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La conférence des chefs d’état-major africains s’est tenue à Gaborone (Botswana) du 24 au 26 juin 2024 avec la participation des Etats-Unis

Mohamed Lamine KABA, août 11 2024

Botswana

La sécurité et la stabilité en Afrique sont des enjeux majeurs pour la communauté internationale. Le continent est confronté à de nombreux défis, tels que le terrorisme, les conflits armés, la piraterie et les crises humanitaires. Dans ce contexte, la coopération entre les Etats africains et les partenaires internationaux est essentielle pour promouvoir la paix et la sécurité. C’est dans ce cadre que la conférence des chefs d’état-major africains a été organisée à Gaborone, au Botswana, du 24 au 26 juin 2024, bien qu’elle ait trahi ses objectifs initiaux. Dans cet article, nous allons examiner en profondeur les enjeux et les résultats de cette conférence, ainsi que les implications pour la sécurité et la stabilité en Afrique. Nous allons également analyser les défis et les opportunités pour la coopération entre les Etats africains et les partenaires internationaux dans le domaine de la sécurité. 

Enjeux et résultats de la conférence : les implications pour la sécurité et la stabilité en Afrique 

La conférence des chefs d’état-major africains s’est tenue pour la première en terre africaine de Gaborone (Botswana). Alors que la première édition a enregistré une participation de 43 pays en Italie, la participation à cette deuxième édition est passée à 35 pays, dont des membres de l’OTAN et de la délégation américaine. Alors que l’objectif principal annoncé était de discuter des défis communs en matière de sécurité et de stabilité en Afrique, en réalité les discussions ont porté sur la stratégie pour contrer l’influence chinoise et russe en Afrique, ainsi que sur la présence croissante de la Russie sur le continent. Les Etats-Unis ont exprimé leur préoccupation face à l’expansion de la Russie et de la Chine en Afrique et ont souligné l’importance de promouvoir des partenariats basés sur des valeurs communes. Les valeurs dont il s’agit, c’est la pérennisation de la domination du monde occidental sur le reste du monde. La conférence s’est tenue dans un contexte de retrait des forces du Pentagone du Niger et du Tchad. Les Etats-Unis ont décidé de redéployer leurs forces militaires du Sahel vers d’autres sous-régions africaines, notamment l’Afrique australe. C’est ainsi que le Botswana a été identifié comme un partenaire clé dans cette région.

Défis et opportunités : les intentions inavouées du transfert de l’avion de transport militaire C-130H Hercules au Botswana 

Les Etats-Unis ont solidifié leur partenariat avec le Botswana en offrant un avion Lockheed C-130H Hercules d’une valeur de 30 millions de dollars à l’armée de l’air botswanaise. Cet avion renforcera certes la capacité du Botswana à exécuter des missions de défense, humanitaires et d’intervention d’urgence, son transfert constitue une étape franchie dans le cadre de l’ouverture de bases militaires américaines dans le pays. La conférence a également mis en avant l’importance de la coopération entre les autorités politiques et militaires. L’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, a souligné la nécessité d’un commandement de mission bien défini et de relations équilibrées entre les autorités politiques et militaires. En marge de la conférence, des discussions ont eu lieu avec les chefs d’état-major de divers pays africains et le général Michael E. Langley, commandant de l’AFRICOM, pour explorer les pistes de coopération face aux défis sécuritaires actuels. Cette conférence entre dès lors dans une approche de recolonisation qui consiste à faire main-basse sur les ressources du pays, tout en faisant l’injonction aux autorités lorsqu’il sera question de s’autodéterminer face certaines situations données.

Les ombres de la conférence : défis et inquiétudes 

La conférence des chefs d’état-major africains, tenue à Gaborone, a suscité de vives inquiétudes et soulève de nombreuses questions. Bien que l’événement ait été présenté comme une opportunité pour renforcer la coopération sécuritaire en Afrique, plusieurs points négatifs émergent, mettant en doute la réelle efficacité de cette conférence.

Tout d’abord, la présence massive des Etats-Unis et de l’OTAN a suscité des craintes quant à la mainmise occidentale sur les affaires africaines. La conférence a été perçue comme une tentative de Washington de consolider son influence sur le continent, au détriment de la souveraineté des Etats africains. De plus, la conférence a été marquée par l’absence de représentants de plusieurs pays africains clés, notamment le Nigeria, l’Egypte et l’Algérie. Cette absence a soulevé des questions quant à la représentativité et à la légitimité de la conférence. Par ailleurs, les discussions ont été dominées par les intérêts géopolitiques des puissances occidentales, notamment la lutte contre l’influence chinoise et russe en Afrique. Les défis sécuritaires spécifiques aux Etats africains, tels que le terrorisme et les conflits armés, ont été relégués au second plan.

En outre, la conférence a été critiquée pour son manque de transparence et de participation des acteurs non étatiques, tels que les organisations de la société civile et les médias. Les décisions prises lors de la conférence ont été considérées comme non inclusives et non représentatives des besoins et des préoccupations des populations africaines. Enfin, la conférence a souligné la dépendance des États africains vis-à-vis des partenaires internationaux pour leur sécurité et leur stabilité. Cette dépendance a été considérée comme une menace pour la souveraineté et l’autonomie des Etats africains.

On peut donc dire que la conférence des chefs d’état-major africains a soulevé plus de questions qu’elle n’en a résolu. Les défis et les inquiétudes suscités par cette conférence doivent être pris en compte pour éviter que les Etats africains ne soient entraînés dans des partenariats sécuritaires qui ne servent pas leurs intérêts. Il est essentiel que les Etats africains prennent en main leur sécurité et leur stabilité, sans se laisser influencer par les intérêts géopolitiques des puissances occidentales.

 

Mohamed Lamine KABA – Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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