01.04.2024 Auteur: Mohamed Lamine KABA

Les attentats terroristes en Russie : attitudes coupables et complices de l’Occident collectif

Les attentats terroristes en Russie : attitudes coupables et complices de l’Occident collectif

Alors que les attentats terroristes perpétrés dans l’espace occidental ont toujours fait l’objet de condamnation massive à travers le monde, ceux perpétrés dans les territoires hors-occident sont célébrés (les auteurs accueillis en héros) en Occident où ils passent sous un silence absolu des médias occidentaux. Les attentats du Crocus City Hall le 22 mars 2024 en banlieue de Moscou en Russie en est une illustration parfaite. Perpétrés deux semaines après que l’alerte soit donnée par l’Ambassade américaine à Moscou, les États-Unis de l’OTAN semblent bien avoir une connaissance sur les auteurs, les commanditaires et les motivations de ces attentats monstrueux. Cependant, ils n’ont pas informé les services spéciaux de la Fédération de Russie de l’acte terroriste préparé qui a coûté la vie à plus de 140 personnes – hommes, femmes et enfants – abattues de sang-froid, ce qui constitue une preuve irréfutable de la cruauté de l’Occident et de sa volonté d’outrepasser toutes les règles et lois qui régissent le fonctionnement normal de la communauté internationale.

A la suite de ces attentats, les médias occidentaux n’ont pas hésité de s’inscrire dans une posture de réjouissance, manifestant ainsi à la fois joie et désenchantement. Joie parce que les terroristes « missionnaires » ont semé peur et terreur sur le sol Moscovite de Russie et désenchantement parce que, la puissance de la Russie a su contenir la propagation de la peur et de la terreur en neutralisant, avec grande habileté, les assaillants formés et entrainés aux méthodes occidentales du terrorisme, de l’extrémisme violent et du crime organisé transnational. Comme pour dire que l’Etat russe a toute la capacité nécessaire pour « assurer l’ordre à l’intérieur et la puissance à l’extérieur ». C’est pourquoi, le retour de l’Etat militaire qui invoque le retour de l’état de guerre semble évidente dans la dynamique actuelle de la scène mondiale.

Cet article expose la logique conjecturelle de l’Occident face aux attentats terroristes perpétrés dans son espace géographique (I) et ceux perpétrés ailleurs dans le reste du monde (II).

I. La logique conjecturelle de l’Occident face aux attentats terroristes dans l’espace occidental

Depuis les événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, l’approche et la rhétorique des occidentaux ont toujours varié selon les pays frappés par le terrorisme et les méthodes de répression varient toujours selon qu’il s’agit d’un pays de l’Occident Otanesque, d’un pays aspirant-membre de l’OTAN, ou tout simplement d’un pays non occidental et ne partageant pas les valeurs de l’Occident. Cette partie de l’article expose la logique de l’Occident face aux attentats terroristes dans l’espace OTAN (A) et ceux perpétrés dans les pays occidentaux mais non membres de l’OTAN (B).

A. Les attentats dans les pays occidentaux membres de l’OTAN

Dans la réalité des faits, un attentat perpétré dans un pays occidental membre de l’OTAN, quel que soit le pays, obtient une certaine consonance dans la rhétorique des dirigeants et spécialistes occidentaux. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un regard sur les discours de circonstance des dirigeants et spécialistes à la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux USA, de Bataclan en 2015 et de Nice en 2016 (France) et bien d’autres encore.

B. Les attentats dans les pays occidentaux non membres de l’OTAN

Les attentats terroristes perpétrés dans les pays occidentaux mais non membres de l’Occident ont toujours été caractérisés par une rhétorique digne de la dissonance cognitive. L’on a comme l’impression que les pays n’ont pas la même valeur quand il s’agit de l’OTAN et quand il s’agit de l’Occident tout simplement. Cette différence de traitement débouche sur une accumulation de frustrations au sein de l’espace occidental. Ce qui, d’ailleurs fait que l’Occident « porte en son sein les germes de sa propre destruction », pour paraphraser Marx.

II. La logique conjecturelle de l’Occident face aux attentats terroristes ailleurs dans le reste du monde

La thèse de Juvin selon laquelle tout Etat qui s’avère incapable « d’assurer l’ordre à l’intérieur et la puissance à l’extérieur » s’étiole n’est pas entièrement fausse dans un monde où l’équilibre de la terreur est la règle de jeu. Portant un regard satirique sur la logique conjecturelle de l’Occident, cette partie de l’article démontre l’importance pour les Etats de se doter de la force de dissuasion dans un contexte de mondialisation et de globalisation escamotées. C’est-à-dire, la puissance nucléaire ou la supériorité militaire de dis contraint à l’image de la fédération de Russie. Car, sans la supériorité militaire de dis contraint, l’Occident global aurait fini d’infliger une nouvelle « Perestroïka » et une nouvelle « Glasnost » à la grande Russie de l’alliance BRICS, pionnière du multipolarisme. Il s’agit bien d’examiner les attitudes de la géométrie variable que l’Occident collectif affiche lorsqu’un attentat terroriste est perpétré dans une puissance nucléaire non occidentale (A) et lorsqu’il est perpétré dans un Etat du Sud global (B).

A. Les attentats terroristes dans les puissances nucléaires non occidentales

A l’image des attentats terroristes du 22 mars 2024 à Moscou, l’Occident s’est toujours réjoui de la déstabilisation des puissances émergentes qui profilent à l’horizon. Les nouvelles faisant état des attaques terroristes menées en dehors de l’espace géographique occidental ont toujours été accueillies par les nostalgiques de l’unipolarisme avec un rire tonitruant. L’attaque du navire humanitaire au Mali et autres attentats terrestres, maritimes et aériens en Afrique, en Asie et en Amérique Latine en font foi.

B. Les attentats terroristes dans le Sud global

Tout comme l’entrée des États-Unis dans la seconde guerre mondiale a été motivée par l’attaque de la base navale Pearl Harbor par les forces aéronavales japonaises le 7 décembre 1941, les attentats dans le Sud global (péjorativement composé de « pays périphériques ») sont perpétrés pour motiver et justifier la présence impérialiste de l’Occident dans cette partie du monde. Le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé transnational ne sont qu’une continuation de la politique étrangère des pays occidentaux sous autres formes, la terreur comme moteur du pillage et de spoliation des ressources des Etats légers d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine.

A la lumière de ce qui précède, nous pouvons déduire que l’Occident est un excellent laboratoire d’expérimentation de la théorie de Cesare Lombroso sur le « criminaloïde ». Nul n’ignore aujourd’hui que la fédération de Russie de l’alliance BRICS est l’antidote du virus « Occident » qui s’est propagé sur la planète-terre et que le monde est désormais multipolaire. Le monde marche avec ou sans la minorité occidentale, nostalgique de l’unipolarisme. Parler de l’Etat islamique (une organisation terroriste interdite dans la Fédération de Russie) dans ces attentats survenus dans la nuit du 22 mars 2024 en Russie est une stratégie malicieusement élaborée pour brouiller les pistes de recherche des autorités russes en matière de responsabilité des auteurs et commanditaires.

 

Mohamed Lamine KABA – Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine, notamment pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

Articles Liés