11.10.2023 Auteur: Viktor Mikhin

La lutte des intérêts lors de la prochaine Conférence de Dubaï sur l’amélioration du climat mondial

Les résultats de la réunion des dirigeants mondiaux sur le changement climatique et les autres objectifs de développement durable (ODD) à l’Assemblée générale des Nations Unies ont été décevants, en raison de l’obstruction des pays occidentaux. D’où un certain nombre d’obstacles à surmonter lors de la Conférence des Parties des Nations Unies (COP28) qui se réunira en novembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Il convient de rappeler une fois de plus, que les travaux du ODD visent à lutter contre le changement climatique, àlutter contre la faim et à éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dans tous les pays.

Presque tout le monde à la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, et en particulier les pays membres des BRICS, a mis en garde contre les dangers auxquels le monde sera confronté si ces objectifs ne sont pas atteints d’ici 2030. Lors du sommet précédant la réunion de l’Assemblée générale des  Nations Unies, une déclaration sur le changement climatique et d’autres évolutions positifs a été adoptée, convenue en 2015. Outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la déclaration comportait 17 autres objectifs, notamment des questions relatives à la répartition équitable de l’eau et à la réduction des inégalités de niveau de vie entre tous les pays du monde. La déclaration dit : « La réalisation des objectifs de développement durable (ODD) est menacée…Nous sommes préoccupés par le fait que la plupart des objectifs de développement durable (ODD) progressent trop lentement ou tombent en dessous du niveau de référence de 2015 ».

L’ironie de cette situation est que les pays, principalement les signataires Occidentaux, font le strict minimum pour respecter leurs engagements ou reviennent sur certains de leurs objectifs juridiquement contraignants. La plus notable est la politique publique dans les pays développés, qui ne vise pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Les pays développés, notamment les États-Unis et l’Europe, réduisent l’aide internationale aux pays en développement ou la suppriment complètement. Par exemple, l’engagement d’aider les pays en développement à financer la transformation énergétique n’a pas été respecté, seule une petite fraction du montant convenu ayant été fournie.

Une autre, et probablement pas la dernière triste nouvelle, a été la déclaration du premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a considérablement affaibli les engagements du Royaume-Uni dans la lutte contre le changement climatique. La déclaration faisait état d’une prolongation de la période d’interdiction des nouvelles voitures à essence et diesel et du nouveau chauffage des maisons au gaz naturel jusqu’en 2035 au lieu de 2030. Un tel recul pourrait amener les groupes environnementaux à poursuivre le gouvernement devant La Cour de justice pour violation des obligations légales. C’est ce que font de nombreux pays d’Europe et des États-Unis. En ce qui concerne les cours,  il convient de noter que les personnes qui violent leurs obligations vis-à-vis des pays en développement, qui sont de plus en plus pauvres du fait de la dégradation du climat, y siègent.

Lors de la COP26, qui s’est tenue à Glasgow, le gouvernement britannique a largement annoncé qu’il était un chef de file dans la réduction des émissions de carbone. Il y a quelque temps, les conseillers gouvernementaux sur le climat ont averti que le rythme de l’action était en réalité « alarmant lent ».  Un mois après cet avertissement du Committee on Climate Change (CCC), le gouvernement de Sunak a approuvé plus d’une centaine de permis de forage de puits de pétrole et de gaz au large des côtes écossaises. Ces actions vont directement à l’encontre de la politique promise de passer des combustibles fossiles aux énergies renouvelables et aux sources d’énergie propres. C’est là que le vrai visage de la démocratie vantée a été révélé, lorsque les fondements de la démocratie et les promesses autrefois données sont violés au profit des petits intérêts. Si le président Vladimir Poutine a conclu que les États-Unis sont un empire de mensonges, on peut dire que l’Europe est également incluse dans cet empire notoire de mensonges, de tromperie et de promesses non tenues.

Le gouvernement britannique n’est pas le seul à refuser d’atteindre les objectifs fixés en matière de changement climatique. L’Accord de Paris, signé par 193 pays, prévoyait de limiter la hausse de la température sur terre à 1,5 °C d’ici 2030. Les pays industrialisés riches, qui représentent plus des trois quarts des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ne réduisent pas suffisamment leurs émissions pour atteindre l’objectif de L’Accord de Paris. Au contraire, ils augmentent la production de combustibles fossiles et en dépendent comme source d’énergie, comme le montre l’exemple britannique.

Ce printemps, l’administration américaine a approuvé des forages dans de vastes régions de l’Alaska et du golfe du Mexique, tandis que des concessions similaires dans le golfe Persique couvrent une zone de la taille de l’Italie. Selon un décompte de biologicaldiversity.org, en début d’année l’administration de Joe Biden a approuvé plus de permis de forage pétrolier et gazier que l’administration précédente de Donald Trump ne l’a fait dans tous les temps. Cela démonte complètement le slogan défendu par les États-Unis, qui prétendent être les premiers à lutter contre le changement climatique. L’administration de Joe Biden a approuvé 6 430 permis au cours des deux premières années de sa présidence, soit plus que les 6 172 permis de forage de Trump au cours de ses deux premières années de mandat.

D’autres grandes économies, de l’Australie au Japon en passant par l’Allemagne, reculent des promesses faites précédemment pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. L’augmentation de l’utilisation des centrales au charbon est un facteur important, car le charbon émet beaucoup plus de carbone dans l’atmosphère que le pétrole et le gaz. Les pays européens qui, pour des raisons politiques, ont abandonné le gaz russe bon marché et sont passés à l’utilisation du charbon, ont considérablement augmenté ces dommages.

Le ralentissement des mesures de lutte contre le changement climatique prises par les pays développés constitue un grave problème pour la prochaine conférence COP28 qui se réunira en novembre à Dubaï. Bien que les médias occidentaux parlent beaucoup du président de la prochaine conférence, en particulier du fait qu’il est le PDG d’une compagnie pétrolière et gazière émiratie, les politiques des pays occidentaux continuent de déranger les écologistes de l’ONU et n’ont rien à voir avec la lutte efficace pour améliorer le climat de la planète. Le président de la COP28 a souligné dans son article paru dans Fortune l’absence de progrès de la part des pays développés en ce qui concerne les objectifs liés au changement climatique. Il a mis l’accent sur la question du « financement du changement climatique » qui a dominé la COP27 à Charm el-Cheikh l’année dernière. Tentant de désamorcer le débat sur les combustibles fossiles, il a insisté sur ce point : « Il est temps de transformer le financement du changement climatique et de combler le déficit de 2 400 milliards de dollars ». Ce sont d’ailleurs les pays occidentaux qui ont largement creusé ce déficit, en prétextant des difficultés économiques et financières, tout en consacrant des centaines de milliards de dollars au financement de la guerre.

La conférence organisée en Égypte a permis de créer le fonds consacré aux pertes et aux dommages par les pays les plus vulnérables pour à faire face aux crises climatiques. La valeur de ce fonds s’élève à près de 2 500 milliards de dollars,  les pays riches se sont engagés à verser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2030. Mais même cette partie du montant total n’est pas encore garantie et, à en juger par les déclarations des dirigeants occidentaux, elle ne sera jamais déboursée.

Ahmed Al Jaber a écrit à juste titre: « Le monde est-il capable de mobiliser les milliards de dollars nécessaires pour financer le changement climatique? Je crois que la réponse est « oui ». Mais, et cela est compréhensible, de nombreux gouvernements, institutions financières internationales et secteur privé doivent faire des efforts concertés pour réformer l’architecture financière actuelle et mieux aligner les flux financiers mondiaux et nationaux sur les objectifs climatiques mondiaux. Est-ce que les pays occidentaux, dont le but principal est de tirer profit pour eux-mêmes, vent le faire? La réponse est une, il est peu probable que l’Occident le fasse,car il est plus rentable de déclencher des guerres, de créer des tensions dans toutes les parties du monde et de fournir des armes obsolètes mais mortelles à des prix gonflés.

Beaucoup se demandent maintenant si les pays du Sud réussiront à la prochaine COP28, à un moment où l’Occident sabote par tous les moyens des solutions positives pour améliorer le climat mondial et le problème croissant des émissions. Il convient également de souligner que de plus en plus de pays abandonnent les objectifs fixés par L’Accord de Paris pour réduire les émissions d’ici à 2030. Seuls les dirigeants de quelques pays, tels que les BRICS, sont intéressés et se battront activement pour améliorer les conditions climatiques de notre planète.

 

Victor MICHIN, membre correspondant de L’académie russe des sciences naturelles, especially for online magazine “New Eastern Outlook”.

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