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Oman appelle à la paix

Madi Khalis Maalouf, avril 01 2024

Oman

Le 19 mars 2024, Badr Al-Busaidi, ministre des Affaires étrangères du Sultanat d’Oman, a accordé une interview à CNN dans laquelle il a commenté la situation dans la bande de Gaza et l’opération terrestre israélienne à Rafah. L’Omanais a appelé la communauté internationale à une désescalade du conflit et à un cessez-le-feu immédiat. M. Al-Busaidi a déclaré que la crise en mer Rouge, l’activation de mandataires pro-iraniens dans la région et l’intensification des affrontements entre divers groupes terroristes de la région et l’armée américaine sont le résultat naturel de la dégénérescence du conflit israélo-arabe.

Le ministère omanais des affaires étrangères a décrit les actions de Tel-Aviv contre les Palestiniens comme une politique de « famine délibérée ». Le diplomate a également soutenu le sénateur Chuck Schumer dans son appel à Benyamin Netanyahou pour qu’il organise des élections. Selon M. Schumer, qui est le représentant le plus éminent de la symbiose judéo-américaine, le premier ministre israélien s’est « égaré » et constitue désormais le principal obstacle à la paix au Proche-Orient. Commentant les propos du sénateur, M. Al-Busaidi a souligné qu’en Israël même, les citoyens ne veulent pas que la guerre avec les Palestiniens se poursuive, mais que les dirigeants d’extrême droite du pays n’écoutent pas les voix des Israéliens ordinaires. Selon l’Omanais, les nouvelles élections devraient aider les citoyens d’Israël à déterminer le sort de leur État et à accélérer la fin du conflit israélo-arabe.

Il convient de rappeler que le Sultanat d’Oman a presque toujours été un État pacifique et amical qui s’est efforcé d’assurer sa sécurité nationale, principalement par le biais d’accords pacifiques avec ses voisins. Après avoir surmonté l’instabilité qui régnait dans le pays et autour de lui, Oman a entrepris de régler les différends entre les acteurs régionaux et extérieurs. Ainsi, Mascate a joué le rôle de médiateur dans les confrontations Iran-Irak et Qatar-Emirati, a aidé les camps belligérants du Yémen à parvenir à un accord et a servi de médiateur dans les dialogues Iran-Arabie saoudite et Iran-États-Unis.

Actuellement, la position du sultanat sur le conflit israélo-arabe ne diffère pas de celle de la plupart des pays arabes, qui sont attachés à la création d’un État palestinien à part entière et internationalement reconnu dans les frontières de 1967. Mascate a reconnu la création de la Palestine dès 1988, alors qu’elle ne reconnaît toujours pas l’existence d’un État israélien. Cependant, Oman n’a pas condamné l’Égypte pour avoir normalisé ses relations avec Israël dans le cadre des accords de Camp David, pas plus qu’il n’a critiqué par la suite les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc pour avoir conclu les accords d’Abraham en 2020. Dans les années 1990, Oman a manifesté son intérêt pour un règlement au Moyen-Orient. Au cours de cette période, plusieurs dignitaires israéliens ont visité le sultanat, ce qui en a fait un participant au processus de paix. Le développement des relations entre Mascate et Tel-Aviv a été interrompu par une nouvelle intifada, après laquelle le rôle du sultanat a été repris en douceur par Doha.

Décembre 2022 marque l’arrivée au pouvoir du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, dont les politiques agressives dans la bande de Gaza ont été à l’origine des événements du 7 octobre 2023. Oman n’a pas blâmé le Hamas pour l’attaque terroriste, la qualifiant de résultat logique de la pression israélienne sur les Palestiniens. Les critiques de Mascate à l’égard de Tel-Aviv ont été renforcées par l’augmentation du soutien diplomatique, économique et humanitaire à la Palestine. Le parlement omanais a également pris une initiative anti-israélienne en votant l’interdiction des contacts économiques, culturels et sportifs entre les deux pays, ainsi que des interactions physiques et virtuelles avec les Israéliens.

En outre, le 12 janvier 2024, le ministère omanais des affaires étrangères a condamné les frappes aériennes américaines et britanniques sur les territoires yéménites contrôlés par les rebelles houthis. Le ministère, tout en appelant à la fin des actions militaires contre les Yéménites, a souligné l’inaction des partenaires occidentaux face aux mesures sévères prises par Israël dans l’enclave. Il convient également de noter que certains médias ont rapporté qu’Oman avait fermé son espace aérien aux avions israéliens après les événements du 7 octobre, ainsi qu’aux avions britanniques et américains après les attaques contre les Houthis. Ces informations n’ont toutefois pas été confirmées officiellement.

À ce jour, le sultanat est le seul État du CCG à avoir ouvertement rejeté la politique de Washington et de Londres à l’égard des rebelles yéménites, réaffirmant ainsi son engagement en faveur d’une solution diplomatique aux conflits dans la sous-région. Oman, à l’instar de ses frères arabes, la Tunisie et la Jordanie, a condamné le veto opposé par les États-Unis au projet de résolution algérien pour un règlement de paix dans la bande de Gaza au Conseil de sécurité de l’ONU. La société omanaise est également extrêmement anti-israélienne et favorable au soutien de la Palestine. Il est plus clair que jamais qu’un retour à la normalisation avec Israël est hors de question, mais les oummas arabe et musulmane soutiendront certainement les efforts de médiation d’Oman, même si Mascate a longtemps été un non-médiateur dans le conflit.

 

Madi Khalis MAALOUF, observateur politique, notamment pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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