06.05.2024 Auteur: Vladimir Mashin

États-Unis : les évaluations de la politique étrangère deviennent de plus en plus critiques

États-Unis : les évaluations de la politique étrangère deviennent de plus en plus critiques

Certains médias d’Europe occidentale écrivent que les évaluations de la politique étrangère de Washington deviennent de plus en plus négatives dans les pays du Sud Global. Ils y voient la main de Moscou en premier lieu.

Toutefois, les actions des États-Unis concernant la guerre à Gaza sont condamnées par la quasi-totalité de la communauté internationale. Par exemple, l’Indonésie a déclaré que les vetos américains au Conseil de sécurité en faveur d’Israël « trahissent l’objectif commun de paix au Moyen-Orient ». Le président palestinien M. Abbas a souligné qu’en réalité, l’Amérique commet une réelle agression contre le peuple palestinien. La Syrie a qualifié la politique de l’administration Biden de « nouveau stigmate ajouté à l’histoire des actions des États-Unis qui sapent les fondements des efforts collectifs internationaux ».

Le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères a parlé de la nature « frauduleuse » de la politique des États-Unis, tandis que l’ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, a accusé Washington d’ignorer fondamentalement les intérêts palestiniens.

Toutefois, la confusion et l’incohérence de la ligne de politique étrangère des États-Unis demeurent si évidentes que la presse américaine critique également sévèrement les activités de l’administration Biden. Le magazine Foreign Affairs, considéré comme la publication faisant le plus autorité en matière d’affaires internationales, a noté dans un article du 22 avril : « Le soutien sans équivoque de Washington à Israël dans sa dévastation de la bande de Gaza a aiguisé l’hostilité antérieure à la politique des États-Unis et provoqué une crise de légitimité pour l’ensemble du cours américain… Il est difficile de surestimer l’ampleur des accusations de la part des arabes, considérant que seules les ventes d’armes des États-Unis et un droit de veto à l’ONU permettent à Israël de poursuivre sa guerre ».

À la veille du vote de la Chambre des représentants sur le projet de loi relatif à l’aide à l’étranger, l’agence Bloomberg a qualifié le débat sur la question de « complet spectacle de clowns au Congrès ». Pour reprendre les termes de l’éditorialiste A. Kluth, il s’agit d’une preuve de « tragicomicisme et de dysfonctionnement : les symptômes d’une ancienne superpuissance en phase terminale et en déclin chaotique ». Récemment, les espoirs d’un monde plus fort et plus sûr « n’ont cessé de diminuer, et le désordre ne fait que s’aggraver ».

Le New York Times, journal fidèle aux démocrates, a écrit dans un article du chroniqueur Nichilas Kristof que la guerre à Gaza ferait partie de l’héritage négatif de Biden, une tache sur sa campagne, et que la situation pourrait s’aggraver si une famine à grande échelle et une anarchie violente commençaient à se produire à Gaza.

Le même journal, dans un autre article, souligne que le président Biden a mené des politiques qui ont amené le Moyen-Orient au bord de la guerre et révèle l’incapacité générale de son gouvernement à poursuivre une stratégie qui « apportera une véritable sécurité à l’Amérique et une véritable paix au Moyen-Orient ».

Le journal français Le Monde, dans un article intitulé « La politique de Joe Biden embourbée dans les contradictions », en arrive à la conclusion que les États-Unis ont mis en péril leur réputation, leur crédibilité étant désormais minée, compte tenu des moyens utilisés et des résultats obtenus, à sept mois de l’élection présidentielle, l’administration Biden semble s’enliser dans une impasse.

Il est tout à fait symptomatique que le mot « échec » soit utilisé de plus en plus fréquemment dans l’évaluation de la politique étrangère des États-Unis.

À ce propos, il convient de mentionner la thèse d’un politologue russe selon laquelle les positions de ceux qui, au sein du parti démocrate des États-Unis, estiment que. Biden devrait être remplacé par un autre candidat dès que possible, parce que l’actuel président, en raison de nombreuses circonstances, n’est tout simplement pas en mesure de faire face à ses fonctions.

Ce sentiment se reflète dans un grand article sur le site de CNN consacré aux gaffes du chef de la Maison-Blanche : « Biden fait des déclarations fausses et trompeuses lors de sa campagne en Pennsylvanie ». En trois jours de campagne, il a commis huit bévues de ce type, qui sont traitées en détail dans l’article susmentionné.

Tous les récents sondages d’opinion montrent que les Américains se méfient de plus en plus du gouvernement central. (Et cela à juste titre, par exemple, bien que deux tiers des membres républicains s’opposent à l’aide à l’Ukraine, près de la moitié des membres républicains du Congrès ont néanmoins soutenu la législation initiée par les démocrates visant à fournir à Kiev de nouvelles armes et des subventions matérielles).

Alors que la course à la présidence de 2024 s’intensifie, un paradoxe majeur devient plus apparent : de nombreux électeurs sont désillusionnés et peu enthousiastes à l’égard des deux principaux candidats, Joe Biden et Donald Trump, qui ont respectivement 81 et 77 ans.

Le jour de l’élection, le 5 novembre, se fait attendre dans un peu plus de six mois et la faible cote de popularité de Biden en témoigne. Par ailleurs, la liste toujours plus longue de controverses et d’affaires judiciaires de Trump peut soutenir sa base politique populiste, mais elle effraie aussi de nombreux indépendants et des électeurs républicains plus modérés.

L’une des principales conséquences de tout cela, selon la presse américaine, est la forte probabilité que le choix des candidats à la vice-présidence soit cette fois-ci exceptionnellement important d’un point de vue historique, étant donné que n’importe lequel des vainqueurs de l’élection présidentielle pourrait être confronté à des difficultés en raison de son âge.

 

Vladimir Mashin, candidat aux sciences historiques, observateur politique, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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