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Sur les aspects de politique étrangère de l’arrestation du ministre en chef de New Delhi

Vladimir Terehov, 09 avril 2024

ministre en chef de New Delhi

Dans la situation préélectorale plus ou moins régulièrement suivie par NEO en Inde, au cours de la deuxième quinzaine de mars (c’est-à-dire un mois avant le début du processus électoral proprement dit), un événement s’est produit qui a suscité, de manière inattendue, une réaction internationale assez forte (et négative). L’organisation d’élections générales dans un pays dont le rôle dans les processus politiques mondiaux actuels devient de plus en plus important ne peut que faire l’objet d’une attention extérieure.

Dans le cas présent, il s’agit de l’arrestation du ministre en chef de la région de la capitale nationale, Arvind Kejriwal. Il est également à la tête du Parti de l’homme ordinaire (AAP), qu’il a fondé en 2012. « Parti de l’homme ordinaire » (son acronyme hindi pour la transcription anglaise de son nom est AAP). Étant l’un des nombreux partis « régionaux » en Inde, ce dernier fait preuve d’un succès considérable au cours des différents niveaux de processus électoraux. De l’avis des experts indiens, il n’est pas déraisonnable qu’il aspire à acquérir le statut de parti national en temps voulu.

Dans l’opposition au Bharatiya Janata Party actuellement au pouvoir, l’AAP forme, avec le plus ancien parti, le Congrès national indien, ainsi qu’un certain nombre d’autres, la base du bloc préélectoral au nom évocateur de l’INDIA (Alliance inclusive de la nation indienne pour le développement), qui va rivaliser avec le même BJP pour la victoire lors des prochaines élections.

Les commentaires des médias indiens sur l’arrestation d’A. Kejriwal notent que pour la première fois dans l’histoire moderne de l’Inde, le chef d’une des plus hautes unités administratives du pays est derrière les barreaux. La raison en est qu’il a ignoré à plusieurs reprises les notifications relatives à la nécessité de se présenter devant les autorités chargées de l’enquête afin de répondre aux questions posées dans le cadre de l’affaire des abus commis dans le commerce du vin sur le territoire relevant de la juridiction d’A. Kejriwal.

Il convient de noter ici que cette mesure décisive (et apparemment forcée) des organes chargés de l’application de la loi a été prise alors que la situation politique interne, à la veille des prochaines élections, s’est aggravée de manière sans précédent. Les représentants responsables des groupes politiques opposés s’affrontent dans l’espace public et rhétorique, comme ils l’appellent, « au bord de la faute », en invoquant n’importe quelle raison. L’arrestation d’un des leaders de l’opposition n’a évidemment pas fait exception à la règle.

L’auteur de cet article ne donne évidemment pas sa propre appréciation de cet événement et de tout ce qui l’a suivi dans le cadre de la lutte politique interne mentionnée, et se contente d’exposer ici quelques faits nécessaires.

Mais dans le monde global actuel, il existe des forces qui ont assumé la lourde charge de « surveiller les mœurs politiques » (bien que personne ne leur ait demandé de le faire), et qui ne négligent aucun cas de « violation » de ces dernières. Mais ce qui est remarquable, c’est que les « violateurs » sont très majoritairement ceux qui ne figurent pas dans la liste (d’origine vague) des « démocraties ». En outre, il existe des pays extrêmement douteux à cet égard, par exemple l’actuelle Ukraine.

Cependant, le travail de « l’appareil » policier fonctionne mal depuis longtemps, ce qui, dans le cas présent, s’est manifesté sous la forme de reproches concernant certains plans de mesures internes du pays, ce qui est extrêmement important du point de vue utilitaire-politique. En outre, elle est qualifiée (non sans raison, notons-le) de « plus grande démocratie du monde ». Nous parlons ici de la remarque négative qu’une certaine employée du Département d’Etat américain s’est permis de faire à propos de l’arrestation d’A. Kejriwal.

Il convient de noter qu’il ne s’agit pas de la première bévue dans le cadre de la stratégie générale de Washington visant à établir des relations presque d’alliance avec l’Inde. Des remarques similaires avaient déjà été faites à propos de la situation au Cachemire et des amendements à la loi sur la citoyenneté indienne adoptés en mars 2024. Il convient de noter que ces derniers, même au stade de leur mise en œuvre (il y a quatre ans), ont donné lieu à de graves troubles sectaires. Des signes similaires sont apparus aujourd’hui.

Dans de telles circonstances, on se tiendrait à l’écart et on ne s’immiscerait pas dans les affaires des autres. Mais non, et dans le récent scandale entre l’Inde et le Canada (qui a failli conduire à la rupture de leurs relations) à propos du meurtre d’un certain fonctionnaire du mouvement séparatiste des Sikhs sur le territoire de ce dernier, les services de renseignement américains ont « brillé ».

Et chaque fois que l’éléphant indien, battant bruyamment des oreilles, émet une voix diplomatique indignée et claironnante, il doit marmonner quelque chose « d’officiel-explicatif » en réponse. Dans le cas de l’arrestation d’A. Kejriwal, commentée, répétons-le, par un employé du Département d’Etat, c’est le représentant officiel du Département d’Etat Matthew Miller qui a joué le rôle de « clarificateur » le 28 mars.

D’une manière générale, il n’y a là qu’hypocrisie. Sur le territoire même de l’État « policier », le principal prétendant au poste de président est persécuté par tous les moyens possibles (y compris par le même parquet).

Il est toutefois curieux de constater que, cette fois-ci, presque personne n’a voulu « condamner » avec Washington, même parmi ses alliés. À l’exception notable de l’Allemagne (ainsi que du représentant officiel du secrétaire général des Nations unies, que nous laisserons sans commentaire).

Toutefois, si l’on considère que le système d’administration de l’État en Allemagne n’est pas moins confus qu’aux États-Unis, on ne peut pas dire que la « préoccupation » exprimée au nom du ministère des affaires étrangères à propos d’un événement de politique intérieure en Inde reflète l’opinion de l’ensemble du gouvernement allemand dans ce cas. Sans parler de la population du pays, qui ne se rend probablement même pas compte de l’existence d’un tel « problème ».

Quoi qu’il en soit, il est désormais représenté sur la scène internationale (apparemment pour des fautes déjà commises) par une avocate de la lutte contre le « changement climatique » qui saute habilement sur un trampoline. Grâce aux efforts du ministère qu’elle dirige, l’Allemagne est le seul pays du continent européen à avoir trouvé le moyen de soutenir son « grand frère » d’outre-mer dans son ingérence manifeste dans les affaires intérieures de l’Inde. Lequel, répétons-le, se profile sous nos yeux comme l’un des acteurs les plus importants de la phase actuelle du « Grand jeu mondial ».

On ne peut que compatir avec le gouvernement allemand actuel (« feux de signalisation ») dirigé par Olaf Scholz, qui tente de suivre d’une manière ou d’une autre les intérêts nationaux de son propre pays. En particulier, en maintenant des relations de confiance personnelle avec son collègue indien Narendra Modi.

À cet égard, il semble approprié de citer l’interprétation de l’auteur d’une conversation sensationnelle (« entendue ») entre des officiers supérieurs de la Bundeswehr, qui contenait apparemment un message d’avertissement spécifique à l’intention de la Fédération de Russie. Elle se résumait, en gros, à ce qui suit : « Nous vous informons qu’en Ukraine, certains de nos alliés, comme les Français et les Britanniques, vous tirent dessus au sol, dans les airs et en mer. Ils nous poussent à leur tour, mais nous tenons bon ».

En général, le destinataire était déjà plus ou moins au courant, mais il remercie le « camp opposé » pour son témoignage. Compte tenu de la manière dont la « famille amie des pays occidentaux » a traité la plus importante construction d’infrastructure de l’Allemagne dans la mer Baltique, une telle « fuite d’informations » ne peut en aucun cas être qualifiée de trahison.

D’autant plus que la douloureuse opération chirurgicale sur le furoncle parasite lancé sur le corps de l’Europe en la personne de cette même Ukraine (pas la seule dans l’espace post-soviétique, mais la plus grande) est menée dans l’intérêt commun de tous les Européens. Y compris (peut-être avant tout) le peuple ukrainien lui-même, lorsque la partie de ce peuple qui se trouve hors de portée du régime de Kiev se souvient de la période sous la domination des clowns comme d’un rêve terrible.

Il convient d’ailleurs de noter la nature multiforme de ces derniers, parmi lesquels on trouve également de pathétiques imitateurs (« restaurateurs ») de l’un des plus grands mouvements de masse de la première moitié du XXe siècle (dont ils se souviennent généralement, principalement et précisément). Mais, bien entendu, ce n’est pas le fameux « fascisme » qui est au cœur des problèmes actuels du peuple ukrainien, mais une nouvelle aggravation d’une maladie spécifique appelée « Mazepovshchina ». Qui, une fois de plus (comme, par exemple, il y a 300 ans), est utilisée à leur propre avantage par certains des principaux acteurs mondiaux.

Quoi qu’il en soit, il est nécessaire, par des efforts conjoints et pour le bien commun, de faire reculer le projet ukrainien, fruit de nombreuses années de création de mythes et de fantasmes tout simplement ridicules, ainsi que de jeux politiques internationaux sans scrupules. Ce projet s’est avéré totalement non viable et empoisonne la vie de l’ensemble du continent européen. Ce qui devrait être pris en compte par les médiateurs potentiels du conflit ukrainien qui cherchent sincèrement à le résoudre pacifiquement.

Cela inclut l’Inde, amie de la Russie, à qui nous souhaitons une fois de plus de passer le prochain cycle électoral, extrêmement important pour elle, sans bouleversements majeurs.

 

Vladimir TEREKHOV, expert sur les problèmes de la région Asie-Pacifique, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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