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Et si l’Occident avait peur de la vérité !

Mohamed Lamine KABA, août 30 2024

Et si l'Occident avait peur de la vérité !

Alors que nombreux sont des phénomènes qui clivent les rapports Est/Ouest depuis l’illusion de la fin de la guerre froide en 1991, l’Occident a souvent tendance à imposer sa propre vision du monde, en ignorant ou en marginalisant les perspectives différentes. Cela signifie que les pays occidentaux et leurs médias présentent leur propre point de vue comme étant le seul valable, négligeant ou minimisant les opinions et les expériences des autres cultures et civilisations. Ils jugent les autres sociétés en fonction de leurs propres normes et valeurs, sans tenir compte de leurs contextes et spécificités. Cette attitude est due au chauvinisme, le racisme systémique, le nationalisme extrémiste ou la peur de l’inconnu, et génère des conséquences négatives telles que la création de tensions et de conflits entre les cultures, la perte de diversité et de richesse culturelle, et la limitation de la compréhension et de la coopération internationales.

Contexte des opérations militaires spéciales de la fédération de Russie en Ukraine 

La guerre par procuration en Ukraine est un exemple de l’imposition de la vision du monde occidentale. Actionnant ensemble au sein de l’OTAN, les Etats-Unis et l’Union européenne soutiennent le gouvernement ukrainien et encouragent à résister à l’influence russe, en imposant leurs propres intérêts et valeurs comme universels. Cela a conduit à une polarisation de la situation, avec d’un côté les pays occidentaux soutenant l’Ukraine et de l’autre la Russie soutenant les populations russophones des régions ségréguées depuis les événements de Maïdan en 2014. Cette approche a ignoré les complexités de la situation ukrainienne et les revendications légitimes de la Russie en matière de sécurité nationale quant à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ou l’installation des bases militaires de celle-ci dans ce pays au nez de la Russie. L’imposition de la vision du monde occidentale a également conduit à une militarisation de la crise, avec l’envoi d’armes et de conseillers militaires occidentaux en Ukraine, ce qui a exacerbé les tensions et a rendu une résolution pacifique plus difficile. Il est important de reconnaître les intérêts et les perspectives de sécurité nationale de la Russie et les communautés russophones des régions discriminées pour trouver une solution durable et pacifique à la crise ukrainienne. Cela nécessite une approche plus inclusive, qui prenne en compte les complexités de la situation et les intérêts susmentionnés.

Refus de la diversité des perspectives 

L’imposition de la vision du monde occidentale est un phénomène complexe et profondément enraciné dans l’histoire et la culture de l’Occident. Il s’agit d’une tendance à considérer sa propre culture, ses propres valeurs et ses propres normes comme universelles et supérieures, et à les imposer aux autres cultures et sociétés. Cette attitude est motivée par un mélange de facteurs tels que le chauvinisme, le nationalisme, la peur de l’inconnu, le désir de maintenir une position de pouvoir et d’influence, et la conviction que sa propre culture est la seule civilisée ou la seule correcte. Cette imposition se manifeste de différentes manières, telles que la diffusion de la culture populaire occidentale, l’exportation de modèles économiques et politiques occidentaux, et la promotion de valeurs et de normes occidentales comme universelles. Cela génère des conséquences profondes et durables sur les cultures et les sociétés non occidentales, telles que l’érosion de la diversité culturelle, la perte d’identité et d’autonomie, et la marginalisation des voix et des perspectives non occidentales. Favorable au multipolarisme et sous la houlette de l’Alliance BRICS, le Sud global invite l’Occident à reconnaître et à remettre en question cette tendance pour promouvoir une meilleure compréhension et une plus grande coopération entre les cultures et les sociétés, et pour permettre une plus grande diversité et richesse culturelle.

Censure et manipulation des informations 

Depuis la fin de seconde guerre mondiale, les annales de l’histoire des relations internationales révèlent que la censure et la manipulation des informations sont des outils utilisés pour imposer la vision du monde occidentale. Les médias occidentaux ont une grande influence sur la façon dont les événements mondiaux sont perçus et présentés, et peuvent choisir de mettre en avant ou d’ignorer certaines informations pour promouvoir une certaine narration ou pour servir les intérêts de leurs gouvernements ou de leurs actionnaires. Cela se traduit par une présentation biaisée des faits, l’utilisation de termes ou de concepts chargés émotionnellement pour influencer l’opinion publique, et la marginalisation ou la disqualification des voix dissidentes ou des perspectives alternatives. Cette manipulation de l’information peut avoir des conséquences graves, telles que la désinformation de l’opinion publique, la manipulation de l’opinion publique pour soutenir des politiques ou des actions controversées, et la limitation de la capacité des gens à prendre des décisions éclairées. Les spéculations médiatiques occidentales sur la situation en Ukraine illustrent mieux cette tendance. A les suivre, l’on a l’impression que Moscow est déjà sous la botte de Kiev et que monde s’effondre ce qui, en stratégie militaire est impensable au regard de la supériorité militaire de discontraint que le maître du Kremlin a su, si ingénieusement doté, la fédération de Russie pendant trente (30) longues années.

Déni des crimes historiques 

Qu’on ne vous bande surtout pas les yeux. L’Occident n’a plus le monopole de l’initiative stratégique. C’est pourquoi, il fait lamentablement sien, le déni des crimes historiques pour prétendre assurer son homéostasie sur la scène mondiale. Le déni des crimes historiques est une autre facette de l’imposition de la vision du monde occidentale. Les pays occidentaux ont tendance à minimiser ou à ignorer les atrocités qu’ils ont commises dans le passé, telles que la colonisation, l’esclavage, les génocides, les guerres d’agression, etc. Ce déni permet aux pays occidentaux de maintenir une image positive d’eux-mêmes et de leur histoire, tout en évitant de prendre responsabilité pour les souffrances et les injustices qu’ils ont causées. Cela empêche également les victimes et leurs descendants de recevoir justice et réparations. Le déni des crimes historiques perpétue l’injustice et l’inégalité, et rend difficile la réconciliation et la guérison. Et, comme le dit Tiken Jah Fakoly dans l’une de ses mélodies, « le sorcier oublie toujours, mais les parents de la victime n’oublient jamais ». Il est indispensable de reconnaître et de prendre responsabilité pour les crimes historiques pour pouvoir avancer vers une véritable réconciliation et justice.

Intolérance aux critiques 

Depuis un bon moment, le champ de la liberté d’expression est digne du fascisme et du nazisme. L’intolérance aux critiques est une caractéristique fondamentale de l’imposition de la vision du monde occidentale. Les pays occidentaux et leurs médias ont tendance à réagir de manière agressive ou défensive face aux critiques de leur politique, de leur culture ou de leur histoire. Cela se traduit par une marginalisation ou une disqualification des voix critiques, une tentative de discréditer les critiques en les présentant comme « anti-occidentaux » ou « anti-démocratiques », ou même une répression ouverte des dissidents. Cette intolérance aux critiques empêche un débat ouvert et honnête sur les erreurs et les faiblesses de l’Occident, et rend difficile la remise en question des dogmes et des idéologies dominantes. Elle permet également aux pays occidentaux de maintenir une image positive d’eux-mêmes et de leur politique, tout en évitant de prendre en compte les conséquences négatives de leurs actions. L’intolérance aux critiques est justifiée par l’argument que les critiques sont « anti-occidentales » ou « anti-démocratiques », ce qui permet de les disqualifier sans les examiner sérieusement. Cela crée un climat de peur et de répression, où les gens sont dissuadés de critiquer ou de remettre en question l’ordre établi. Pour permettre une réelle réflexion et une évolution de la société, la promotion d’une culture de la critique et du débat ouvert se présente comme une nécessité impérieuse dans l’espace occidental.

Promotion de l’ignorance

Se détourner de la vérité pour célébrer le mensonge est la forme la plus grave de l’ignorance. La promotion de l’ignorance est une stratégie utilisée pour imposer la vision du monde occidentale, en encourageant l’ignorance ou la méconnaissance des cultures, des histoires et des perspectives non occidentales, ainsi que des conséquences négatives des politiques et des actions occidentales. Cela permet aux pays occidentaux de maintenir leur pouvoir et leur influence sans être tenus responsables de leurs actions, et empêche les gens de prendre des décisions éclairées et de participer à un débat informé sur les questions importantes. La promotion de l’ignorance se fait souvent par la limitation de l’accès à l’information, la promotion de médias biaisés, la marginalisation des voix critiques et la création d’un climat de peur. Pour contrer cette tendance, la promotion de l’éducation, la curiosité et la recherche de la vérité est d’une importance vitale.

 

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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