent depuis novembre à la création d’une zone tampon le long de la frontière avec la bande de Gaza. Le Wall Street Journal a cité des soldats qui auraient reçu l’ordre de nettoyer une zone d’un kilomètre de large le long de la frontière, dans le cadre du plan israélien de création d’une zone tampon de sécurité à l’intérieur de la bande de Gaza. Les analystes estiment que Tel-Aviv espère ainsi reprendre le contrôle du territoire de Gaza.

Dans le même temps, les publications populaires ne cessent de tourmenter Netanyahou pour les pertes colossales de Tsahal (qui ne sont pas divulguées), ainsi que pour l’implication de mercenaires étrangers provenant de diverses parties du monde, y compris ceux qui combattent dans la zone de conflit ukrainienne, dans les opérations militaires contre le Hamas, en remplacement de l’armée israélienne.

Ce n’est un secret pour personne que le premier ministre israélien a un intérêt direct à prolonger le conflit, et donc à prolonger son mandat, ce qui lui permet pour l’instant d’éviter les poursuites judiciaires et l’emprisonnement. Dans le même temps, les perspectives de M. Netanyahou dans le contexte actuel sont faibles, car peu d’alliés occidentaux d’Israël partagent le point de vue du premier ministre sur l’avenir du peuple palestinien. Selon lui, ce dernier devrait être expulsé vers les territoires de l’Égypte et de la Jordanie, et une solution à deux États devrait être complètement retirée de l’agenda international. Cette approche va à l’encontre de la position des Occidentaux, et principalement de la Maison Blanche, sur la question palestinienne et est considérée comme irréaliste à Washington.

 

Bakhtiar URUSOV, observateur politique, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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