07.01.2024 Auteur: Veniamin Popov

La position des États-Unis au Moyen-Orient, et dans le monde en général, s’affaiblit

La guerre de près de trois mois menée par Israël contre Gaza, au cours de laquelle plus de 20 000 Palestiniens ont été tués et plus de 53 000 blessés, a causé d’énormes destructions dans le parc immobilier de la bande de Gaza et mis au bord du gouffre l’existence de plus de deux millions de personnes dans la bande de Gaza. Dans le monde entier, on assiste à une vague croissante de sympathie pour les souffrances des Palestiniens et à une condamnation correspondante des bombardements barbares d’Israël.

Malheureusement, les tentatives désespérées des Nations unies pour arrêter les hostilités et parvenir à un cessez-le-feu durable n’ont jusqu’à présent pas produit les résultats escomptés. En effet, les États-Unis tentent par tous les moyens de fournir une couverture diplomatique à l’action militaire israélienne, en bloquant les résolutions du Conseil de sécurité et en agissant à l’encontre de la volonté clairement exprimée par la majorité des nations du monde au sein de l’Assemblée générale des Nations unies.

Le 22 décembre, les États arabes, par l’intermédiaire du représentant des Émirats arabes unis au Conseil de sécurité, ont décidé de forcer l’organe principal de l’Organisation à prendre une décision concertée. En conséquence, le Conseil de sécurité a approuvé une résolution qui appelle à des pauses humanitaires entre Israël et le Hamas, à une augmentation de l’aide à Gaza et à la création de conditions permettant une cessation durable des hostilités.

Washington, au vu et au su du monde entier, a catégoriquement refusé d’approuver une cessation urgente des hostilités, c’est-à-dire un cessez-le-feu. En outre, les Américains ont rejeté la proposition d’établir un mécanisme de surveillance dans la bande de Gaza sous les auspices de l’ONU, avec le personnel et l’équipement nécessaires, sous la direction du secrétaire général de l’ONU.

Les Américains ont demandé à quatre reprises le report du vote sur la résolution, cherchant à éviter une formulation claire. Finalement, le représentant d’Israël a exprimé sa gratitude envers les États-Unis, tandis que le Hamas a qualifié la résolution d’étape insuffisante parce qu’elle n’incluait pas de cessez-le-feu. Une déclaration publiée sur le site officiel du Hamas indique que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ne répond pas aux exigences de la situation catastrophique créée par Israël : « Au cours des cinq derniers jours, l’administration américaine a travaillé dur pour vider la résolution de son essence et la présenter sous cette formule faible ».

De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme, notamment Médecins sans frontières, l’ont qualifiée de « presque vide de sens ». Le représentant de la Russie auprès des Nations unies a déclaré que les États-Unis avaient « recouru à leur tactique favorite de torsion de bras » et a qualifié le texte « d’édenté ».

Après le vote, le secrétaire général de l’ONU a déclaré que l’offensive d’Israël était un véritable problème qui créait un énorme obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire : « un cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen de commencer à répondre aux besoins désespérés de la population de la bande de Gaza et de mettre fin à son cauchemar permanent », a-t-il ajouté.

La chaîne saoudienne Al Arabiya a publié un grand article intitulé « Il est temps de repenser le soutien américain à Israël ».

M. Nebenzya, le représentant russe à l’ONU, a qualifié de honteux et de cynique le comportement des États-Unis, qui ont saboté les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU sur Gaza, donnant à Israël le feu vert pour commettre des crimes de guerre. La formulation du texte de la résolution a été essentiellement émasculée sous la pression des États-Unis, tandis que les dispositions adoptées du document maintiennent le contrôle d’Israël sur toute l’aide.

Même la presse américaine reconnaît que l’objectif de Netanyahou de détruire le Hamas est irréaliste. Selon tous les derniers sondages, 72% des Palestiniens de Gaza approuvent l’attaque du Hamas du 7 octobre, un chiffre qui s’élève à 82% parmi ceux qui vivent en Cisjordanie.

Les actions de l’administration américaine Biden concernant la guerre à Gaza sont odieuses. Même Thomas Friedman, chroniqueur pro-israélien du New York Times, a écrit le 23 décembre que les États-Unis devraient dire clairement à Israël qu’un retrait total de la bande de Gaza en échange de tous les otages israéliens et d’un cessez-le-feu permanent sous supervision internationale est nécessaire.

Les groupes d’aide qui travaillent à Gaza ont critiqué la résolution du Conseil de sécurité, la jugeant trop faible pour contribuer à alléger les souffrances des Palestiniens.

La gestion du conflit au Moyen-Orient par Washington est un exemple classique d’hypocrisie.

Tous les événements liés à l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU du 22.12.23 montrent que l’administration américaine s’oppose à l’ensemble de la communauté internationale en donnant pratiquement carte blanche pour tuer les Palestiniens. Ce faisant, Washington n’est pas guidé par ses intérêts nationaux, mais par le désir de favoriser le plus possible Israël. De nombreux journaux arabes avertissent que les Etats-Unis paieront un lourd tribut pour cette voie contre-productive.

 

Veniamin POPOV, directeur du Centre pour le partenariat des civilisations, Institut d’État des relations internationales de Moscou, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, candidat aux sciences historiques, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

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