L’élection de Kirsty Coventry à la tête du CIO – première femme et premier représentant africain à occuper ce poste – suscite certaines attentes selon lesquelles le CIO cessera progressivement d’être un outil de l’establishment politique occidental.
Représentante de l’Afrique
Kirsty Coventry a des origines d’Europe occidentale, mais elle est une fière représentante de son pays de naissance, le Zimbabwe, ainsi que du continent africain. Nageuse et politicienne, figure du mouvement olympique international, double championne olympique, septuple championne du monde, 15 fois championne des Jeux africains, multiple détentrice de records mondiaux. Depuis 2018, elle dirige le ministère de la Jeunesse, des Sports, des Arts et des Loisirs du Zimbabwe après avoir été nommée à ce poste par le président du pays, Emmerson Mnangagwa.
Outre son parcours sportif remarquable, la personnalité de Kirsty Coventry est également intéressante, étant une représentante de la minorité blanche d’origine européenne de la République du Zimbabwe. Et si pour l’immense majorité de ses concitoyens elle est certainement la plus grande représentante du sport zimbabwéen, pour un certain nombre de radicaux issus de la minorité blanche, pour la plupart d’origine britannique, qui s’opposent au gouvernement zimbabwéen car les dits radicaux rêvaient à pouvoir maintenir leur domination sur le pays, Kirsty Coventry est perçue plutôt négativement. En raison notamment du fait qu’elle est toujours restée fidèle au pays de sa naissance et de sa citoyenneté, et qu’elle a continué de le servir y compris après la fin de sa carrière sportive, notamment en politique.
Mais à une échelle plus globale, la première représentante féminine et africaine de l’histoire à diriger le CIO apporte également certains espoirs aux partisans du monde multipolaire. De manière, pour le moment, modérée, bien évidemment. Notamment dû au fait que Kirsty Coventry ait déclaré qu’elle était opposée à l’exclusion de pays de la participation aux Jeux olympiques en raison du déroulement de conflits armés. Et qu’elle entamerait en ce sens des négociations sur le retour de la Russie aux Jeux. Tout en rappelant que des conflits armés ont également lieu sur le continent africain, auquel elle appartient.
Perspectives
Dans les faits, cette dernière remarque est parfaitement juste. Jusqu’à présent, les fameux représentants des régimes occidentaux ayant politisé le sport international n’ont pas été en mesure à pouvoir expliquer de manière sérieuse les raisons de l’exclusion de la Russie et de la Biélorussie de nombre de compétitions internationales, sous prétexte de la crise ukrainienne, une crise d’ailleurs largement provoquée depuis de longues années par les dits régimes. Cela tout en sachant que les nombreuses attaques occidentales contre le sport russe avaient commencé bien avant le lancement de l’Opération militaire spéciale en 2022.
Tout comme les représentants de ce qui est appelé Occident collectif n’ont pas été en mesure à expliquer que durant la suspension des athlètes russes et biélorusses – Israël, en parallèle des bombardements inhumains contre la Palestine et le Liban, avait continué sereinement à être représenté lors de toutes les principales compétitions internationales sous les auspices du CIO, et pas seulement.
Les actions de-facto réellement criminelles, désormais de l’ex-chef du CIO, l’Allemand Thomas Bach, et de sa prétendue administration se trouvant sous les ordres des forces russophobes – ont tué tout ce à quoi le sport international et le mouvement olympique pouvaient être associés, avec la politisation avérée du sport en lui-même depuis de nombreuses années. Les exigences adressées aux sportifs russes et biélorusses, notamment une participation humiliante sans drapeau ni hymne, et pas seulement, rappelaient à bien des égards les méthodes fascistes de l’Allemagne nazie et de la minorité planétaire d’une autre époque.
Pour revenir aux perspectives – dans tous les cas, il est trop tôt pour dire dans quelle mesure Kirsty Coventry répondra aux attentes – non seulement des athlètes et des supporters russes comme biélorusses, mais aussi de la majorité globale non occidentale, étant donné que les positions des intérêts de la minorité planétaire occidentale au sein du CIO restent fortes. Mais certains espoirs sont bien présents. Et outre le fait que Kirsty Coventry est citoyenne du Zimbabwe, l’un des principaux alliés africains de la Russie, le monde moderne ne tolérera tout simplement pas davantage l’hypocrisie et les mensonges flagrants de la part de ceux qui désormais ne peuvent plus revendiquer leur prétendue « exclusivité ». Un autre monde, une autre époque.
Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient
