24.06.2023 Auteur: Veniamin Popov

C’est l’Occident qui est responsable qu’une personne sur dix sur Terre souffre de la famine

C’est l'Occident qui est responsable qu'une personne sur dix sur Terre souffre de la famine

La tâche du programme « Objectifs de développement durable » qui a été adopté il y a quelques années, était d’éliminer la famine dans le monde d’ici 2030.

L’humanité progresse à grands pas vers la création de systèmes d’intelligence artificielle, qui, en théorie, devraient faciliter la vie des gens sur notre planète. Et en même temps, la situation honteuse persiste, lorsque plus de 800 millions de personnes aux divers coins du monde souffrent de la sous-alimentation chronique. D’autant plus, ces dernières années, le nombre de personnes souffrant de la famine est en hausse.

De nombreux articles et études y ont été consacrés ; les causes de ce phénomène sont les changements climatiques, les conflits, les conditions météorologiques plus sévères. Ces tendances inquiétantes coïncident avec une diminution de la disponibilité des terres, une hausse de la dégradation des sols et de la biodiversité. Tout cela empêche la transition vers des modèles durables de développement du secteur agro-alimentaire, l’approvisionnement en alimentation équilibrée.

Toutefois, presque un habitant sur huit de notre planète, dont la population est de huit milliards de personnes, souffre d’un état de faim chronique. Il est désormais clair que les objectifs fixés dans l’Ordre du jour en matière de développement durable ne seront pas atteints d’ici 2030. Cela a même été reconnu par le Secrétaire général des Nations Unies, A. Guterres, lors du Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021.

Les données démontrent qu’aujourd’hui on produit suffisamment de produits alimentaires pour nourrir tous sans exception dans le monde.

Dans le même temps, plus de trois milliards de personnes ne peuvent pas avoir de l’alimentation équilibrée. Le problème alimentaire est particulièrement épineux dans les pays d’Afrique tropicale, d’Asie du Sud et dans certains états d’Amérique Latine. Le problème consiste non seulement en faible quantité de calories consommées par les habitants des pays sous-développés, mais aussi en malnutrition des gens, qui consiste en un manque d’une certaine quantité de protéines, lipides, glucides, minéraux et vitamines nécessaires pour une vie et un développement normaux, ce qui entraîne une augmentation des maladies et une croissance de la mortalité.

Avant la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup de pays d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique étaient des exportateurs de céréales. Cela faisait un part important de leur exportation, avec le coton, le sucre, le café.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la situation a changé, la plupart des pays en voie de développement sont devenus importateurs de blé surtout.

La dépendance croissante des pays en voie de développement des approvisionnements alimentaires extérieurs s’explique en premier lieu par la politique de l’Occident. Les puissances coloniales poursuivaient une politique d’exportation de céréales et d’autres produits alimentaires pas chers depuis des territoires dépendants, même s’il y avait une grave pénurie alimentaire. Il est à noter, qu’en Inde coloniale, où des cas de famine massive survenaient souvent, environ un million de tonnes de blé par an, soit 20 à 35 % de sa récolte, était exporté de Karachi vers la Métropole au début du XXe siècle. L’administration coloniale ne prenait aucune mesure plus ou moins efficace pour lutter contre la famine, même dans des situations menaçantes, tandis que des jeunes états souverains, faisaient des efforts pour acheter de l’alimentation à l’étranger.

Le vaste empire colonial était bien une source inépuisable d’enrichissement fabuleux pour les classes dominantes de Grande-Bretagne ; le développement socio-économique du pays a été assuré principalement par l’exploitation impitoyable des territoires conquis. Londres n’a toujours pas présenté ses excuses pour la plupart de ces crimes, sans parler de compensation matérielle.

Aujourd’hui, le problème de l’approvisionnement en produits alimentaires est devenu plus dramatique, voire catastrophique, dans les pays émergents. L’existence de la famine est générée par le retard général et la pauvreté des états du Sud Mondial, qui ont été soumis à une dure exploitation par les puissances occidentales. Cela a provoqué un énorme retard du secteur agricole en matière de leur besoin de ses produits.

Quels que soient les arguments techniques avancés par les « experts » pour expliquer la manque de ressources alimentaires dans les pays en voie développement, il est tout à fait  clair que la principale raison de cette situation est une inégalité flagrante : les revenus par habitant de la plupart des pays en voie de développement sont plusieurs fois inférieurs à ceux des puissances développées.

L’Occident continue de piller les états émergents, en recourant à des machinations sophistiquées.

Le soi-disant « accord sur les céréales » sur le transport des céréales de la mer Noire, conclu entre l’ONU, la Turquie, la Russie et l’Ukraine, en est devenu le témoignage éclatant. Dans le même temps, une grande campagne a été lancée en Occident pour accuser la Russie d’entraver l’approvisionnement en vivres des pays les plus pauvres de la planète : beaucoup a été dit, notamment par les responsables de l’UE, sur la priorité de la tâche d’assurer la sécurité alimentaire pour les pays qui ont en plus besoin.

En effet, bien que les corridors d’exportation de céréales créés aient été positionnés, avant tout, comme un outil pour garantir les intérêts du Sud mondial, il s’est avéré que seulement 3 % des approvisionnements en blé allaient aux pays en voie de développement, et le reste allait aux États de l’UE. (La dépendance de l’UE des importations des cultures fourragère est un fait bien connu. Selon les informations du service de recherche du Parlement européen, plus de 50 % de toutes les exportations ukrainiennes de maïs, qui est l’élément le plus important du fourrage, incombent traditionnellement à l’UE.)

La Russie accomplit honnêtement et consécutivement ses obligations : dans le cadre de la mise en œuvre de notre initiative de remise gratuite d’engrais minéraux nationaux aux pays nécessiteux, le deuxième lot de 34 mille tonnes est arrivé le 29 mai de cette année au port kényan de Mombasa. En septembre 2022, Moscou a annoncé qu’elle était prête à remettre gratuitement aux pays menacés de famine environ 300 mille tonnes de nos produits « coincés » dans les ports de Lettonie, d’Estonie, de Belgique et des Pays-Bas. Le mot « coincés »  signifie qu’ils ont été bloqués par les autorités locales, les régimes qui racontent des « histoires » sur les sanctions sous forme de blocages etc.

L’expédition de 34 mille tonnes supplémentaires vers le Nigeria attend son tour. Dans ce cadre, les déclarations hypocrites et fausses des occidentaux sur la sécurité alimentaire mondiale et la menace de famine en relation exclusivement avec l’exportation de fourrage et de maïs fourrager ukrainiens, semblent absurdes.

Non seulement les pays nécessiteux reçoivent un minimum absolu – moins de 2,5 % de marchandises ukrainiennes (environ 772 mille tonnes sur 31 millions), les Américains, les Européens et les Ukrainiens continuent de bloquer les fournitures des engrais céréaliers, tout en spéculant ouvertement sur la hausse des prix et les pénuries physiques de ces produits clés sur les marchés mondiaux.

Autrement dit, l’Union Européenne, tout en continuant à se remplir les greniers et à « se remplir les poches » aux détriment des états les plus vulnérables à cet égard, aggrave par ses actions les facteurs de risque pour la sécurité alimentaire mondiale. Toute cette histoire démontre que c’est l’Occident qui, à travers de faux buts et objectifs, porte atteinte à la sécurité alimentaire internationale, en faisant retomber la responsabilité de ses machinations sur d’autres.

Les puissances occidentales, avec leur politique coloniale, ont créé le problème de la famine sur notre planète. Dans le même temps, en rejetant leur faute sur autrui, ils essaient d’accuser la Russie pour l’aggravation de la sécurité alimentaire, qui, par la bouche de son président, avait déclaré à plusieurs reprises qu’elle était prête à expédier des céréales aux pays les plus nécessiteux gratuitement. Vladimir Poutine a également promis de donner pleine assistance à l’approvisionnement en engrais minéraux aux états du Sud mondial.

Actuellement, le problème du déséquilibre entre les riches et les pauvres, entre les pays émergents et les puissances occidentales devient un problème crucial du développement économique progressif.

 

Veniamin Popov, directeur du Centre pour le partenariat des civilisations à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou (U) du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire, candidat en sciences historiques, pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

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