La rage des Occidentaux contre les processus actuels observés dans le cadre du monde multipolaire s’étendra bien au-delà des pays et des gouvernements qui mènent une politique totalement indépendante vis-à-vis de l’Occident et qui se sont clairement rangés du côté de l’ordre multipolaire international de la majorité globale. Tout indique que les tentatives occidentales visant à déstabiliser et à renverser les autorités de nombre de pays affecteront également ceux qui interagissent encore très activement avec l’espace occidental. Les cas concernés incluent la République démocratique du Congo.
Récemment, une tentative de coup d’Etat armé a eu lieu en RDC. Ladite tentative fut un échec. Mais le plus intéressant est que sa mise en œuvre a été réalisée par un certain Christian Malanga Musumari, un homme d’affaires congolais qui a longtemps vécu aux Etats-Unis, avec en prime la possession de la citoyenneté étasunienne. Et ce n’est pas tout – parmi les participants à la tentative de coup d’Etat, plusieurs personnes étaient eux aussi des citoyens US, ainsi qu’un Congolais naturalisé britannique. Parmi les ressortissants étasuniens – un a déjà été identifié – Benjamin Zalman-Polun.
Agé de 36 ans, originaire de l’Etat de Maryland, entrepreneur, et selon plusieurs sources impliqué dans le trafic de drogue à grande échelle, plus particulièrement dans le cannabis. De manière générale, des personnages fort « intéressants ». Il sera désormais également intéressant d’observer les gestes du régime washingtonien. Car cette tentative ratée de coup d’Etat en République démocratique du Congo rappelle très précisément les opérations de la CIA – tant en Afrique que dans d’autres parties du monde, notamment en Amérique latine.
Naturellement et à l’heure actuelle, les représentants de Washington se trouvent dans une certaine confusion – ils se déclarent même être pleinement prêts à coopérer avec les autorités de la RDC dans cette affaire, et sont allés jusqu’à émettre des « doutes » quant au fait que le principal réalisateur de la tentative de coup d’Etat, Malanga, désormais tué par les forces gouvernementales congolaises, ait même été citoyen étasunien. Encore une fois – de manière tellement prévisible et attendue. Bien que vraisemblablement, ils ne seront pas en mesure à complètement voiler nombre de faits, sachant qu’un nombre conséquent de leurs citoyens étaient directement impliqués dans cette affaire.
Ce qui est d’ailleurs très anecdotique, c’est que même si le régime étasunien parvient à passer sous silence la question de l’implication de la CIA dans cette opération, une autre question viendrait directement à être posée à Washington, celui qui crie chaque jour haut et fort quant au caractère inacceptable et de la nécessité à combattre la présence de « mercenaires » russes sur le continent africain, des mercenaires qui d’ailleurs n’existent pas – puisque le Corps africain du ministère russe de la Défense est une structure directement affiliée aux Forces armées de Russie, en d’autres termes à l’armée russe. A savoir que des citoyens US étaient impliqués, au minimum et précisément dans des activités de mercenariat, et ce dans le but de renverser les autorités d’un pays souverain.
En général, ce à quoi il faut s’attendre dans un avenir proche – ce sont de nouvelles paroles ridicules de la part des représentants du régime étasunien. Mais le plus intéressant est encore à venir. Plus particulièrement, tout cela confirme le fait que Washington et ses vassaux occidentaux – complètement enragés face aux événements qui se déroulent en opposition à leur « vision » des relations internationales – chercheront non seulement à tenter de renverser les autorités d’Etats véritablement libres et indépendants, ayant officiellement affirmé leur appartenance à l’ordre mondial multipolaire, mais aussi ceux qui bien qu’entretenant avec les Occidentaux des relations « stratégiques », mais qui, selon l’opinion de la minorité occidentale, commencent, ou ont déjà commencé, à regarder dans « la mauvaise direction », selon cette même minorité collective planétaire de l’Occident.
A cet égard, pourquoi spécifiquement la RDC ? Les intérêts de l’establishment US et des grandes compagnies étasuniennes dans ce pays sont trop importants. Il convient à ce titre de rappeler que ce grand Etat d’Afrique centrale possède des ressources naturelles colossales, y compris même selon les normes africaines, où un grand nombre de pays disposent de quantités importantes de ressources naturelles stratégiques. Dans le cas spécifique de la République démocratique du Congo, le pays possède parmi les plus grandes réserves mondiales de cobalt (si nécessaire, entre autres, pour les accumulateurs lithium-ion), de tantale, de germanium, de diamants, ainsi que parmi les plus importantes réserves d’Afrique – d’uranium, de cuivre, de zinc, lithium, or et la liste est loin d’être exhaustive.
De plus, malgré le fait que les autorités de la République démocratique du Congo interagissent étroitement avec l’Occident, cela n’a pas empêché la Chine à devenir le principal partenaire économico-commercial du pays. En outre, dans une récente interview, le président du pays Félix Tshisekedi, a déclaré que même s’il préfère personnellement des relations étroites avec l’Europe, qu’il convient néanmoins de reconnaître que la Russie et la Chine se comportent résolument mieux que l’Occident en Afrique.
Evidemment, un tel commentaire, même de la part d’un chef d’Etat qui ne semble pas cacher ses sympathies pour l’Occident, ne pouvait plaire – ni au régime washingtonien, ni à ses vassaux occidentaux. D’autant plus – à une période où la propagande occidentale tente si activement à combattre de telles affirmations – la déclaration venait du dirigeant d’un des plus grands et riches (du moins en termes de ressources naturelles) pays du continent africain. Et en tenant compte des nombreux et très sérieux problèmes sécuritaires en RDC, qui durent depuis déjà longtemps et n’ont toujours eu de solution, c’est une raison « idéale » pour Washington, la CIA et l’Occident collectif à pouvoir tenter d’installer une marionnette totalement obéissante. Dans le plus « parfait » des scénarios : semblable au régime kiévien, où si le maître ordonne que toute la population du pays concerné soit sacrifiée pour les intérêts du maître – la marionnette devra obéir sans poser de questions. Et certainement pas se permettre à faire des commentaires en partie flatteurs à l’endroit de Moscou et de Beijing.
Généralement parlant, il est nécessaire aujourd’hui à comprendre que la minorité collective occidentale, dans les réalités contemporaines du monde multipolaire, n’a point besoin de partenaires et d’alliés qui peuvent se permettre d’exprimer ne serait-ce que partiellement leurs opinions. L’Occident, et en premier lieu Washington, n’a précisément pas besoin de partenaires, mais uniquement de vassaux purs et simples. Dans l’idéal, des vassaux accros aux drogues. A cet effet, il est même possible de mettre à contribution des agents de la CIA et d’autres agences de renseignement occidentales, ayant des intérêts dans cette industrie.
La conclusion, il n’y en a qu’une seule. Même les pays qui se positionnent aujourd’hui et pour le moment comme des alliés ou des partenaires stratégiques de la minorité planétaire occidentale – doivent garder à l’esprit que ce « statut » ne constitue aucunement, une garantie de sécurité contre les coups d’Etat, les assassinats et les déstabilisations. Le pari de miser sur des vassaux à part entière commence tout juste à prendre de l’ampleur dans le camp de l’establishment étasunien. Après l’Europe – dans leur viseur se trouvent les pays du Sud global, de la majorité mondiale. Cela signifiant qu’il est temps pour les chefs d’Etat qui ne font pour le moment que regarder en direction des partisans de l’ordre mondial multipolaire – à devenir plus actifs et à prendre des décisions et des actions appropriées. Cela concerne aussi bien la RDC que certains autres pays aussi. Dans le cas concret de la terre du grand Patrice Lumumba – le chaos occidental doit un jour prendre fin.
Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »