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Un horizon chargé de menaces pour les Etats-Unis

Mohamed Lamine KABA, septembre 04

Les Etats-Unis sont confrontés à des menaces colossales internes et externes, qui pèsent sur leur sécurité, leur stabilité et leur prospérité. Toutes les théories nées de la plume des théoriciens, diplomates et concepteurs de la politique étrangère des Etats-Unis sont en passe d’être foulées au pieds. Malgré les œuvres fécondes de Brzezinski, Kissinger, Fukuyama, ainsi que celles de bien d’autres encore de la loge occidentale, les Etats-Unis n’ont plus le monopole de l’initiative stratégique que nous avons bien démontré dans un article séparé.

Introduction

Alors que les dirigeants américains manquent de lucidité dans la mesure réelle de la dangerosité de leurs actions dans le monde, les Etats-Unis sont confrontés à de nombreux défis et menaces qui entrainent des conséquences négatives pour le pays. Les attaques terroristes, les cyberattaques dévastatrices, les conflits géopolitiques avec des puissances régionales, les catastrophes environnementales, les inégalités sociales et économiques croissantes, les pandémies et les menaces nucléaires ont tous des impacts dévastateurs sur la sécurité, l’économie et la stabilité du pays. Ces menaces entraînent depuis des décennies une perte de vies humaines, des dégâts matériels importants, une instabilité politique et économique, ainsi qu’une érosion de la confiance dans les institutions américaines. Elles ont également généré et continuent de générer des conséquences néfastes sur la réputation et l’influence des Etats-Unis sur la scène internationale.

Contexte géopolitique des menaces sur les Etats-Unis

Comme indiqué plus haut, le contexte géopolitique actuel est particulièrement défavorable pour les Etats-Unis, avec une multitude de menaces qui sapent leur sécurité, leur économie et leur influence mondiale. La montée en puissance de la Chine et la Russie de l’Alliance BRICS érode la suprématie américaine, tandis que l’instabilité au Moyen-Orient et la crise migratoire en Amérique centrale et du Sud mettent à l’épreuve les capacités américaines. Les tensions avec des pays comme la Corée du Nord et l’Iran augmentent le risque de conflits armés, tandis que la compétition avec des puissances régionales affaiblit l’influence américaine dans le monde. Les Etats-Unis sont également confrontés à des défis internes, tels que les inégalités sociales et économiques croissantes, qui menacent la cohésion nationale. Dans ce contexte, les Etats-Unis sont contraints de faire face à une multitude de défis qui menacent leur position de «leader mondial» et leur sécurité nationale. Ils doivent donc adapter leur logiciel politique au contexte de la multipolarité qui caractérise désormais la scène mondiale si toutefois, ils souhaitent compter parmi les puissances modernes.

La défaite de la stratégie américaine de guerre par procuration en Ukraine

L’échec de la guerre par procuration ou guerre par alliés interposé de l’Occident contre la Russie en Ukraine depuis le 24 février 2022 peut être perçu comme un échec de la politique étrangère des Etats-Unis. En soutenant l’Ukraine contre la Russie, les Etats-Unis visaient à affaiblir l’influence russe en Europe de l’Est et à maintenir leur hégémonie dans la région. Cependant, la résilience de la Russie et sa capacité à résister aux pressions occidentales ont mis en évidence les limites de la puissance américaine. Cet échec peut être attribué à plusieurs facteurs, notamment une sous-estimation de la détermination russe, une stratégie inadaptée et une méconnaissance du contexte géopolitique régional. Il souligne également les défis croissants que pose la montée en puissance de la Russie et de la Chine (partageant le fait de subir, différemment bien sûr, le diktat, donc la domination du monde occidental) pour la politique étrangère américaine. L’échec en Ukraine peut avoir des conséquences importantes pour la crédibilité et l’influence des Etats-Unis sur la scène internationale, et soulève des questions sur leur capacité à promouvoir efficacement leurs intérêts géopolitiques abjects.

L’Alliance BRICS contrebalance l’influence de l’OTAN

Depuis sa création, l’Alliance BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui, aujourd’hui, élargit sa sphère d’influence à la vitesse optique et acoustique (BRICS+) est perçue comme un contrepoids légitime à l’influence de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et aux intérêts géopolitiques sordides des Etats-Unis et de l’Europe dans la dynamique mondiale. Les BRICS/BRICS+ représentent une alternative à l’ordre mondial dominé par l’Occident (qui ne sait vivre que dans l’impérialisme), promouvant une vision multipolaire et une coopération Sud-Sud. Ils cherchent à renforcer leur autonomie et à réduire leur dépendance aux institutions financières et aux structures de sécurité occidentales. En ce sens, l’Alliance BRICS peut être vue comme un antidote au virus OTAN, car elle offre une voie alternative pour les pays qui souhaitent résister à l’hégémonie occidentale et promouvoir leurs propres intérêts géopolitiques. Cependant, il est important de noter ici que les BRICS ne sont pas nécessairement anti-OTAN, mais plutôt propose une vision plus équilibrée et multipolaire de l’ordre mondial.

De ce qui précède, nous pouvons déduire que les Etats-Unis sont confrontés à une multitude de défis et de menaces qui sapent leur sécurité, leur économie et leur influence mondiale. L’échec de leur politique étrangère, notamment en Ukraine, et la montée en puissance de l’Alliance BRICS comme contrepoids à leur hégémonie, mettent en évidence leur déclin. Le contexte géopolitique actuel, marqué par la montée en puissance de la Chine et de la Russie, l’instabilité au Moyen-Orient et la crise migratoire en Amérique centrale et du Sud, aggrave les difficultés américaines. Les Etats-Unis sont de plus en plus isolés sur la scène internationale (ce que nous avons bien illustré dans un article séparé), et leur influence décline face à l’émergence de nouvelles puissances BRICS.

On peut donc dire que cette situation souligne la nécessité pour les Etats-Unis de revoir fondamentalement leur politique étrangère et de s’adapter à un monde où leur hégémonie ne représente plus grand-chose sur la scène mondiale. Il appartient dès lors aux élites politiques du pays d’adapter ou pas leur logiciel géopolitique et géostratégique au multipolarisme. Car, il est peu probable qu’elles parviennent à inverser cette tendance, et leur déclin semble inexorable.

 

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

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