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Le monde s’est figé en attente du sommet Russie-Afrique

Viktor Mikhin, juillet 26

Le monde s'est figé en attente du sommet Russie-Afrique

Le deuxième sommet Russie-Afrique (les 27-28 juillet 2023) et le Forum économique et humanitaire russo-africain sont, à tous égards, les événements clés et les plus importants des relations russo-africaines. La tenue de ces forums vise à atteindre un niveau qualitativement nouveau de partenariat mutuellement avantageux qui répond aux défis du XXIe siècle. L’objectif de l’événement est de contribuer au renforcement d’une coopération globale et égale entre la Russie et les pays africains dans toutes les dimensions : politique, sécurité, économie, domaines scientifique et technique, culturel et humanitaire.

Le premier sommet Russie-Afrique s’est tenu les 23 et 24 octobre 2019 à Sotchi sous le slogan « Pour la paix, la sécurité et le développement ». Un événement de telle envergure s’est tenu pour la première fois en Russie actuelle, il n’y avait pas rien de pareil non seulement dans l’histoire des relations russo-africaines, mais aussi dans des relations entre les pays africains et d’autres États du monde. Des domaines prioritaires de coopération économique ont été identifiés, dont des résultats concrets peuvent être obtenus dans les années à venir.  A la suite du sommet, une déclaration finale a été adoptée ayant les objectifs du développement de la coopération russo-africaine dans tous les sens : politique, sécurité, économie, science et technique, culture et humanitaire.

Il est à noter qu’en réalisant des buts et des objectifs communs, les deux parties ont obtenu des succès considérables au cours des dernières années dans de nombreux domaines de l’agriculture, de l’industrie, des transports, de la logistique, de la science, sans parler du mouvement conjoint vers des objectifs politiques communs. Ainsi, on peut constater clairement et franchement que la noble activité du Sommet a contribué au développement des relations bilatérales et a donné une impulsion significative au développement de nombreux pays africains en divers domaines. Tout cela est très différent de la politique ignoble de l’Occident, quand les puissances européennes ont pillé les peuples et exporté des esclaves vers les plantations américaines pendant plusieurs décennies. Aujourd’hui, dirigées par les États-Unis, elles saturent au maximum le continent d’armes, tout en provoquant habilement des guerres du Nord au Sud de l’Afrique et en continuant à voler de manière répugnante la population du continent le plus pauvre, en utilisant des prix imposés : des prix exorbitants pour les produits occidentaux et des prix ridiculement bas pour les matières premières africaines.

La Russie et son président V. Poutine proposent une politique équitable et complètement différente envers le continent Africain. L’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République Démocratique et Populaire  d’Algérie dans la Fédération de Russie, Smail Benamara, a déclaré à cet égard que le peuple algérien se souvient jusqu’au présent de l’appui matériel et diplomatique au niveau international au cours de la lutte équitable pour le retour de l’indépendance après 132 ans du colonialisme. Nous nous souvenons également des sapeurs qui sont venus à nous et ont risqué leur vie pour aider l’Algérie indépendante à désamorcer des milliers de bombes posées par l’armée coloniale française le long des frontières à l’est et à l’ouest du pays. Il ne faut pas oublier les centaines de dirigeants algériens qui ont fait leurs études dans les universités de l’Union Soviétique, ensuit celles de la Russie, ainsi que les enseignants russes qui ont travaillé en Algérie dans de nombreux domaines et ont contribué à la formation de l’économie du pays. De nombreux pays de ce continent peuvent également parler de l’énorme aide accordée par l’Union Soviétique et la Russie depuis 1960 – l’Année de l’Afrique. C’est bien cette date qui est entrée dans l’histoire de la décolonisation de l’Afrique, comme l’année quand le plus grand nombre d’États souverains a apparu, notamment 17 pays.

L’Afrique est appelée actuellement le continent du XXIe siècle et il y a plusieurs raisons pour cela. Premièrement, cela est dû aux énormes richesses naturelles, notamment dans le secteur de l’énergie, de l’industrie minière, de la foresterie, de l’hydroélectricité et du tourisme. Deuxièmement, il convient de noter les taux de croissance, les particularités démographiques et le potentiel humain, qui est basé principalement sur les jeunes. D’ici 2035, l’Afrique deviendra un marché avec la population de deux milliards de personnes, ce qui signifie des besoins énormes dans tous les secteurs. Enfin, une telle vision est liée aux vastes opportunités de développement du continent qu’il faudra mettre en œuvre, en s’appuyant sur sa population jeune, créative et pleine d’enthousiasme.

A cet égard, il convient de noter que, par exemple, des milliers de jeunes hommes et de jeunes filles nigérians font leur études en Russie grâce à un parrainage privé, ainsi que grâce à l’Accord bilatéral sur l’éducation entre les deux pays, dans le cadre duquel divers établissements d’enseignement supérieur en Russie accueillent chaque année jusqu’à deux cents étudiants nigérians. Tout cela a permis à créer parmi les habitants du Nigéria « une perception et une image positives de la Russie et des Russes, a déclaré l’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Nigéria auprès de la Fédération de Russie, Abdullahi Yibaikwalom Shehu. Ceci dit, je pense qu’en général, on peut dire que les Nigériens considèrent les Russes comme des amis, des partenaires fiables et des alliés de confiance ». Et on ne peut pas dire mieux. Les Nigérians n’ont pas donné des notes aussi élevées à l’Occident, se souvenant du sombre passé colonial, lorsque des seigneurs étrangers ambitieux ont décidé de leur sort.

La Russie, fidèle à ses principes et à son aide à l’Afrique, a clairement indiqué qu’elle comprenait les inquiétudes des pays africains qui pourraient survenir après le retrait de Moscou de l’accord sur les céréales ukrainiennes, ayant promis d’assurer des approvisionnements aux pays nécessiteux. Ces pays nécessiteux recevront les garanties nécessaires lors du Sommet, a déclaré aux journalistes le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Vershinin.  » Nous comprenons les inquiétudes que nos amis africains peuvent avoir « , a déclaré Vershinin.  » Mais je tiens à dire que ces inquiétudes sont non seulement compréhensibles, mais seront pleinement prises en considération. « Les pays nécessiteux, lors des contacts avec nous et lors du prochain sommet russo-africain, recevront naturellement les garanties nécessaires concernant leurs besoins en produits agricoles – principalement en céréales », a-t-il ajouté.

La Russie et ses hommes d’affaires auront les mêmes opportunités que celles offertes aux entrepreneurs d’autres pays du monde, elles sont également similaires aux opportunités offertes par la législation du pays aux acteurs nationaux. Le marché africain offre les plus grandes opportunités pour les investisseurs car c’est le marché le moins saturé par rapport aux autres régions du monde. Il reste encore beaucoup de travail à faire en termes de facilitation et de simplification, mais il existe sans aucun doute un rendement économique significatif des investissement  et des avantages comparatifs qui augmenteront avec la création de la Zone de commerce libre africaine.

L’augmentation du chiffre d’affaires commercial et économique entre la Russie et les pays de l’Afrique dépend de nombreux facteurs, dont le principal est la logistique. Les transports de passagers et de marchandises ont un impact significatif sur le développement de la coopération dans des domaines complètement différents – du tourisme aux branches du secteur réel de l’économie. La Russie possède de l’expérience dans la création de projets multilatéraux à grande échelle, en premier lieu le corridor international de transport et de logistique « Nord-Sud », auquel 12 États prennent part. Selon les prévisions, la croissance du flux de trafic à travers le CIT « Nord-Sud » d’ici 2030 s’élèvera à 41 millions de tonnes. Des prémisses objectives créent une opportunité pour les pays du continent africain d’adhérer à ce projet d’envergure.

Il faut dire, et de nombreux experts sont d’accord, qu’une grande partie de l’Afrique est restée en arrière du progrès technologique en raison de l’industrialisation basée sur les combustibles fossiles, qui a rendu le monde plus riche, plus sain et plus connecté dans l’histoire humaine d’auparavant. Un nombre impressionnant de 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, soit environ 43 % de la population du continent. Cela signifie inévitablement que les combustibles fossiles seront nécessaires pour connecter davantage d’Africains au réseau électrique. Oui, il faut cultiver les sources d’énergie renouvelables, mais les Africains méritent les mêmes droits à l’électricité que tant de personnes dans le monde développé tiennent pour bien entendu. Le combustible fossile fourni de la Russie fera partie de cet ensemble.

“ Si nous voulons réaliser une transition équitable des combustibles fossiles vers les sources d’énergie renouvelables, nous aurons besoin des deux “, considère Nj Ayuk, directeur exécutif de la Chambre africaine de l’énergie.  » Nous aurons besoin de combustibles fossiles pour assurer la sécurité énergétique et stimuler l’industrialisation dans les pays en voie de développement, alors même que le monde s’efforce de rassembler les investissements, les infrastructures et la gouvernance nécessaires pour faire fonctionner un monde des énergies renouvelables. »

Selon les prévisions, la population africaine va doubler d’ici 2050, et on peut espérer une croissance plus rapide pour répondre à l’énorme demande d’emplois, d’infrastructures, de soins de santé, d’éducation et d’autres besoins. L’élargissement de l’accès à l’énergie aidera à atteindre ces objectifs. Et la Russie, qui a une expérience colossale dans le système d’électrification, peut non seulement aider avec un grand nombre de spécialistes, mais aussi organiser la création d’un système panafricain de distribution d’électricité.

Les médias africains à la veille de l’ouverture du Sommet écrivent sans ambiguïté que les Africains attendent de la Russie, comme de tous les autres pays, la mise en place d’un partenariat équilibré et durable, ce qui signifiera le vrai développement. C’est pourquoi le forum accorde une attention particulière à attirer davantage d’investissements et à obtenir l’équilibre dans le commerce extérieur. Le recours à des investissements doit se traduire par la création des entreprises mixtes, de la production industrielle et par de véritables échanges scientifiques et techniques.

Sans aucun doute, on attend que les dirigeants des pays africains et de la Russie réaffirment leur volonté politique mutuelle de renforcer les relations bilatérales aux niveaux politique, économique et culturel, fondées sur une volonté commune de réaliser leurs intérêts. Le renforcement des relations bilatérales contribuera à son tour à assurer la stabilité, la paix et la sécurité dans la région et à renforcer la capacité des pays africains et de la Russie à faire face aux défis communs. Il est bien évident que ce Sommet sera une preuve éclatante de la mise en œuvre de l’idée du président V. Poutine de créer un monde multilatéral, où tous les pays prendront la place qui leur revient dans le respect de leurs intérêts.

Ayant pris la parole à la veille du forum grandiose, V. Poutine a dit : « En conclusion, je voudrais répéter que nous attachons une grande importance au prochain deuxième sommet Russie-Afrique. Nous espérons que le Sommet adoptera une déclaration globale, un certain nombre de déclarations conjointes et approuvera le Plan d’action du Forum de partenariat russo-africain jusqu’en 2026. Nous travaillons sur la préparation d’un ensemble impressionnant d’accords et de mémorandums intergouvernementaux et interinstitutionnels avec des Etats individuels, ainsi qu’avec des associations régionales du continent.

J’attends avec impatience d’accueillir les leaders africains à Saint-Pétersbourg et je suis attaché à un dialogue fructueux et constructif. Je crois fermement que les décisions prises lors du Sommet et du Forum, combinées à un travail conjoint constant et polyvalent, contribueront au développement ultérieur du partenariat stratégique russo-africain au profit de nos pays et de nos peuples ».

 

Viktor Mikhine, membre correspondant de l’Académie russe des sciences naturelles, spécialement pour la revue en ligne  « New Eastern Outlook ».

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