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La démocratie occidentale et la propagation du djihadisme transnational

Mohamed Lamine KABA, mars 29

La démocratie occidentale et la propagation du djihadisme transnational

Depuis de la définition du cadre d’analyse du terme « djihadisme » et son inscription dans l’annale de l’histoire des relations internationales, les véritables raisons de l’émergence des actes dont il fait référence n’ont pas été élucidées jusqu’à nos jours. Alors que les États-Unis de Zbigniew Brzeziński (architecte de la stratégie américaine en Afghanistan et ancien conseiller à la sécurité nationale en 1998), de Henry Kissinger (concepteur de « L’Ordre du monde en 2016 »), de Samuel P. Huntington (artisan de « Le Choc des civilisations » en 1993) et de Francis Fukuyama (prophète de la « fin de l’histoire » en 1992) se sont autosaisis du rôle de gendarme du monde, le cadre de référence du concept « djihadisme » défini et proposé au reste du monde par les intellectuels de la maison blanche est postérieur aux fléaux dont il se rapporte. Brandir les attentats du 11 septembre ou « septembre noir » pour d’autres comme repère d’analyse du djihadisme est une aberration et une volonté affichée de fermer les yeux sur les pages les plus sombres de l’histoire de la révolution industrielle. Car, comme le disait Jules Ferry, « la politique coloniale est fille de la politique industrielle ». C’est-à-dire, les actes djihadistes dont qu’on est convenu d’appeler en d’autres termes, les actes terroristes ont été inscrits dans le quotidien d’autres peuples de la part de l’Occident global avant le 11 septembre 2001. Il est logique de définir le terme « djihadisme » dans un cadre autre que la religion, l’instauration d’un Etat islamique ou rétablissement d’un califat. L’esclavagisme, le commerce triangulaire/traite négrière, le colonialisme, la détérioration des termes de l’échange et le néocolonialisme illustrent mieux cette tendance de l’histoire des relations internationales. Il convient alors en ce 21ème siècle, caractérisé par la rupture de l’ordre unipolaire américano-occidental, d’inscrire le terme « djihadisme » dans une approche Sui generis pour, justement mieux préparer les esprits aux valeurs cardinales et pacifistes du multipolarisme, qui s’inscrit à l’antipode de l’unipolarisme sur lequel repose la puissance des Etats-Unis depuis la chute du mur de Berlin (1989) et la fin de la guerre froide (1991). L’évidence du multipolarisme s’affirme à un rythme de plus en plus accéléré et contre quoi, les occidentaux de l’OTAN ne peuvent que pleurnicher en traitant de tous les noms d’oiseau, la fédération de Russie de l’Alliance BRICS.

Cet article se propose d’examiner la contribution de la démocratie occidentale (I) à la propagation du djihadisme international (II).

I. La contribution de la démocratie occidentale à la naissance du djihadisme transnational

La volonté affichée des Etats-Unis et de l’OTAN de ranger du côté des primates, toutes les valeurs humaines contraires à celle de la géométrie variable de la démocratie occidentale de barbares est le fondement réel de la naissance du djihadisme transnational. Pour mieux étayer cet argument, il convient de s’intéresser à l’usage de la démocratie comme schéma orthodoxe ou unilinéaire du développement (A) et comme instrument de répression des peuples en dehors de l’espace géographique occidental (B).

A. La démocratie comme schéma orthodoxe du développement

Si l’on s’en tient de la définition minimale de la démocratie qui est « l’exercice du pouvoir du peuple par l’intermédiaire des élus », la démocratie pourrait sembler être l’un des meilleurs systèmes de la gouvernance mondiale. Son usage et son imposition dans la dynamique de la scène mondiale comme unique chemin pour aboutir au développement par l’Occident global sous-entend une politique inavouée. C’est plutôt une occidentalisation du monde qu’une démocratisation du monde. Alors que chaque peuple s’identifie et se reconnaît par son identité culturelle et civilisationnelle, la démocratie telle brandie par l’Occident agresse les peuples entrainant ainsi une instabilité des institutions nationales. D’où la montée en puissance des mouvements terroristes et la multiplication des foyers de tension sous la surveillance des défenseurs de la démocratie occidentale.

B. La démocratie comme instrument de répression des peuples

Les grands événements lointains et récents qui caractérisent la scène mondiale démontrent une fois plus la responsabilité de la démocratie occidentale dans l’instabilité politique sociale, politique, économique et culturelle des peuples. Plongés dans la mondialisation qui s’apparente à l’occidentalisation du monde, les civilisations résistent aux forces obscurantistes qui cachent derrière le vent de la démocratisation des relations internationales. C’est pour anéantir cette résistance des civilisations que l’Occident se camoufle derrière le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé transnational tout en chantant la démocratie.

II. La contribution de la démocratie occidentale à la propagation du djihadisme transnational

La mélodie de la démocratie comme meilleur système de gouvernance et son utilisation comme condition sine qua non d’accès aux finances internationales est l’une des causes motrices de la propagation du djihadisme multiforme sur la planète-terre. Il convient aujourd’hui de s’intéresser à l’incidence de l’usage de la démocratie comme instrument au service de la politique étrangère des États-Unis de l’OTAN (A) et comme justification de interventions militaires de ceux-ci à travers le monde (B).

A. La démocratie comme instrument au service de la politique étrangère des Etats-Unis et de l’OTAN

Depuis des décennies de règne en souverains sacrificateurs ayant le droit de tout (y compris de vie et de mort) sur les peuples marginaux d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine sur la scène mondiale, les États-Unis de l’OTAN ont gouverné le monde selon la règle de la jungle. Motivées et justifiées par la démocratie qu’ils ont eux-mêmes conçue et transposée sur les Etats, la violence et l’agressivité avec lesquelles les occidentaux traitent avec le reste du monde sont d’une ampleur à la fois esclavagiste et colonialiste de l’époque de Willie Lynch. C’est pourquoi, la répression des attentats de septembre 2001 aux États-Unis ont débouché sur la propagation du terrorisme dans le monde et la ramification de celui-ci.

B. La démocratie comme justification des interventions militaires des Etats-Unis et de l’OTAN

Le nombre de pays détruits et de personnes dont la vie est ôtée par les Etats-Unis et l’OTAN au nom de la fameuse démocratie donnent à réfléchir sur les motivations dissimilées des interventions militaires de ceux-ci à travers le monde. Alors qu’il livre la guerre par procuration depuis la Syrie, la Lybie, l’Ukraine, la République Centrafricaine, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Palestine, les interventions militaires antérieures de l’occident collectif continuent de générer des répercussions dévastatrices sur le plan humanitaire, alimentaire et sécuritaire dans les zones où elles été menées. Ce qui rend les relations internationales de plus en plus agressive, affectant ainsi dangereusement la stabilité de la scène mondiale. Cette approche d’analyse revient à questionner le rôle des Etats-Unis dans la dynamique de la scène internationale. Le djihadisme se propage sous l’effet des actions arbitraires de l’Occident global. Le reste monde doit s’aligner derrière les BRICS pour accélérer la consolidation du monde juste et multipolaire.

Pour clore, il est important de mentionner que la démocratie, telle qu’imposée par l’Occident est plutôt une occidentalisation du monde qu’une démocratisation de celui-ci. Le multipolarisme est venu pour renverser cet ordre arbitrairement imposé dans les relations internationales et dans la dynamique de la scène mondiale. Pour une bonne gouvernance des affaires internationales, le reste du monde (les non occidentaux) se doit de s’aligner derrière les BRICS. Les tentatives subversives des nostalgiques du monde unipolaire pour saboter l’émergence du monde multipolaire sont multiples et variées. Les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine, opprimés et victimes de l’histoire des relations internationales doivent audacieusement avoir l’humilité de se désolidariser des démarches des Etats-Unis et de l’OTAN, qui n’ont semé que peur, terreur et désolation dans le monde. La religion de ne doit être l’unique repère d’analyse du djihadisme. Car, le djihadisme est autre que la religion dont il est important de responsabiliser le djihadiste et non celle-ci.

L’ère où nous entrons, qui est celle du Multipolarisme, est prometteuse de paix, de justice et de solidarité internationales !

 

Mohamed Lamine KABA – Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, notamment pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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