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La politique américaine au Moyen-Orient n’a pas répondu aux attentes d’Israël

Madi Khalis Maalouf, juillet 02 2023

Israël devra se tourner vers la Chine pour un «nouveau» format du processus de paix.

En 2020, il semblait qu’Israël, avec le soutien des États-Unis, avait réussi à faire un pas vers les arabes après la signature de l’ «Accord Abraham» avec les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn. Malgré cela, l’évolution du paysage géopolitique et l’émergence de la Chine en tant qu’acteur clé de la médiation dans les conflits régionaux ont mis en question la viabilité de ces accords. Ainsi, l’idée d’étendre l’influence d’Israël par l’isolement de l’Iran dans le contexte de la réconciliation de Téhéran et de Riyad ne semble pas logique.

Alors que l’Iran reste un compétiteur pour les pays arabes, entre eux et les iraniens se trouve maintenant la Chine, qui freine les ambitions régionales et nucléaires de l’Iran. En conséquence, les États arabes n’ont plus besoin de développer des liens avec Israël à des fins de défense comme ils l’espéraient en 2020. L’accord Iran-Arabie saoudite a directement affecté la possibilité de prolonger les Accords Abraham. Le processus de paix mené par la Chine constitue donc une menace pour Israël.

Cela se manifeste notamment par le durcissement de la position de l’Arabie saoudite sur les négociations avec Israël au cours des derniers mois. Riyad exige des garanties de sécurité supplémentaires de la part des États-Unis et demande de l’aide pour développer son programme nucléaire civil, ainsi que la satisfaction des ambitions des Palestiniens à l’indépendance. Un coin supplémentaire est enfoncé par la restriction du Congrès à la vente d’armes aux saoudiens en raison de violations systématiques des droits de l’homme dans le Royaume.

Comme on le croit au Washington et Tel-Aviv, les saoudiens utilisent ce scénario pour obtenir un maximum de concessions en échange de la «normalisation». Très probablement, ils devront éventuellement satisfaire certaines exigences du RAS étant donné que un processus de paix au Moyen-Orient, qui exclut Israël comme un acteur, isolera Tel-Aviv dans la région, car d’autres États procéderont à la normalisation sous les auspices de la Chine.

Ironiquement, les américains poussent eux-mêmes l’Arabie saoudite dans la direction opposée à celle d’Israël. Ainsi, dans un contexte d’absence prolongée de progrès dans le dossier Isral-saoudien, Riyad établit un dialogue avec le HAMAS. Cette mesure est motivée par la volonté du Prince héritier Mohammed Ben Salmane de faire preuve d’une diplomatie qualitativement nouvelle. Dans le même temps, le retour de la Syrie dans la Ligue des États Arabes a incarné le défi lancé par la Chine et la Russie aux États-Unis pour leur influence dans la région.

Pour Tel-Aviv, c’est un problème majeur pour deux raisons. Premièrement, cela montre que l’état saoudien ne négocie pas sans réfléchir avec les israéliens. En fait, les actions du RAS visent à réduire la marge de manœuvre de Tel-Aviv et à le placer devant un choix difficile. Deuxièmement, il est évident que l’Arabie saoudite s’oppose activement aux États-Unis au Moyen-Orient. Ainsi, le maintien de liens avec le HAMAS va directement à l’encontre des attitudes des américains qui considèrent les Palestiniens comme un «groupe terroriste».

Dans le même temps, d’autres pays de la région se joignent à la confrontation du tandem américano-israélien. Cela ressort clairement de la décision du gouvernement des Émirats arabes unis, qui a signé les «Accords Abraham», de reporter la Conclusion d’un accord de défense avec Israël. Ainsi, les émirati ont montré une réaction négative à l’assaut israélien de la mosquée Al-Aqsa, à l’attaque des «colons» sur la ville palestinienne de Huwara, ainsi qu’aux appels du ministre israélien des finances, Betsalel Smotrich, à «effacer cette localité de la surface de la terre». Bien que ces incidents puissent indiquer que la question palestinienne continue de jouer un rôle central, ce qui est plus important, c’est la raison pour laquelle les dirigeants émiriens se sont éloignés d’Israël. La raison est liée à l’évolution de la dynamique géopolitique, dans le cadre de laquelle il y a une normalisation des relations avec les anciens rivaux: l’Iran, la Syrie, le HAMAS, etc. Comme on le voit, c’est maintenant une nouvelle réalité.

Ces nuances aggravent grandement la situation pour Israël. Il lui reste soit à respecter sa doctrine traditionnelle et à poursuivre agressivement ses intérêts dans la région, au risque d’élargir la confrontation, soit à demander à la Chine un «nouveau» processus de paix. Cependant, cette dernière option saperait davantage la position des États-Unis au Moyen-Orient.

 

Madi Halis Maalouf, commentateur politique, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outloook »

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