17.04.2024 Auteur: Boris Kushhov

Le rôle du partenariat russo-kazakh dans la mise en œuvre des priorités socio-économiques du Kazakhstan identifiées par Kassym-Jomart Tokayev

le Président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev

Le 21 mars 2024, à l’occasion de la fête de Naurouze, le Président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev a adressé ses vœux à tous les Kazakhs lors d’un événement solennel sur la place Astana dans la ville d’Almaty. Lors de son discours sur la place, le Président a évoqué quatre projets stratégiques d’une importance capitale pour le développement national. Selon le Président, l’avancement de ces projets est la priorité socio-économique clé de la République pour l’année 2024 : La reconstruction et la modernisation des réseaux d’infrastructures de transport, de chauffage et d’électricité, le lancement d’un nouveau programme immobilier et aussi l’expansion de l’accès au gaz naturel dans plusieurs régions et districts du pays.

Il est à noter que le partenariat du Kazakhstan avec son allié stratégique, la Fédération de Russie, jouera un rôle important dans la réalisation d’au moins trois de ces quatre tâches ambitieuses.  À cet effet, il semble pertinent de considérer et d’évaluer le « facteur russe » comme une force contribuant au bien-être socio-économique de la République.

Reconstruction du système de chauffage et d’électricité du pays

Toutes les centrales thermiques dont le Kazakhstan dispose aujourd’hui ont été construites pendant la période soviétique du développement du pays. Par conséquent, une grande partie des installations sont régulièrement victimes d’accidents et de perturbations. Dans cette optique, des accords remarquables ont été conclus entre le Kazakhstan et la Russie à la fin de l’année 2023, concernant la construction d’un certain nombre de projets thermoélectriques dans le pays : avant tout, trois nouvelles centrales thermiques par des entreprises russes : une à Kökchetaou, une à Semeï et une à Oust-Kamenogorsk. Le lancement des travaux de construction de la première centrale de la liste est notamment prévu pour cette année. La participation de la Fédération de Russie à un éventuel appel d’offres pour la construction de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, si une telle installation est approuvée lors du référendum national, aiderait également le Kazakhstan à lutter contre les potentielles pénuries d’énergie auxquelles le pays pourrait faire face à l’horizon 2020-2030.

Programme pour l’expansion de l’accès au gaz naturel

Dans son discours, Kassym-Jomart Tokayev a parlé de raccorder au gaz naturel 300 000 personnes d’ici la fin de l’année. Cependant, il ne s’agit que d’une étape du plan global d’expansion de l’accès au gaz naturel à l’échelle nationale. Le partenariat entre les deux pays dans ce domaine a également connu un développement rapide ces dernières années ; « Gazprom » fournit du gaz naturel aux régions méridionales du Kazakhstan conformément à un contrat d’approvisionnement conclu entre Gazprom, Uzbekneftegaz et KazMunayGas. Le développement de l’idée d’une « Union du gaz », qui envisagerait la création d’un système transfrontalier de distribution du gaz naturel et la coordination multilatérale des exportations et des importations, pourrait être un facteur favorisant l’expansion de l’accès au gaz naturel des régions du Kazakhstan. Par ailleurs, un autre projet tout aussi important est l’expansion de l’approvisionnement en gaz naturel de la Fédération de Russie vers l’Ouzbékistan, dans lequel le Kazakhstan deviendrait un transitaire clé et pourrait potentiellement tirer parti de l’infrastructure des gazoducs desservant cette région.

Développement du système de transport et d’infrastructure du pays

Il est évident que dans le contexte des corridors de transport internationaux en constante évolution, le développement du système d’infrastructure de transport implique non seulement l’optimisation des itinéraires nationaux, mais aussi l’augmentation du trafic de transit.  Malgré la volonté évidente des autorités de la République du Kazakhstan de garantir la participation de leur pays à la plus large gamme de projets internationaux de transport et d’infrastructures en Eurasie, la Fédération de Russie reste quand-même l’un de ses principaux partenaires. Le « voisin du nord », même si des itinéraires alternatifs se sont développés ces dernières années, reste un partenaire important de la République dans le transit eurasien : des projets tels que la modernisation du chemin de fer Dostyk – Moyynty, la construction du chemin de fer Bakhty – Ayagoz, la route de transport international de l’Irtych, qui visent à accroître le potentiel de transit du Kazakhstan, pourraient être rentables et prometteurs précisément avec l’implication de la Fédération de Russie dans le transit continental, en raison de son « attachement » à assurer le transit entre la Chine et la Russie. L’initiative de la Fédération de Russie visant à développer des corridors internationaux Nord-Sud destinés à relier la Russie au Golfe Persique et aux mers de l’océan Indien, s’avère également avantageuse pour le Kazakhstan.

L’attention que portent les autorités du Kazakhstan à leur vecteur Nord de politique étrangère se remarque clairement dans les félicitations du Président Tokayev à l’endroit de Poutine, à l’occasion de sa victoire à l’élection présidentielle en la Fédération de Russie. Le dirigeant kazakh fût l’un des premiers à lui adresser des félicitations officielles, et a exprimé, lors d’une conversation téléphonique, l’espoir d’une coopération mutuellement bénéfique entre les deux pays.

Ainsi, il est évident que le partenariat russo-kazakh joue un le rôle significatif, non seulement dans le maintien des intérêts politiques de la République, mais aussi dans la résolution de ses problèmes de développement socio-économique les plus urgents.

 

Boris Kushkhov, Département de Corée et de Mongolie, Institut d’Etudes orientales de l’Académie des Sciences de Russie, exclusivement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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