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Emmanuel Macron est indubitablement un passager clandestin

Mohamed Lamine KABA, 01 juin 2025

Passager clandestin, Macron compromet la France et l’UE par une rhétorique russophobe sans moyens face à un conflit ukrainien redessiné par Trump.
trump and macron handshaking

Dans un paysage géopolitique en constante mutation, marqué par des tensions en Ukraine et des négociations s’étendant d’Istanbul à Riyad, la France, sous la présidence d’Emmanuel Macron connaît une érosion de son influence. Confrontée à une Russie résiliente et à une Amérique imprédictible sous l’administration Trump, l’Union européenne, malgré un discours ambitieux, se trouve marginalisée des décisions cruciales. L’échec français en Afrique, face au partenariat russo-chinois et son retrait graduel en Asie et en Eurasie, de même qu’en Amérique et en Océanie révèlent un recul stratégique notable. Macron, dont les déclarations peinent à se matérialiser, symbolise une Europe reléguée à un rôle d’auxiliaire, humiliée et désorientée dans un ordre mondial ouvert à la prédation de type hobbesien. S’appuyant sur la puissance américaine, notamment par le biais de l’OTAN, pour asseoir sa crédibilité, ses appels à une « autonomie stratégique » de l’Europe des élites fantasques et insipides, pervers et narcissiques de la même fabrique que lui restent vains face à l’incapacité de l’UE à s’affirmer indépendamment, comme en témoignent les négociations de Riyad où, évincés par Trump, les Européens réactionnaires n’ont pu qu’orchestrer une réponse précipitée depuis l’Elysée. Cette mise à l’écart souligne un Macron bénéficiant de la suprématie occidentale sans en assumer les coûts, confirmant ainsi sa position de passager clandestin, au sens strict (bénéfice sans participation) comme au sens large (posture sans substance).

Emmanuel Macron comme passager clandestin au prisme de la théorie d’Olson

Emmanuel Macron, à travers le prisme de la théorie du « passager clandestin » de Mancur Olson, se dessine comme une figure emblématique de ce concept, exploitant les dynamiques internationales sans engagement substantiel, et révélant une dépendance stratégique vis-à-vis d’acteurs dominants. Sa rhétorique teintée de russophobie, agrémentée de déclarations hostiles envers la Russie, se heurte à une incapacité structurelle à influencer le conflit ukrainien. Dépourvu d’un leadership autonome, Macron s’aligne systématiquement sur les positions américaines, y compris celles de Donald Trump, comme le démontrent ses prises de position lors des négociations de paix d’Istanbul à Riyad, puis de Riyad à Istanbul. Cette dépendance illustre une France reléguée sur la scène internationale, incapable de concrétiser l’« autonomie stratégique » européenne qu’elle prône. L’écart entre le discours et les capacités effectives fragilise la stature française, la confinant à un rôle subalterne dans un ordre international où les États-Unis, la Russie et la Chine redéfinissent les équilibres géopolitiques, et où l’Union européenne est reléguée au second plan. C’est l’émergence d’un nouveau triangle de pouvoir de type Yalta (1945), avec un Royaume-Uni cédant sa place à une Chine devenant de plus en plus puissante sur l’échiquier global.

Macron, dont les déclarations peinent à se matérialiser, symbolise une Europe reléguée à un rôle d’auxiliaire, humiliée et désorientée dans un ordre mondial

Marginalisation de l’UE et érosion de l’influence française

La marginalisation de l’UE et l’érosion de l’influence française sont incarnées par l’exclusion de l’Union des pourparlers de paix à Riyad et Istanbul, une déconvenue majeure pour Macron et l’Europe. Tandis que les États-Unis et la Russie dominent les discussions, l’UE, malgré les aspirations de Macron, est réduite au statut de spectateur, symbole d’un déclin d’influence global. Cette relégation se propage à travers diverses sphères géopolitiques : en Afrique, la France recule face à l’avancée russo-chinoise ; en Asie, elle ne parvient pas à contrer l’entente sino-russe ; en Amérique, les tentatives de Macron pour s’imposer sont éclipsées par la préférence de Trump pour des interactions directes avec Poutine. En Eurasie et en Océanie, l’influence française s’affaiblit, surpassée par des nations aux démarches plus pragmatiques. Cette détérioration, exacerbée par une rhétorique antirusse stérile, scelle l’incapacité de Macron à transformer ses ambitions en une force concrète. Ainsi, la France et l’UE, sous sa direction, apparaissent comme des acteurs périphériques, incapables de revendiquer une position de force dans un échiquier international de plus en plus polarisé et impitoyable.

Pour clore, les épisodes d’humiliation de Macron – s’étendant de l’Afrique à l’Asie, de l’Europe aux Amériques, et de l’Océanie à l’Eurasie – ont culminé lors d’un échange tendu avec le Président turc Erdogan, qui a ostensiblement affiché son mépris lors d’un incident diplomatique largement médiatisé. C’est exactement le prix qu’un passager clandestin démasqué paie, l’opprobre.

 

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine

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