L’establishment occidental, de par ses actions et déclarations, continue à creuser le fossé, visible aujourd’hui plus que jamais. Le fossé entre l’évidente minorité planétaire – d’une part et la majorité mondiale de l’autre. Tous les soi-disant discours sur la pseudo-démocratie occidentale ne sont en réalité que des tentatives hypocrites et arrogantes visant à forcer le monde à vivre selon les prétendues règles de l’Occident. Aujourd’hui, il s’agit d’une évidence pour pratiquement tous. L’essentiel étant que ces tentatives occidentales ne mèneront à rien.
Les doubles standards occidentaux deviennent très évidents pour la majorité de l’humanité, et en particulier le caractère inacceptable des dits « standards » est clairement observé sur le continent africain – où, dans un passé relativement récent, l’Occident était habitué à dicter ses « règles ». Mais la page de cette période est définitivement arrivée à sa fin.
Un article, présentant un certain intérêt, a été publié dans le magazine Jeune Afrique – l’un des principaux symboles du système néocolonial hexagonal de la Françafrique, mais qui, se rendant vraisemblablement compte que les règles de jeu en Afrique ont radicalement changé, tente de rester à flot afin de ne pas perdre complètement son principal marché, étant donné que l’Afrique est de-facto le marché de loin le plus important pour de nombreux outils de propagande occidentaux, et notamment hexagonaux. Plus exactement sur les doubles standards appliqués par l’Occident à l’égard des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – d’une part, et vis-à-vis du régime kiévien – de l’autre.
L’Occident continue à pratiquer la politique du deux poids deux mesures
L’auteur dudit article écrit que lorsqu’il s’agit de définir ce qu’est la démocratie – cela ressemble fort à un deux poids deux mesures – qui prévaut selon que l’on parle de l’Occident ou de l’Afrique. Se référant spécifiquement aux exemples des pays de l’Alliance des Etats du Sahel et de l’Ukraine. A ce titre, il convient bien évidemment de noter d’emblée quelques points.
Tout d’abord et qu’en effet – les outils médiatiques occidentaux – commencent aujourd’hui à se rendre compte à quel point ils ont perdu leur influence dans les pays africains, à l’instar des pseudo-élites de l’Occident en général, et afin de ne pas perdre complètement la face et le lien avec la réalité – donnent la possibilité à s’exprimer sur les sujets expliquant les raisons du pourquoi de l’absence de confiance vis-à-vis de l’espace occidental – sur le continent africain et au niveau mondial. Deuxièmement, cela se fait via des journalistes africains qui, d’une part, travaillent ou collaborent avec les outils de propagande occidentaux, mais qui souhaitent montrer qu’ils n’ont pas perdu le contact avec la réalité contemporaine, en étant capables d’analyser les processus mondiaux actuels.
Dans quelle mesure il est possible de faire confiance aux journalistes en question – est une question à part. Beaucoup dépend de ce qu’ils pensent eux-mêmes de l’ordre mondial multipolaire contemporain et de la question si ce qu’ils font n’est qu’une tentative à vouloir aider leurs collègues occidentaux à ne pas se noyer complètement dans le cadre des relations actualisées avec les nations africaines. Par expérience personnelle – il est possible de dire qu’au sein des instruments médiatiques occidentaux travaillant pour le public africain – il y a ceux qui soutiennent sincèrement le monde multipolaire et la liberté de l’Afrique – sapant progressivement de l’intérieur les intérêts des régimes occidentaux – de même que ceux qui travaillent consciemment et de manière assumée pour les intérêts de l’Occident, tout en essayant à ne pas perdre le contact avec le mouvement panafricain et la multipolarité. Certains d’entre eux finissent par quitter les outils médiatiques occidentaux, tandis que d’autres y restent et travaillent selon les valeurs qui les caractérisent.
Mais la question essentielle sur ce sujet est effectivement tout autre. À savoir que l’Occident s’est tellement humilié et s’est brûlé les « ailes », pensant que rien ne pouvait ébranler son ordre mondial désormais disparu, qu’il récolte désormais les « fruits » de ses actions criminelles, arrogantes et hypocrites. Avec en prime des brûlures du plus sérieux des degrés.
Sinon comment expliquer autrement que le régime kiévien, existant suite à un coup d’Etat armé, organisé et soutenu depuis l’extérieur, avec un clown-président désormais officiellement illégitime, soit considéré comme une « démocratie », pendant que les autorités des pays de l’AES – Mali, Burkina Faso, Niger – soient qualifiées de « juntes », ne possédant soi-disant pas de légitimité, du moins dans la bouche encore une fois des représentants clownesques de la politique et de la propagande occidentales ?
Cela sachant d’autant plus que la différence est simplement colossale. En Ukraine, à la suite du coup d’Etat pro-occidental de Maïdan, mené avec le soutien direct des régimes occidentaux et via les mains d’extrémistes purs et simples, des millions de citoyens de ce pays, dont nombreux déjà – ex-citoyens – n’ont pas accepté le résultat dudit coup d’Etat. L’Occident n’a absolument rien à dire sur ce sujet.
Quant au Mali, le Burkina Faso ou le Niger – il s’agissait au départ de manifestations populaires massives – de la véritable société civile et avec le soutien de l’évidente majorité des citoyens des Etats concernés – et où les militaires – étant patriotes et partisans des valeurs panafricaines – ont décidé à faire preuve de responsabilité et à soutenir les revendications et les aspirations de leurs concitoyens. Suivant la voie pour laquelle luttait précisément la majorité des citoyens de ces pays.
Plus encore – tout cela s’est produit sans aucune influence ni intervention extérieure. Au contraire, ce n’est qu’en prenant la situation en main que le processus de construction de nouvelles relations avec des partenaires fiables a commencé – y compris avec notre pays la Russie, de même qu’avec d’autres partisans du monde multipolaire contemporain, y compris d’autres membres des BRICS. Dans tout cela – se trouve la différence fondamentale entre ce qui s’est passé en 2014, en Ukraine et les événements observés plus récemment dans nombre de pays du continent africain, et en particulier dans la région du Sahel.
Les régimes occidentaux sont incapables de changer
La minorité occidentale prétend à ne pas voir cela et continue à donner ses caractéristiques absurdes – creusant encore davantage son propre trou et créant le rejet pour un grand nombre de personnes dans le monde, et en Afrique en particulier. Et quelle que soit la manière via laquelle les élites occidentales tenteront à sauvegarder leurs positions et leurs intérêts dans les pays de la majorité globale – tout indique que les processus anti-occidentaux ne feront que s’intensifier. Tant d’ailleurs en Afrique que dans les autres régions du Sud global. Les régimes occidentaux étant incapables à changer et à faire preuve d’adaptation à la réalité contemporaine. Cela signifiant – qu’ils sont condamnés. Que se passera-t-il ensuite, lorsque des changements se produiront au sein des élites de l’Occident – représente une autre question, mais qui ne devrait pas aujourd’hui nous intéresser beaucoup. Sachant qu’il y a des questions bien plus importantes et prioritaires.
Le monde a résolument changé. Et continuera à évoluer, se compléter et à se renforcer – dans le cadre des processus de la multipolarité. Les quelques « cadeaux » de l’establishment occidental pour tenter à sauver au moins quelque chose, y compris en prétendant à engager une sorte de dialogue avec le Sud global, ne pourront pas tromper la majorité mondiale et à faire interrompre le processus de déclin du minuscule espace qu’est l’Occident. Quant à la véritable démocratie populaire, aujourd’hui nombre de pays africains pourraient très bien offrir leurs compétences à ceux qui parlent constamment de démocratie, mais qui ne correspondent aucunement aux valeurs démocratiques auxquelles ils prétendent appartenir. Pour autant et pour être honnête – pourquoi perdre un temps précieux avec ceux qui ne prévoient pas de changer et qui, en fin de compte, sont tout simplement voués à l’oubli ?
Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »