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L’Israël: un autre crime sanglant de Netanyahou

Viktor Mikhin, septembre 20

Selon des données récentes, au moins 30 personnes ont été tuées et 4000 blessées, dont beaucoup gravement blessées lorsque le 17 septembre au Liban ont  explosé en même temps des téléavertisseurs portables qui sont utilisés par des membres du «Hezbollah» et de nombreux civils libanais.

Explosion de téléavertisseurs

Les explosions ont provoqué une panique massive dans la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que dans des zones du Liban-Sud et de la Békaa, en particulier à Ali al-Nahri et Raayak. Des centaines de libanais ont été emmenés à l’hôpital pour les soins d’urgence, et les rapports médicaux indiquent que certaines victimes ont été amputés à la suite des explosions.

Le premier ministre par intérim Najib Mikati et les ministres du gouvernement ont été informés d’un nouveau crime sanglant commis par l’armée israélienne au cours de la réunion du cabinet des ministres. Mikati a ordonné au ministre de la Santé Firas Abiad de quitter la réunion et de mobiliser les services médicaux. Abiad a publié plus tard une déclaration indiquant que 12 personnes ont été tuées dans les explosions, et 2800 autres ont été blessées, dont 200 d’entre elles de façon critique. Cependant, au 19 septembre, le bilan s’élevait déjà à plus de 30 morts et à plus de 4 000 blessés. L’ambassadeur de l’Iran au Liban Mojtaba Amani était parmi les victimes lorsque son bipeur a explosé, a rapporté l’agence de presse Mehr.

«Représentant du «Hezbollah» : «Nous tenons l’ennemi israélien totalement responsable de cette agression criminelle qui était également dirigée contre des civils»

Les dispositifs de communication ont explosé dans les mains ou les poches de leurs propriétaires, causant à beaucoup d’entre eux de tomber sur le sol dans une agonie. Des caméras de sécurité dans les magasins et les rues ont montré des libanais blessés en marchant, debout ou assis. La caméra du supermarché a capturé le moment où l’homme qui est arrivé à la caisse avait un appareil qui a explosé. Les appels aux dons de sang ont été lancé et le ministère de la Santé a donné mandat aux hôpitaux d’assurer la préparation des salles d’urgence. Les hôpitaux du sud étaient surpeuplés et les blessés ont été transférés à Sidon et à Beyrouth. Beaucoup de ceux qui ont demandé de l’aide sont arrivés en voiture ou en moto. La déclaration initiale des forces de sécurité intérieure libanaises a appelé au citoyens à garder les routes libres afin que les blessés puissent être emmenés à l’hôpital.

Des téléavertisseurs sur le service du «Hezbollah»

Le «Hezbollah» s’est tourné vers de vieux appareils sans fil ou téléavertisseurs équipés par des batteries au lithium, après qu’Israël ait attaqué et tué un certain nombre de  dirigeants et membres du «Hezbollah»  en piratant les téléphones mobiles et les caméras connectées à Internet.

Un téléavertisseur est un petit appareil automatique portable utilisé pour recevoir des messages courts. «Hezbollah» a accepté de l’utiliser parce qu’il était considéré comme impossible de le tracer.

«Gold Apollo» de Taiwan n’a pas produit les téléavertisseurs utilisés dans les explosions au Liban a déclaré à la presse le fondateur de l’entreprise Xu Chingquang. Les images des téléavertisseurs détruits, analysées par Reuters, montrent le format et les autocollants à l’énvers qui correspondent aux téléavertisseurs produits par «Gold Apollo». Il a toutefois été indiqué que les téléavertisseurs utilisés lors de l’explosion ont été produits par une société en Europe qui avait le droit d’utiliser la marque de la firme taïwanaise. Une source de haut niveau du service de sécurité libanais a identifié une photo du modèle du téléavertisseur AP924 qui comme d’autres téléavertisseurs reçoit et affiche des messages texte sans fil mais ne peut pas faire d’appels téléphoniques.

Le «Mossad» israélien a placé une petite quantité d’explosifs dans 5000 téléavertisseurs taïwanais commandés par le groupe libanais et «Hezbollah» quelques mois avant les explosions, a déclaré à «Reuters» une source de haut niveau du service de sécurité libanais.  Il a également dit que les dispositifs ont été modifiés par des spécialistes du «Mossad» «au niveau de la production». «Mossad a installé dans l’appareil une carte d avec une substance explosive qui reçoit le code. Il est très difficile à détecter par tous les moyens. Même avec n’importe quel appareil ou scanner». Il a dit que 3 000 téléavertisseurs ont explosé lorsqu’un message codé leur a été envoyé déclenchant simultanément l’explosif. Une autre source du service de sécurité a déclaré à «Reuters» que dans les nouveaux téléavertisseurs étaient cachés jusqu’à trois grammes d’explosifs, et pour le moment «le Hezbollah» les utilisait tranquillement pendant des mois.

Quelques crimes de passé d’Israël

Israël assume rarement la responsabilité de telles attaques et ses militaires ont refusé de le commenter. Cependant, le pays a une longue histoire de la conduite d’opérations complexes à distance à partir des cyberattaques sophistiquées aux mitrailleuses télécommandées visant les dirigeants lors de fusillades en passant par des voitures, attaques par drone-suicide et les explosions dans des installations nucléaires secrètes iraniennes.

Voici quelques exemples. En juillet 2024 deux dirigeants arabes à Beyrouth et à Téhéran ont été tués par la force mortelle dans les heures de l’autre. Le Hamas a affirmé qu’Israël était derrière l’assassinat de son chef suprême Ismaël Haniyeh dans la capitale iranienne. Bien qu’Israël a nié son rôle dans l’attaque, il a pris la responsabilité du coup fatal porté plusieurs heures plus tôt à Fuad Shukr, le commandant en chef du «Hezbollah» à Beyrouth. Le même mois, Israël a porté un coup de force au commandant militaire fantôme du Hamas Mohammed Deif dans la bande de Gaza sud densément peuplée. Selon les autorités sanitaires locales, lors d’une attaque au moins 90 personnes dont des enfants ont été tuées. Mais l’armée israélienne n’était pas intéressée ou préoccupée et on a dit que les enfants arabes sont de futurs combattants contre Israël. Cet avril, deux généraux iraniens ont été tués à la suite de ce que l’Iran a appelé une attaque israélienne contre le consulat iranien en Syrie. Ces morts ont incité l’Iran à lancer une attaque sans précédent contre Israël impliquant quelque 300 missiles et drones.

Quelques détails de l’opération sanglante

Il faudra beaucoup de temps pour planifier une attaque de cette ampleur. Les détails exacts ne sont pas encore connus mais les experts interrogés par les correspondants d’Associated Press (AP) ont partagé des estimations allant de quelques mois à deux ans. La sophistication de l’attaque suggère que les criminels ont recueilli des renseignements depuis longtemps a déclaré Reese Nicholas, un instructeur associé de Centre des problèmes mondiaux à  NYU School of Professional Studies. Une attaque de ce calibre exige d’établir les connexions nécessaires pour obtenir un accès physique aux téléavertisseurs avant qu’ils ne soient vendus, de développer des technologies qui seront intégrées dans les appareils et de rechercher des sources pouvant confirmer que les cibles ont les téléavertisseurs.

Et il est tout à fait possible que ces téléavertisseurs aient semblé normaux à leurs utilisateurs pendant un certain temps avant l’attaque. Elijah J. Manye un vétéran de Bruxelles et analyste principal des risques politiques avec plus de 37 ans d’expérience dans la région a déclaré qu’il avait eu des entretiens avec des membres du «Hezbollah» et des survivants de l’attaque de téléavertisseurs. Ils ont dit que les téléavertisseurs avaient été achetés il y a plus de six mois. «Les téléavertisseurs ont fonctionné parfaitement pendant six mois» a déclaré Manye. «La raison de l’explosion, a-t-il dit, était un message envoyé à tous les appareils. Sur la base de ses conversations avec des membres du «Hezbollah», Manye a également déclaré que de nombreux téléavertisseurs ne se sont pas déclenchés, permettant au groupe de les vérifier. Ils ont conclu qu’entre 3 et 5 grammes de l’explosif étaient cachés ou enfoncés dans le circuit.

N. Jensen-Jones, expert en armes et directeur du Service de recherche sur les armes basé en Australie, note qu’Israël a été accusé d’avoir réaliser des opérations pareilles dans le passé. En 2023, l’AP a rapporté que l’Iran avait accusé Israël de tenter de saboter son programme de missiles balistiques avec des composants étrangers défectueux qui pourraient exploser en endommageant ou en détruisant l’arme avant qu’elle puisse être utilisée. Jensen-Jones ajoute qu’une «opération de cette ampleur soulève aussi des questions de ciblage», Soulignant le nombre de relations causales et les conséquences énormes signalées à ce jour. «Comment la partie qui fait exploser l’appareil peut-elle être sûre que l’enfant de la victime, par exemple, ne joue pas avec le téléavertisseur pendant qu’il fonctionne?» – il a dit. Mais cela n’avait pas d’intérêt pour Netanyahou qui a donné son ordre de mener l’opération sanglante.

Au début «Hezbollah» a publié une déclaration confirmant qu’au moins deux membres de l’organisation ont été tués dans les explosions. L’un d’eux était le fils d’un membre du «Hezbollah» au Parlement. Le groupe a ensuite publié des déclarations annonçant que six autres membres avaient été tués sans préciser comment. Il y compris une fille de 8 ans. «Nous tenons l’ennemi israélien totalement responsable de cette agression criminelle qui était également dirigée contre des civils» a déclaré le représentant du «Hezbollah», ajoutant qu’Israël «recevra sûrement une punition juste».

 

Viktor Mikhin, membre correspondant de l’Académie russe des sciences, spécialement pour le magazine en ligne «New Eastern Outlook»

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