24.04.2024 Auteur: Mikhail Gamandiy-Egorov

Le temps est venu pour une coalition médiatique internationale représentant la majorité mondiale

Le temps est venu pour une coalition médiatique internationale représentant la majorité mondiale

Face à la propagande agressive de la minorité occidentale qui, à l’instar de l’establishment politique dont elle représente les intérêts, ne souhaite catégoriquement pas accepter les règles de l’ordre international multipolaire contemporain, il est plus que jamais nécessaire à aller dans la direction de la création d’une alliance médiatique internationale représentant les intérêts de la majorité globale.

Vraisemblablement aujourd’hui il est grand temps pour nombre d’Etats des BRICS, y compris notre pays, de prendre note des méthodes de lutte contre la propagande des régimes occidentaux, initiées par plusieurs pays africains. Cela s’applique à la fois à l’interdiction des outils médiatiques néocoloniaux occidentaux qu’à celle des activités des agents du renseignement occidental, envoyés sous couvert de journalistes dans les pays qu’ils visent à déstabiliser.

Oui, l’époque où des représentants médiatiques occidentaux se rendaient sans ménagement en Afrique et participaient activement à la déstabilisation de la situation dans les pays du continent – commence à faire partie du passé. Bien sûr, tous les pays ne prennent pas encore des mesures radicales contre les représentants de la minorité mondiale et leur propagande, mais il est indéniable aujourd’hui que ledit processus prend de l’ampleur. Et continuera encore.

A cet égard, là encore, les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), représentés par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, donnent l’exemple. Y compris à l’encontre d’un certain nombre de chaînes télévisées et de médias propagandistes hexagonaux, de même qu’en établissant des règles qui ne permettent désormais plus à ces mêmes propagandistes occidentaux à venir en « missions », comme de pures colonialistes en safari. Bien que ce processus dépasse déjà la région du Sahel et concerne également d’autres régions du continent africain. Ce qui ne peut qu’être encourageant. L’essentiel étant que l’Afrique – en qualité de grand et riche continent – et non pas celui promu par les clichés occidentaux durant de longues années – participe activement à l’établissement des règles propres au monde multipolaire et à l’ordre mondial contemporain.

A cet effet, il est certainement temps pour les pays des BRICS, y compris la Russie, de commencer à prendre plus activement les mesures qui remettront la propagande occidentale à sa place. Cela n’a pas encore été réalisé – de nombreux propagandistes issus de la minorité planétaire continuent à se promener librement dans les rues de Moscou et d’autres villes russes, profitant de tous les avantages de la vie dans la Russie contemporaine, tout en exécutant ce pour quoi ils ont été envoyés. A savoir – diffuser leur sale propagande à l’égard à la fois de notre pays que des alliés et partenaires. De manière générale – vis-à-vis de tous ceux qui n’ont pas permis à l’Occident collectif de mettre en œuvre son plan visant à ramener par la force le monde dans sa dictature unipolaire.

Mais il y a aussi un point plus important. Outre les restrictions nécessaires vis-à-vis de la propagande occidentale et de sa présence dans les Etats BRICS, du Sud global et de la majorité mondiale, il est aujourd’hui impératif de lancer les mécanismes d’interaction plus poussés entre les médias les plus importants, et pas seulement, de notre majorité commune. Aujourd’hui et plus que jamais les conditions les plus favorables sont déjà réunies. C’est pourquoi l’alliance médiatique internationale regroupant les médias d’Eurasie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique latine doit devenir une réalité absolue.

Cela permettra non seulement à mieux coordonner l’échange informationnel entre les représentants de la majorité globale, mais également à résister plus efficacement aux campagnes de déstabilisation lancées par l’Occident, ainsi qu’à faire preuve d’une solidarité confirmée lorsque la minorité mondiale tente de limiter la liberté d’expression à l’encontre de médias non occidentaux, en utilisant pour cela les outils dont dispose encore ladite minorité.

Parlant justement de ce dernier point, cela ne concerne pas seulement aujourd’hui, comme certains pourraient le penser, les médias russes, que l’Occident a activement tenté et tente toujours d’interdire et d’isoler. Dans le camp de la minorité planétaire occidentale, les appels se multiplient pour limiter les activités des médias d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, qui, selon ladite minorité ne suivent pas la ligne dont l’Occident a besoin. De plus, l’establishment occidental prend déjà des mesures pour limiter la liberté d’information à l’encontre de grands médias indépendants du monde non occidental. Dans le cas du continent africain – notamment contre la chaîne de télévision panafricaine Afrique Média, dont la page sur le réseau social Facebook du groupe Meta, et qui comptait plus d’un million d’abonnés, a été supprimée sous un prétexte absolument farfelu.

C’est d’ailleurs loin d’être le premier cas de pression de la minorité occidentale sur l’un des plus grands médias d’Afrique – à l’échelle continentale et internationale. Naturellement, cela n’arrêtera en rien le travail de cette chaîne de télévision, d’autant plus qu’il existe déjà aujourd’hui de véritables alternatives aux réseaux sociaux sous contrôle direct de l’Occident, mais le moment est néanmoins venu à prendre des mesures encore plus radicales en ce qui concerne la minorité occidentale. En fin de compte, il convient de rappeler que les principaux marchés pour les instruments de la propagande de l’Occident sont précisément les Etats et les régions du monde non occidental. Les chiffres ne trompent pas. Et bien évidemment aussi, il est plus que temps de passer à une phase plus active de coordination et d’interaction entre les médias qui, ensemble, représentent les intérêts de la majorité évidente de l’humanité.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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