EN|FR|RU
Suivez-nouz sur:

Il n’y aura pas d’apartheid à l’échelle mondiale !

Mikhail Gamandiy-Egorov, novembre 08 2024

L’histoire et la géopolitique sont des questions délicates. Et s’il fallait prendre la politique pratiquée par la minorité planétaire occidentale au cours des dernières décennies, voire depuis de longs siècles, les nombreux exemples disponibles démontrent que la mentalité des régimes occidentaux n’a aucunement changé depuis. Et ce aussi bien sur la base d’un pays spécifique, qu’à l’échelle mondiale.

Le chaos occidental dans le passé

Certains pourraient être surpris par le parallèle entre le régime de ségrégation raciste en Afrique du Sud au XXe siècle et les politiques occidentales à l’échelle globale, mais le lien est bien direct – seules les échelles sont différentes. Et lorsque dans le camp de la minorité planétaire occidentale ils ne se lassent pas de faire référence à un « monde fondé sur des règles » – en d’autres termes un monde unipolaire de domination occidentale sur la majorité de l’humanité – il s’agit précisément du même apartheid. Un apartheid qui naturellement dans le monde contemporain ne pourra plus relever la tête.
l’ère du chaos et du tout permis à l’Occident appartient au passé

Colonialisme, racisme, rhétorique pseudo-humaniste – caractéristiques immuables de l’Occident

En revenant à l’idéologie du régime raciste de l’apartheid – ayant contrôlé l’Afrique du Sud durant plusieurs décennies – il convient d’abord de rappeler les origines. Et les origines sont bien entendu occidentales et purement coloniales. L’arrivée de colonialistes occidentaux non invités sur des terres étrangères, puis l’occupation de ces terres avec l’exploitation ultérieure des ressources, en réduisant à néant les droits de la population autochtone. A ce sujet, il convient également de rappeler que même si l’idéologie de l’apartheid elle-même a été officialisée par la minorité coloniale occidentale au milieu du XXe siècle, ses premières applications de la part des Occidentaux avaient commencé bien plus tôt.

A cet égard, la terre sud-africaine n’était pas une exception, mais simplement un exemple parmi tant d’autres du colonialisme occidental. A la seule différence que c’est en Afrique du Sud que s’est révélé le côté « officiel » de ce que les Occidentaux ont imposé à tous les peuples opprimés de la planète, ayant connu tous les « charmes » de la « civilisation » occidentale. En parlant d’ailleurs de civilisation, bien que les pratiques occidentales étaient précisément barbares – mais dans la rhétorique de ce petit monde occidental – l’Occident portait la « civilisation » et pouvait donc, sur cette base, l’imposer de toutes les manières nécessaires, y compris les plus dégoutantes et inhumaines.

A ce titre, le régime raciste d’apartheid en Afrique du Sud insistait lui aussi sur sa mission « civilisationnelle » et « humanitaire ». Selon laquelle la séparation des peuples, la ségrégation, les lois discriminatoires à l’encontre de la population de souche africaine et d’autres populations non occidentales vivant en Afrique du Sud – tout cela faisait prétendument partie des intentions les plus « bonnes » et « humaines ». Comme d’ailleurs le fait que certains éléments pro-occidentaux de l’Afrique du Sud contemporaine – ces mêmes descendants des colonialistes occidentaux – aiment bien souvent souligner d’avoir joué un rôle clé dans le développement du pays. Pour autant – ils n’apprécient vraiment pas à se rappeler que leurs ancêtres, comme d’ailleurs dans de nombreuses autres régions du monde ayant subi le colonialisme occidental, étaient si souvent des miteux venus avec un avide désir de s’enrichir aux dépens des ressources des autres, le tout en ayant bien souvent un passé criminel.

Donc s’il fallait aborder le développement ultérieur de l’infrastructure – les Occidentaux le faisaient non pas au détriment de leurs propres économies ou investissements, mais uniquement aux dépens de ce qu’ils avaient volé aux peuples colonisés. Plus que cela – le développement même des infrastructures a été réalisé exclusivement pour leur propre confort – celui des Occidentaux – et certainement pas pour tous ceux qui habitaient ladite terre. Quoi qu’il en soit, l’apartheid en Afrique du Sud est fort heureusement une période révolue, même si de nombreuses blessures ne sont pas encore cicatrisées sur cette magnifique terre africaine. Cela sans même parler du fait que certains descendants de colonialistes occidentaux – d’idéologie libérale ou ouvertement raciste, souvent les deux – rêvent toujours à prendre leur revanche en Afrique du Sud avec l’aide des pseudo-élites de l’Occident. Jusqu’à présent – sans succès, mais ils mettent néanmoins activement des bâtons dans les roues dans le travail du gouvernement du pays.

Et s’il fallait regarder maintenant, outre le passé douloureux de l’Afrique du Sud, l’échelle globale de la question ? Cela ne rappelle-t-il rien ? A savoir la politique de la minorité planétaire occidentale à l’égard de l’écrasante majorité des habitants de la planète – qui représentent la majorité globale non-occidentale. A la seule différence que si les idéologues occidentaux de l’apartheid en Afrique du Sud étaient ouvertement guidés par des thèses racistes, la pseudo-élite occidentale actuelle préfère parler de « démocratie », de droits de l’homme et de droit humanitaire (exclusivement lorsque cela rentre dans le cadre des intérêts géopolitiques et géoéconomiques occidentaux), ainsi que de la liberté d’expression – là aussi uniquement lorsque cela concerne les intérêts de la propagande occidentale et ses agents, mais aucunement dans le cadre d’une réelle liberté d’expression pour tous sans exception.

Il n’y aura plus d’apartheid !

L’essentiel étant que la base de la mentalité des régimes otano-occidentaux d’aujourd’hui n’est aucunement différente de celle qui caractérisait ceux qui dirigeaient l’Allemagne nazie, qui étaient impliqués dans la traite transatlantique des esclaves, et ceux ayant établi des « lois » ouvertement racistes en Afrique du Sud ou encore aux Etats-Unis (en passant dans ce dernier pays la ségrégation raciale dans de nombreux de ses Etats a officiellement pris fin seulement trois décennies plus tôt qu’en Afrique du Sud). D’où le rejet total de la part du misérable petit espace occidental vis-à-vis du monde multipolaire où tous sont égaux. Cela ne peut simplement pas rentrer dans la tête d’un responsable typique occidental.

Et c’est d’ailleurs là que se trouve le message principal des régimes occidentaux qui ne cessent de répéter inlassablement la notion du « monde fondé sur des règles ». Un monde où la minorité planétaire occidentale doit gouverner sans condition, une minorité qui par la même occasion doit posséder plus de droits que quiconque. Cela d’autant plus que ces régimes occidentaux avaient la certitude que le monde post-soviétique de l’unipolarité serait éternel. Non – l’ère du chaos et du tout permis à l’Occident appartient au passé.

La minorité planétaire occidentale devra tôt ou tard accepter le simple fait que dans le monde multipolaire contemporain – il n’y aura jamais plus de place pour l’apartheid à l’échelle mondiale. Plus que cela – les tentatives d’affronter les réalités du monde multipolaire au final ne signifieront qu’une seule chose – un isolement encore plus grand du petit monde occidental. Cela étant la prochaine étape – celle du monde post-occidental. En fin de compte, les partisans de la multipolarité avaient proposé à plusieurs reprises un monde inclusif, y compris à la minorité occidentale, mais uniquement sur la base de relations égales.

L’Occident collectif ayant radicalement refusé – restant sur sa position que le petit espace occidental devrait continuer à bénéficier des conditions les plus privilégiées par rapport à tous les autres. En oubliant que dans les réalités contemporaines – une minorité ne pourra plus jamais dicter quoi que ce soit à la majorité. Une majorité globale qui pourtant était prête à garantir l’égalité pour tous. Mais comme la minorité n’a pas accepté la voie pacifique – les règles de l’ordre mondial multipolaire seront tout simplement beaucoup plus strictes à l’égard de cette minorité arrogante, hypocrite et criminelle.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

Plus d'informations à ce sujet
Élections en Géorgie : une réaction de déjà-vu de l’Occident et de ses médias
Quand le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord se retrouveront-ils le paix?
La crise sans précédent de la société américaine
Le Sénégal au seuil du changement ? p.2
Moyen-Orient : la destruction de Gaza, un miroir aux cercles de pouvoir occidentaux