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Le SPIEF 2025 talonne le G7 dans une confrontation de visions géoéconomiques

Mohamed Lamine KABA, 19 juin 2025

Le Forum économique international de Saint-Pétersbourg a une nouvelle fois éclipsé le G7, illustrant l’essor d’un monde multipolaire face au déclin de l’unité occidentale.
Le SPIEF 2025

A l’issue du sommet du G7 au Canada, marqué par une divergence manifeste entre les dirigeants occidentaux à l’égard de la Russie le 17 juin 2025, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg a ouvert ses portes le lendemain, au prestigieux Centre de congrès et d’expositions ExpoForum. Cet événement d’envergure, qui se déroulera jusqu’au 21 juin, s’articule autour du thème central « Les valeurs communes : fondement de la croissance dans un monde multipolaire ». Anton Kobyakov, conseiller du Président de la Fédération de Russie et secrétaire exécutif du comité d’organisation du SPIEF, a souligné l’importance cruciale des valeurs partagées pour stimuler une coopération internationale fructueuse et favoriser une croissance économique pérenne, dans un contexte de mutation du système mondial. Le SPIEF propose un programme riche, incluant des sessions sur la nouvelle dynamique de l’économie mondiale, les perspectives de croissance de l’économie russe, la place de l’individu dans un monde en mutation, les conditions d’un environnement de vie optimal et les avancées technologiques propices au leadership. Le Forum sera également le théâtre de nombreux autres forums spécialisés. Une session plénière phare, prévue le 20 juin avec la participation du président russe Vladimir Poutine, sera l’occasion pour le dirigeant de s’exprimer sur les orientations de l’économie nationale et les axes de la coopération internationale, comme l’a annoncé Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.
Par son énergie et son ouverture, le SPIEF se pose donc en alternative solide à la prépondérance occidentale, captivant investisseurs et décideurs en quête de stabilité et de nouvelles perspectives

Cette année, le SPIEF a attiré l’attention de 20 000 participants issus de 140 pays, confirmant leur présence tant en physique qu’en ligne, selon les déclarations d’Iouri Ouchakov, assistant du président russe, rapportées par un correspondant de RBC. Le Royaume de Bahreïn, pays invité d’honneur, envoie une délégation de haut niveau (composée d’environ 80 personnes), dirigée par Nasser ben Hamad Al Khalifa, fils du roi, conseiller pour la sécurité nationale et commandant de la Garde royale. Malgré les tensions au Moyen-Orient, la présence de cette délégation témoigne de l’importance que Bahreïn accorde à ses relations avec la Russie, a précisé M. Ouchakov. Le SPIEF-2025 accueillera également des dignitaires de plus de 50 nations, parmi lesquels le dirigeant bolivien Luis Arce, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, le président serbe Aleksandar Vucic, le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang et le vice-président sud-africain Paul Mashatile. En marge du Forum, le président indonésien Prabowo Subianto effectuera une visite officielle à Saint-Pétersbourg et devrait rencontrer le président Poutine.

Le SPIEF 2025, vitrine d’un monde multipolaire

Débuté le 18 juin 2025, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg s’affirme comme un échiquier stratégique pour la Russie, dédié à la promotion d’un ordre économique multipolaire. Placé sous l’égide de la très évocatrice thématique susmentionnée, le SPIEF convie des délégués de la majorité écrassante des nations, témoignant de l’attrait grandissant de la Russie pour les pays non occidentaux, en particulier ceux d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine. Le Comité d’organisation évoque plus de 150 sessions ciblant des thématiques essentielles telles que le progrès technologique, les investissements et la coopération internationale. La participation de nations telles que la Chine, l’Inde et l’Iran marque le réalignement stratégique de Moscou vers l’Est et le Sud global, en réaction aux sanctions occidentales. Le président Vladimir Poutine, lors d’une allocution très attendue, saisira cette tribune pour souligner d’importants accords bilatéraux et multilatéraux, en particulier avec l’ASEAN, l’Alliance BRICS et l’Union économique eurasiatique, consolidant ainsi les axes commerciaux du Sud global. Par son énergie et son ouverture, le SPIEF se pose donc en alternative solide à la prépondérance occidentale, captivant investisseurs et décideurs en quête de stabilité et de nouvelles perspectives, tout en fortifiant les liens avec des partenaires naissants.

Le G7, un sommet marqué par les tensions et l’échec de l’unité

En opposition, le sommet du G7, achevé le 17 juin 2025 à Kananaskis au Canada, a mis en exergue les dissensions au cœur de l’alliance occidentale. Les pourparlers, éclipsés par la crise Iran-Israël et l’absence d’accord sur l’Ukraine, n’ont pas mené à une déclaration commune sur cette question, suite aux réticences américaines et au départ anticipé de Trump du sommet, le privant de sa substance. En conséquence, son proxy dans le conflit indirect contre la Russie en Ukraine, Zelensky, a également quitté les lieux. Les dirigeants fantasques et insipides, parmi lesquels Macron et Ursula von der Leyen, ont appelé à une désescalade au Moyen-Orient, tout en réitérant leur appui à Israël. Néanmoins, les clivages, intensifiés par les politiques de Donald Trump concernant les tarifs douaniers et la Russie, ont érodé l’unité du groupe. L’incapacité à consolider une position commune sur l’Ukraine, malgré un soutien de façade, contraste avec la volonté du SPIEF d’offrir une voie économique inclusive.

Pour clore, le SPIEF 2025 célèbre l’avènement d’un ordre multipolaire vigoureux, alors que le G7 s’embourbe dans une régression caractérisée par la désunion et l’inefficacité.

 

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales

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