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Les élections présidentielles au Sénégal et les critiques condescendantes des médias français

Mohamed Lamine KABA, avril 11 2024

Les élections présidentielles au Sénégal et les critiques condescendantes des médias français

Depuis les prémisses de la victoire du duo Bassourou Diomaye Faye et Ousmane Sonko à la déclaration des résultats officiels donnant vainqueur, le duo par l’organe électoral du Sénégal et confirmé par les observateurs de pays sérieux déployés à l’occasion, les médias français et autres de la ligne occidentale multiplient les injures à l’égard du nouveau président Faye et l’équipe gouvernementale dirigée par Ousmane Sonko. Ce qui donne à penser que le Sénégal s’est engagé sur la voie de sa souveraineté vis-à-vis de la France impérialiste. Car, comme disait Ahmed Sékou Touré, « si vous êtes félicités par le colon, sachez que vous trahissez votre peuple ; mais tant qu’il vous critique, sachez que vous travaillez pour votre peuple ». Ce qui signifierait que la multiplication des critiques et la bataille médiatique menée par les médias français contre le nouvel appareil gouvernemental qui, d’ailleurs est à sa première semaine de vie et d’exercice au Sénégal, la sortie de cet autre pays ouest-africain de l’enclos français. La Françafrique est à l’agonie et la sphère d’influence de la France s’amenuise, annonçant ainsi le déclin de la France sur la scène mondiale. Ce processus de délitement de la France rappelle la thèse de Thomas Sankara selon laquelle, « l’impérialisme trouvera sa tombe en Afrique ». L’on n’est pas si loin de l’enterrement de l’impérialisme occidental dont la tombe est déjà creusée par les événements récents au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Sénégal et bien d’autres encore en Afrique de l’Ouest. Alors que le nouveau président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye, son premier ministre Ousmane Sonko étaient tous deux injustement incarcérés par l’ancien président Macky Sall, téléguidé par Paris et donc sur instruction de la France à deux semaines de l’élection pour leurs positions anti-françaises. C’est la raison pour laquelle, la France ne peut plus prétendre dicter quoique ce soit aux nouvelles autorités sénégalaises prêtes, comme l’a demandé Alpha Condé lors du sommet des chefs d’Etat et gouvernements de l’Union Africaine en novembre 2017 à Abidjan en Côte d’Ivoire, à « couper le cordon ombilical avec les anciennes puissances coloniales, notamment la France » et être panafricains.

C’est pourquoi, l’élection présidentielle du 24 mars 2024 au Sénégal marque un moment important dans l’histoire politique du pays. Ces élections ont été suivies de près tant au niveau national qu’international en raison de leur impact potentiel sur la trajectoire future du pays.

1. La rupture avec la domination française

L’un des principaux récits entourant les élections présidentielles de 2024 au Sénégal était l’abandon perçu de l’influence et de la domination françaises. Au fil des ans, le Sénégal a entretenu une relation complexe avec la France, son ancienne puissance coloniale. Les résultats des élections ont été perçus comme un tournant potentiel dans cette relation, signalant une volonté d’une plus grande indépendance et d’une plus grande autonomie vis-à-vis de l’ingérence française.

2. Les facteurs contribuant à la rupture

Plusieurs facteurs pourraient contribuer à cette rupture perçue avec la domination française à la suite de cette élection majeure au Sénégal :

2.1. L’identité nationale

Les élections ont mis en évidence un sentiment croissant d’identité nationale et de fierté parmi les citoyens sénégalais, ce qui a conduit à des appels à l’autodétermination et à la souveraineté libres de toute influence extérieure.

2.2. L’indépendance économique

Il y a eu une poussée en faveur de l’indépendance économique et des stratégies de développement qui donnent la priorité aux intérêts locaux plutôt qu’aux interventions étrangères, y compris celles des anciennes puissances coloniales comme la France. Le discours d’investiture du nouveau président et le discours de circonstance de son premier ministre instruisent mieux sur cette approche.

2.3. La souveraineté politique

Les résultats des élections ont reflété un désir de souveraineté politique, où les décisions concernant la gouvernance et les politiques sont prises par les dirigeants sénégalais sans pressions ni ingérences extérieures, celles de la France impérialiste notamment.

2.4. L’autonomie culturelle

L’accent mis sur l’autonomie culturelle a également joué un rôle dans l’élaboration du récit de la rupture avec la domination française, avec des appels à préserver et à promouvoir les traditions et les valeurs sénégalaises.

3. Les conséquences de la rupture

L’abandon de la domination française à la suite des élections présidentielles de 2024 au Sénégal pourraient plusieurs implications positives pour le pays et l’Afrique toute entière :

3.1. La politique étrangère

Avec les nouvelles autorités prônant le Panafricanisme, la politique étrangère du Sénégal pourrait évoluer pour donner la priorité à des partenariats (Russie, Chine, Brésil, etc.) qui s’alignent plus étroitement sur ses intérêts et ses valeurs nationales. Ce qui, à coup sûr pourrait diversifier ses relations internationales au-delà des liens traditionnels de domination et de condescendance.

3.2. Le développement économique

Nous pensons qu’une plus grande autonomie vis-à-vis des anciennes puissances coloniales (France notamment) pourrait ouvrir de nouvelles voies de développement économique et d’accords commerciaux qui profiteraient directement à l’économie sénégalaise.

3.3. Le paysage politique

Le paysage politique au Sénégal pourrait connaître des changements à mesure que les nouveaux dirigeants navigueront dans ce nouveau sentiment d’indépendance et s’efforceront de répondre aux aspirations de leurs électeurs sans contraintes extérieures.

À la lumière de ce qui précède, nous pouvons déduire que les élections présidentielles de mars 2024 au Sénégal ont en effet représenté un moment significatif caractérisé par une rupture perçue avec la domination française, signalant un glissement vers plus d’indépendance et d’autonomie sur différents fronts. Le Sénégal s’inscrit désormais dans l’esprit du Multipolarisme prôné par la fédération de Russie et ses alliés de l’alliance BRICS. Le monde multipolaire a un bel avenir.

 

Mohamed Lamine KABA – Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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