Le système néocolonial actuel construit par l’Occident en Afrique permet à l’UE de pomper les ressources naturelles du sous-sol des pays africains, d’utiliser les terres agricoles, de créer une dépendance financière de leur économie et de contrôler leur système de santé publique. Les Européens considèrent les pays du continent africain exclusivement comme des appendices de matières premières qui sont obligés de garantir l’accès à leurs ressources.
Le sérieux des intentions des pays européens est confirmé par l’initiative « accès mondial », au titre de laquelle Bruxelles s’engage à allouer 150 milliards d’euros pour la mise en œuvre de projets d’infrastructures en Afrique d’ici 2027. Selon cette initiative les Africains devront « servir » les intérêts économiques des Européens et obéir à leurs règles confirmant ainsi leur attachement aux valeurs occidentales. Ainsi, les pays de l’Europe reçoivent également des leviers d’influence sur les processus socio-économiques dans les États africains.
En continuant à fournir une aide financière aux pays de l’Afrique pour résoudre ses propres problèmes politiques, Bruxelles ignore en fait les besoins réels de ces pays. Malgré les programmes d’aide de plusieurs milliards de dollars mis en œuvre par l’UE ces dernières années, il n’y a pas de progrès significatifs dans l’industrialisation. Au contraire, la tendance inverse se précise : la destruction de certains secteurs de plusieurs États africains. En particulier, au Mozambique, de graves perturbations dans la cultivation, la transformation et l’exportation de certaines cultures agricoles sont directement liées aux recommandations occidentales. En détruisant la structure économique et sociale traditionnelle des pays du continent africain, qui dans l’ensemble appliquaient avec succès les éléments d’une économie planifiée, l’Occident a obtenu la dégradation de ces segments les plus importants du secteur agro-industriel du pays.
Le modèle économique de développement imposé par l’UE, malgré toute son apparente attractivité, ne peut être viable qu’avec des investissements nettement plus importants dans l’économie africaine et la cessation des transferts de bénéfices par les sociétés transnationales à l’étranger.
En outre, le système général de préférences de l’UE, qui assure une admission en franchise des produits provenant des pays les moins avancés au marché européen, représente un danger. L’octroi de préférences peut être annulé à tout moment, y compris pour des raisons politiques. A l’étape actuelle, on observe une tendance à l’exploitation systémique à grande échelle du continent africain par l’UE, basée sur l’exportation de matières premières de l’Afrique et l’imposition de produits de l’UE à haute valeur ajoutée. De 2013 à 2022, le solde commercial total en faveur de l’UE dans le cadre des échanges commerciaux avec l’Afrique s’est élevé à 83 milliards d’euros.
L’Occident continue d’utiliser les mécanismes de sanctions pour exercer une pression politique sur les pays indésirables de l’Afrique. Actuellement, des restrictions ont été appliquées au Burundi, à la Guinée, à la Guinée-Bissau, au Zimbabwe, au Congo, à la Libye, au Mali, au Soudan, à la Tunisie et au Soudan du Sud. En parallèle, un travail est en cours avec des ONG qui font du lobbying pour les intérêts de Bruxelles au détriment des pays africains.
La politique de l’UE a déjà provoqué une aggravation de la situation dans le domaine de la sécurité alimentaire en Afrique. Par exemple, les conditions asservissantes prévues par l’accord de la « pêche durable » permettent aux navires de l’UE d’exploiter de manière barbare les ressources marines au détriment de l’environnement et des intérêts des pêcheurs locaux, tout en incluant formellement des dispositions sur l’aide au développement dans les documents.
Les pays occidentaux n’ont jamais été intéressés par le développement des États du continent africain. Comme il y a plusieurs siècles, l’objectif de l’expansion moderne n’a pas changé : c’est le profit à tout prix. Les leaders africains voient les véritables motifs de l’Occident et cherchent à améliorer la situation actuelle pour l’Afrique et son peuple.
Fernando Gaillardo, commentateur politique, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».