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L’approfondissement de la crise de l’Occident

Vladimir Mashin, août 06

L’approfondissement de la crise de l’Occident

Les événements dramatiques de juillet ont secoué non seulement l’Amérique, mais aussi toute la communauté occidentale. Le conflit opposant les deux principaux partis américains, les démocrates et les républicains, a conduit le monde entier à reconsidérer les capacités des États-Unis.

Le fait que Biden ait obstinément assuré tout le monde de sa capacité à diriger les États-Unis pendant encore quatre ans, pour ensuite, sous la pression de la direction du Parti démocrate, abandonner cette idée, a terni l’image de l’Amérique aux yeux du monde entier.

Révolution de palais

La presse de nombreux pays du Sud Global, notant le rôle décroissant des États-Unis dans le monde, a qualifié la décision de Biden de ne pas se représenter pour un nouveau mandat présidentiel de « révolution de palais silencieuse ». Le journal turc Daily Sabah a parlé de sorte de coup d’État démocratique.

Le journal saoudien Arab News a qualifié d’échec colossal le fait que « le pays ne puisse pas protéger son ancien président, ainsi que le prétendant au poste de prochain chef d’État ».

De nombreuses critiques ont été adressées à la politique étrangère de l’administration Biden, qu’il est difficile de qualifier de réussie, tant en ce qui concerne la guerre en Ukraine, la guerre à Gaza, ainsi qu’en Afghanistan et dans d’autres régions du globe.

La presse arabe a clairement conclu que Washington avait subi un échec évident même dans ses actions contre les Houthis yéménites, dont les attaques ont essentiellement abouti à une « victoire technologique et symbolique ». Le 25 juillet, le journal français Le Monde a exprimé cette idée différemment : « l’armée occidentale est impuissante à arrêter les attaques des Houthis ».

L’image des États-Unis s’effondre

Les pays du Sud Global sont de plus en plus convaincus que les Américains ne réussissent qu’à créer des problèmes, mais pas à les résoudre. Le site Al Jazeera, paraphrasant la déclaration de Joe Biden sur son retrait de la course présidentielle, selon laquelle « il n’y a rien que l’Amérique ne puisse faire », a noté le 21 juillet que, indépendamment de qui est aux commandes de l’Amérique, les Américains ne réussissent qu’à « causer des souffrances universelles ».

Le site de la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya a été très critique à l’égard de la capacité de Kamala Harris à devenir leader, estimant qu’elle « manque des qualités présidentielles présentes chez d’autres candidats du Parti démocrate ».

Aux États-Unis mêmes, il y a des mécontentements quant à la rapidité avec laquelle la direction du parti démocrate a désigné Kamala Harris comme successeur de Biden, contournant les procédures établies. Le mouvement « Black Lives Matter » a notamment exprimé bruyamment ce mécontentement.

Les politologues européens ont récemment conclu que Biden était l’un des derniers partisans d’une politique appelée atlantisme ou transatlantisme, c’est-à-dire l’unification des puissances des deux côtés de l’océan Atlantique. Entre-temps, Trump et Vance ont déjà déclaré qu’ils voulaient revoir les relations entre les États-Unis et l’OTAN, ainsi que la contribution de l’Amérique à l’alliance. Par conséquent, le New York Times du 22 juillet a constaté que « sous leur mandat, l’ère de la sécurité européenne sponsorisée par les États-Unis pourrait bien toucher à sa fin ».

Trump a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaitait obtenir la fin rapide de la guerre en Ukraine, même si cela impliquait « une perte de territoire au profit d’une Russie renforcée et enhardie ».

L’agence Bloomberg, le 24 juillet, a tristement reconnu que « le grand hégémon libéral que sont les États-Unis renonce soit à l’hégémonie, soit au libéralisme, soit peut-être aux deux ».

Il est à noter qu’un site américain, tentant de prévoir les actions de Trump après sa victoire à l’élection du 5 novembre, a suggéré que, dès le dépouillement des voix, le président nouvellement élu pourrait proposer l’idée de tenir à Budapest, sous son égide, une réunion des présidents de la Russie et de l’Ukraine. Les détails de ce possible sommet seront par la suite élaborés par le premier ministre Orban par des canaux diplomatiques. Il n’est pas exclu que cette initiative soit réalisée immédiatement après l’inauguration du président des États-Unis le 20 janvier, bien que Kiev puisse être représentée à ce moment-là par un président portant un autre nom.

On peut affirmer avec certitude que juillet 2024 a été un bouleversement colossal non seulement pour les États-Unis mais aussi pour l’Occident dans son ensemble.

 

Vladimir Machine, candidat en sciences historiques, observateur politique, spécialement pour le magazine en ligne « New Eatern Outlook »

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