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Moyen-Orient : la destruction de Gaza, un miroir aux cercles de pouvoir occidentaux

Mohamed Lamine KABA, novembre 04

Dans l’Occident des droits de l’homme et des lumières, où les valeurs de justice et de liberté sont censées être sacrées, un génocide se déroule en silence à Gaza sous un regard dolosif et antithétique.

Moyen-Orient : la destruction de Gaza, un miroir aux cercles de pouvoir occidentaux

Cet article explore la dualité flagrante entre les discours humanitaires et les actions stratégiques des puissances occidentales. Alors qu’elles dénoncent publiquement les violations des droits humains à Gaza, elles continuent néanmoins de soutenir Israël économiquement et militairement, perpétuant ainsi le conflit. La destruction de Gaza émerge comme un symbole poignant de l’échec monumental de l’Occident sur l’échiquier mondial.
L’Occident continue de chanter son hymne à la liberté et à la démocratie, tandis que les ruines de Gaza couvrent les cris des innocents

Le blocus israélien imposé depuis 2007 a conduit à une crise économique et humanitaire majeure, mettant en lumière l’impuissance des cercles de pouvoir à assurer la protection des civils. Le conflit à Gaza reste malheureusement négligé, avec des implications profondes pour l’avenir des Palestiniens et la stabilité régionale. Cette situation nécessite urgemment une approche politique et stratégique, avec pour horizon une solution négociée à deux Etats, respectueuse des droits du peuple palestinien.

Le silence assassin : comment l’Occident a laissé Israël détruire Gaza

L’article incisif du journaliste Vincent Brown, publié le 7 octobre 2024 dans le prestigieux quotidien belge « La Libre », offre une perspective critique et éclairante sur le soutien occidental au conflit israélo-palestinien. À travers l’interview de Didier Fassin, éminent professeur d’éthique au Collège de France et auteur de « Une étrange défaite », l’article révèle comment la destruction de Gaza a été facilitée par une approbation tacite des Etats occidentaux, marquant une rupture historique avec leurs principes moraux depuis la Seconde Guerre mondiale.
Fassin démontre que ce soutien ne résulte pas d’une « honte morale » face aux erreurs passées envers le peuple juif, mais bien d’un calcul stratégique adossée à la politique étrangère de Washington visant à positionner Israël comme un bastion occidental face à des cultures perçues comme barbares. Alors que les grandes démocraties justifient leur position par le droit à l’autodéfense d’Israël, elles occultent systématiquement les droits légitimes du peuple palestinien, exacerbant ainsi l’écart hypocrite dans leur politique internationale. Ce double standard est particulièrement flagrant dans leur gestion des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine — pierre de touche des tensions contemporaines — encore accentué par leur rhétorique à deux vitesses et leur mépris pour la souffrance des sociétés civiles touchées. En résonance avec un monde multipolaire, l’article souligne que la quête d’alternatives par les pays du Sud face au diktat occidental devient inévitable, seul l’usage de menaces restant un levier de puissance pour l’Occident. Alors que les événements du 7 octobre 2023 ne saurait jamais justifier le plan proclamé par le chef de l’Etat juif et approuvé par ses alliés occidentaux pour exterminer un peuple entier, l’article de Brown se couple ingénieusement à l’ouvrage de Fassin pour habiller l’hypocrisie des élites occidentales en tenue d’Adam et Ève.

L’hypocrisie des cercles de pouvoir occidentaux : des discours humanitaires contre des actions stratégiques

Les gouvernements occidentaux, dont les Etats-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni, expriment régulièrement leur indignation face aux violations des droits humains à Gaza en qualifiant les actions israéliennes d’« inacceptables » et « contraires au droit international ». Cependant, leurs démarches concrètes sont en contradiction avec ces déclarations. Malgré les critiques verbales, un soutien économique et militaire conséquent continue d’être fourni à Israël, comme en témoigne l’aide militaire annuelle de 3,8 milliards de dollars des Etats-Unis, représentant environ 20% du budget militaire israélien. Cette assistance contribue au maintien du blocus sur Gaza, lequel entrave l’économie locale et l’accès aux services essentiels, et finance également des armes utilisées dans les opérations militaires sur place. De plus, les Etats-Unis usent régulièrement de leur veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour neutraliser les résolutions condamnant les actions israéliennes, bloquant ainsi les interventions internationales visant à mettre fin aux abus des droits humains. En parallèle, les critiques occidentales sur les colonies israéliennes en Cisjordanie restent verbales, aucune action concrète n’ayant été engagée pour démanteler ces implantations jugées illégales selon le droit international. Les priorités stratégiques, telles que le maintien d’une présence militaire dans la région, le contrôle des ressources énergétiques et la limitation de l’influence iranienne, expliquent cette hypocrisie. Les conséquences sont lourdes : perpétuation du conflit, souffrances des Palestiniens, perte de crédibilité de la minorité occidentale et montée du ressentiment régional. Une réévaluation des priorités s’impose pour aligner les actions sur les discours humanitaires et promouvoir une paix équitable et durable.

La destruction de Gaza : un symbole de l’échec de l’Occident sur l’échiquier mondial

La destruction de Gaza illustre une série d’échecs multidimensionnels de l’Occident qui, d’ailleurs est une continuité historique, en particulier des Etats-Unis et de l’Union européenne, sur le plan humanitaire, politique, stratégique et moral. Le manque de protection des civils palestiniens et l’incapacité à favoriser une paix durable ont conduit à des souffrances humaines majeures, sapant ainsi la légitimité occidentale sur la scène internationale. Sur le plan humanitaire, cette crise a atteint des proportions inédites, avec des chiffres alarmants tels que plus de 46 000 logements détruits et une dépendance de 80% des habitants à l’aide humanitaire. Politiquement, l’échec des négociations de paix et des contradictions dans les déclarations officielles ont permis la poursuite de l’occupation israélienne, entravant la formation d’un Etat palestinien viable. Stratégiquement, la région est devenue un foyer d’instabilité (Iran, Liban, Syrie, Egypte, etc. sous vecteurs aériens d’Israël), menaçant les intérêts économiques et géopolitiques occidentaux, tout en érodant leur crédibilité en matière de droits humains. Moralement, les principes de justice et d’égalité sont bafoués, menant à un renforcement de l’extrémisme. Il est crucial pour l’Occident de reconnaître ses responsabilités et d’agir pour instaurer une paix équitable et durable.

Un conflit oublié, des conséquences durables : l’avenir des Palestiniens en jeu

Le conflit israélo-palestinien, perçu comme « oublié » par les sphères de pouvoir occidentales, demeure une réalité accablante pour les Palestiniens, mettant en péril leur avenir avec des conséquences durables en l’absence de solutions. Ce conflit entraîne des impacts dévastateurs tels que le déplacement de plus de 5 millions de personnes, une pauvreté touchant plus de 30% de la population, le manque d’accès à des services essentiels comme l’éducation, la santé, l’eau et l’électricité, ainsi que des traumatismes psychologiques chez de nombreux enfants. Les échecs des puissances occidentales se manifestent par l’impasse des négociations de paix, les vétos réguliers aux résolutions de l’ONU et une aide humanitaire insuffisante.

A long terme, ce conflit risque de favoriser la radicalisation, d’envenimer une instabilité régionale déjà inquiétante et de miner la crédibilité des pouvoirs occidentaux. Il est donc crucial d’adopter des solutions telles que la reconnaissance de l’Etat palestinien, des négociations de paix sérieuses, un soutien humanitaire et économique, ainsi qu’une protection renforcée des droits humains. Le conflit israélo-palestinien ne doit donc pas être relégué au second plan. Les conséquences sont tangibles et persistantes, et il est impératif que les puissances occidentales agissent de manière concrète pour bâtir une paix équitable et durable, en collaborant avec l’Alliance BRICS.

On peut dire que l’Occident continue de chanter son hymne à la liberté et à la démocratie, tandis que les ruines de Gaza couvrent les cris des innocents. L’histoire se répète, les leçons ne sont pas apprises. Ils (occidentaux) sont les héritiers des Lumières – prétendent-ils, mais ils ont oublié l’art de voir. Ils sont les défenseurs des droits de l’homme – disent-ils, mais ils ont perdu l’usage de leur conscience. Gaza est le miroir de leur âme, et il reflète leur honte.

 

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

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