A l’approche du Sommet des BRICS à Kazan et à l’heure où l’intérêt pour l’une des principales structures internationales de l’ordre mondial multipolaire ne cesse de croître – il convient d’aborder l’interaction commune, voire d’intégration, de nouveaux pays africains dans l’alliance. Tout en gardant à l’esprit qui devrait être une priorité.
Les valeurs panafricaines et les BRICS
A l’heure d’aujourd’hui, trois Etats africains sont déjà membres officiels et à part entière du bloc des BRICS : l’Afrique du Sud (depuis 2011), l’Ethiopie et l’Egypte (depuis 2024). De manière générale, les BRICS entretiennent des relations privilégiées à caractère stratégique avec le continent africain et les Etats du Sud global. Et indépendamment du fait si une nouvelle étape d’élargissement des BRICS sera annoncée cette année en Russie, d’autant plus que les modalités d’interaction entre l’organisation et les pays candidats peuvent être variées, à l’instar de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) avec les statuts d’Etats-partenaires de dialogue ou d’observateurs, l’essentiel étant que le renforcement de l’alliance entre les BRICS et les pays du Sud global continuera à aller de l’avant. Et bien sûr avec les Etats africains aussi.
En même temps, aujourd’hui et plus que jamais, un point extrêmement important doit être pris en compte. La poursuite de l’expansion des BRICS devra se faire qu’avec les pays qui partagent pleinement l’agenda de l’organisation, y compris dans le cadre du soutien au monde multipolaire. Cela est d’ailleurs peut-être même le point clé. En fin de compte, il ne sert à rien de répéter l’erreur du passé, lorsque parmi les candidats à l’adhésion aux BRICS parmi les Etats d’Amérique latine, l’Argentine avait été invitée, mais où s’en est suivi un changement de gouvernement et un président clownesque pro-occidental avait pris le pouvoir. Bien sûr, le Brésil avait alors un intérêt particulier à l’adhésion de l’Argentine et à cette période c’était parfaitement justifié, mais étant donné l’instabilité du système politique argentin, il est évident que de telles erreurs ne doivent plus se reproduire. D’autant plus qu’en Amérique latine, il y a des candidats absolument dignes, comme Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie.
En ce qui concerne l’Afrique, il convient aujourd’hui évidemment en premier lieu à donner la priorité aux Etats qui mènent leurs politiques et leurs voies de développement en pleine conformité avec les valeurs panafricaines et qui sont des alliés inconditionnels de l’ordre mondial multipolaire. Il existe aujourd’hui un nombre important de ces pays sur le continent africain, et cela s’applique particulièrement bien sûr aux pays membres de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES), constituée du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
L’AES – un allié fiable du monde multipolaire
En effet, ces Etats de la région sahélienne ont déjà prouvé, non seulement en paroles, mais aussi et surtout à travers les actes, qu’ils sont des alliés fiables et dignes des puissances qui défendent et promeuvent l’ordre mondial multipolaire contemporain. De plus, il faudrait faire mention d’un autre point important. Etant déjà une alliance régionale à part entière, composée actuellement de trois Etats, la pleine intégration de l’AES dans les projets des BRICS renforcera encore plus les processus à l’échelle internationale qui sont aujourd’hui dans l’intérêt de tous les partisans de l’ère multipolaire, tout comme l’orientation même d’une interaction active entre toutes les structures internationales et régionales qui soutiennent le monde multipolaire.
Par ailleurs et quel que soit le statut initial d’une telle intégration – en tant qu’Etats partenaires, observateurs ou membres à part entière – cela donnera une forte impulsion à de nombreux autres pays du continent africain afin qu’ils réalisent que c’est effectivement la voie qui mérite d’être empruntée. En fin de compte, aujourd’hui et plus que jamais, la minorité planétaire occidentale est enragée y compris en raison des processus géoéconomiques contemporains. Des processus qui se déroulent également sur le continent africain. Et c’est pourquoi il est nécessaire à mettre un terme aux ambitions néocoloniales de l’arrogante minorité occidentale – en utilisant toute la puissance économique des BRICS et de la majorité globale.
Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »