09.10.2023 Auteur: Veniamin Popov

Les Arabes estiment que Trump pourrait battre Biden en 2024

La presse arabe, et en particulier les journaux de l’Égypte, de l’Arabie Saoudite, des EAU, du Qatar et de la Jordanie, analysant les processus actuels aux États-Unis, ont pour la plupart tendance à conclure que Trump et Biden s’affronteront à nouveau dans la prochaine élection présidentielle et, qu’en outre, le premier a de fortes chances de gagner. Ils se réfèrent principalement à des sondages d’opinion effectués aux États-Unis : par exemple, un récent sondage mené par Harvard CAPS-Harris a montré que 44 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles voteraient pour Trump, et 40 % ont déclaré qu’elles soutiendraient Biden.

Selon les analystes arabes, les difficultés économiques sont importantes : le taux d’inflation a fortement augmenté sous la présidence de Biden, incitant les banques à augmenter les taux d’intérêt pour freiner la hausse des prix. L’impact de l’inflation sur la vie quotidienne n’est pas passé inaperçu auprès du public, et ces inquiétudes économiques ont sans aucun doute contribué à la baisse de la popularité de Biden.

Mais les plus grands obstacles à la réélection de Biden sont sans doute les problèmes juridiques de son fils Hunter et les inquiétudes concernant l’âge du président. Les accusations fédérales de stockage d’armes à l’encontre de Hunter Biden et les enquêtes sur l’évasion fiscale et les relations commerciales avec l’étranger ont jeté une ombre sur la famille présidentielle.

Il existe également une opinion de plus en plus répandue selon laquelle le président âgé de 80 ans pourrait être trop vieux pour briguer un second mandat. Des questions sur ses capacités cognitives et son aptitude au travail persistent malgré les tentatives visant à apaiser les inquiétudes en publiant les données médicales. Une partie importante de la population doute de son endurance et de sa agilité mentale, et cette vulnérabilité pourrait être exploitée dans la campagne de réélection.

Biden est également confronté à un manque d’enthousiasme au sein de son parti, avec seulement un tiers des démocrates affirmant qu’il devrait être le candidat du parti en 2024. Nombreux sont ceux qui réclament qu’un candidat plus jeune prenne la tête du parti. Cependant, la popularité de la vice-présidente Kamala Harris est également faible, ce qui laisse le Parti démocrate dans une position difficile : il est pratiquement impossible de destituer Harris car cela perturberait probablement la base de soutien du parti. Les démocrates semblent n’avoir d’autre alternative que de se présenter à l’élection de 2024 avec le duo Biden-Harris.

Des journaux rapportent que les républicains de la Chambre des représentants ont ouvert une enquête de destitution contre Biden le 28 septembre, en se concentrant sur l’entreprise familiale.

Très prudemment et toujours en référence à des sources américaines, certains journalistes notent que des échecs en Ukraine (sous diverses formes) pourraient porter un coup très sensible à l’administration américaine actuelle.

 D’un autre côté, Trump, malgré de nombreuses accusations criminelles, bénéficie d’un soutien presque inébranlable parmi les républicains. Plus de 80 % des partisans de ce parti ont une opinion positive de lui. Trump se positionne comme un leader populiste de droite anti-establishment et donc injustement attaqué par « l’État profond » ou les médias libéraux.

Trump sait bien détourner l’attention des scandales en redirigeant l’attention vers d’autres questions ou en discréditant ses accusateurs. Il a appliqué cette stratégie avec succès en 2016 et presque avec succès en 2020. La récente nomination d’un procureur spécial chargé d’enquêter sur Hunter Biden aidera probablement Trump à détourner l’attention de ses problèmes juridiques.

Trump crée également une image d’homme fort, se positionnant comme dur et inflexible face à l’adversité. Cette image est appréciée par l’électorat, qui voit en lui un combattant qui ne reculera pas malgré les accusations portées contre lui. Trump souligne également que l’économie a mieux fonctionné pendant sa présidence et qu’il n’a pas conduit le pays à la guerre.

Ceux qui s’opposent à l’implication des États-Unis dans la guerre en Ukraine sont également susceptibles de se ranger du côté de Trump.

Le soutien de Trump provient de divers segments du Parti républicain, notamment des électeurs conservateurs, des communautés rurales et des segments de la population à faible revenu. Il maintient également son leadership parmi les Latinos et les Républicains blancs.

Cela peut paraître paradoxal, mais à chaque accusation, son soutien auprès des électeurs républicains grandit.

Trump bénéficie également des accusations de corruption portées contre un membre influent du Parti démocrate, le président de la commission sénatoriale des relations étrangères, Menendez, alléguant que lui et son épouse ont reçu des pots-de-vin d’une valeur de plusieurs centaines de milliers de dollars sous forme d’or, d’argent liquide, d’une voiture de luxe et d’autres cadeaux. (Les démocrates se sont précipités pour le remplacer à la tête du comité sénatorial).

Les journaux citent également un grand article du Figaro français selon lequel l’arrivée au pouvoir de Trump serait un désastre pour l’Europe, car il pourrait retirer les troupes américaines de ce continent et refuser de financer le régime de Kiev.

De graves désaccords entre républicains et démocrates pourraient conduire à une suspension temporaire des travaux du gouvernement américain, car le budget du nouvel exercice ne sera pas approuvé. (Le 27 septembre, la Chambre des représentants a voté la réduction du salaire du ministre de la Défense Austin à 1 dollar, car il n’a pas été possible de s’entendre sur un projet de loi sur les dépenses du Pentagone. Il est peu probable que le premier ministre noir de la Défense voie son salaire diminuer, car le projet de loi sur les dépenses militaires va certainement « mourir » au Sénat à majorité démocrate.)

Cependant, ce petit incident en dit long sur l’âpreté des luttes entre les partis républicain et démocrate.

On peut donc conclure que l’année à venir, jusqu’aux élections de novembre aux États-Unis, sera remplie d’événements politiques nationaux fracassants qui attireront l’attention du monde entier.

 

Veniamin Popov, le directeur du Centre pour le partenariat des civilisations à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire, docteur ès sciences historiques, spécialement pour la revue en ligne « New Eastern Outlook ».

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