Le changement de politique des États-Unis du Moyen-Orient vers l’Indo-Pacifique a ouvert un espace pour la Chine pour étendre son influence dans la région. La Chine est en train de remodeler la dynamique régionale dans le Moyen-Orient en jouant un rôle plus important que jamais. Le récent progrès relatif à l’accord entre l’Arabie Saoudite et l’Iran et l’inclusion de certains pays du Moyen-Orient dans les BRICS indique que les intérêts de la Chine dans la région du Moyen-Orient qui englobent des questions économiques, géopolitiques et stratégiques en plus des besoins énergétiques traditionnels. La Chine entretient des relations plus étroites avec de multiples partenaires régionaux depuis de nombreuses années, mais elle étend désormais son engagement régional en signant différents accords avec plusieurs pays du Moyen-Orient. Auparavant, la Chine a conclu un accord avec le Forum de coopération sino-arabe (CASCF) en 2004 et le Dialogue stratégique entre la Chine et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) en 2010, ainsi que d’autres accords. De plus, la Chine a publié en 2016 un document sur sa politique arabe qui donne un aperçu approfondi des politiques du pays et de ses intérêts dans la région.
L’engagement de la Chine à favoriser les partenariats stratégiques et à promouvoir le développement économique au-delà de ses intérêts énergétiques traditionnels dans la région est évident depuis le premier Sommet Chine-États arabes et son premier sommet Chine-CCG en 2022. Cette implication croissante de la Chine au Moyen-Orient façonne dans une large mesure la dynamique géopolitique de la région et a également un impact sur l’ordre mondial international. Tout cela implique que la Chine est prête à étendre ses intérêts économiques et politiques à l’échelle mondiale pour sécuriser son accès aux ressources vitales et aux marchés du Moyen-Orient. En outre, la politique de non-ingérence de la Chine dans les affaires intérieures de ses alliés en fait une option intéressante pour les pays du Moyen-Orient souhaitant diversifier leurs relations économiques et stratégiques. Cela donne aux pays du Moyen-Orient la chance d’exercer une plus grande autonomie et flexibilité dans leurs affaires intérieures et internationales.
La Chine s’est concentrée sur ses échanges commerciaux avec les pays du Moyen-Orient et a remplacé l’Union européenne en tant que principal partenaire commercial du CCG dans les échanges bilatéraux en 2020. La Chine a signé de multiples accords commerciaux avec les pays du Golfe ces dernières années. En outre, les projets de développement de Pékin au Moyen-Orient dans le cadre de l’Initiative « La Ceinture et la route » (BRI) sont également devenus un outil essentiel pour étendre son influence politique dans la région. La Chine développe également une route maritime dans le cadre du projet BRI pour répondre à ses besoins énergétiques en provenance du Moyen-Orient. La plupart des projets d’investissement chinois dans le cadre du projet BRI en 2021 incluent les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Près de 23 % des engagements chinois faisant parti du projet BRI ont été destinés aux pays du Moyen-Orient en 2022.
La Chine a investi environ 10,5 milliards de dollars dans des contrats de construction dans le principal bénéficiaire irakien en 2021. En outre, la Chine a investi 10 milliards de dollars dans la construction d’infrastructures dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l’Irak. De plus, l’Iran a également reçu près de 10 % du budget total de l’initiative BRI et a profité du développement du port de Chabahar et du port de Jask au sud du détroit d’Hormuz. De plus, les pays du Moyen-Orient recherchent le progrès numérique et la Chine a conclu des accords 5G dans le cadre de sa Route de la soie numérique. L’Arabie saoudite se prononce également en faveur des investissements de la Chine dans les technologies de pointe et la recherche. L’Israël et la Chine ont également renforcé leur coopération en matière de technologie, d’infrastructure et de sécurité, ce qui a irrité les États-Unis. Tous ces intérêts économiques et stratégiques de la Chine au Moyen-Orient et ses relations fraternelles avec les pays de la région l’ont motivée à œuvrer pour la paix et la stabilité dans cette zone. La Chine augmente également ses ventes d’armes dans la région et a mené des exercices militaires avec deux des principales parties prenantes du Moyen-Orient, l’Iran et l’Arabie saoudite, ainsi que la Russie. Elle promeut également l’idée de la production conjointe d’armes. La Chine comble rapidement le vide créé dans la région par le changement d’orientation des États-Unis du Moyen-Orient vers l’Asie du Sud-Est. Après que les États-Unis avaient refusé de fournir des armes de pointe aux États de la région, la Chine s’est empressée de combler cette lacune en fournissant des armes modernes à plusieurs pays du Moyen-Orient.
La Chine a également été un médiateur clé dans des conflits régionaux très médiatisés, notamment dans la question afghane, dans les négociations relatives au traité JCPoA ainsi que dans les efforts de paix en Syrie et le processus de paix au Yémen. De plus, l’admission de l’Arabie saoudite et de l’Iran dans les BRICS, alors que l’Arabie Saoudite, l’Iran et le Qatar sont déjà membres de l’OCS, et l’appel à la dédollarisation de la part du forum des BRICS ont suscité des soupçons parmi les pays occidentaux. Par ailleurs, l’inclusion de l’Iran dans les BRICS et l’amélioration de ses relations avec l’Arabie saoudite, la Russie et la Chine pourraient rendre inopérantes les sanctions américaines contre Téhéran. Sans aucun doute, la Chine est une superpuissance montante du monde et elle s’est également avérée un allié plus fiable que les États-Unis. L’influence croissante de la Chine dans la région du Moyen-Orient aurait des impacts multiples sur les puissances régionales et mondiales. L’implication et la coopération croissantes de la Chine au Moyen-Orient améliorent son image douce et renforcent son influence politique dans la région. Les pays du Moyen-Orient pourraient désormais voir la Chine comme une alternative aux États-Unis pour leurs besoins financiers, de développement et de sécurité. L’influence croissante de la Chine dans la région menace l’hégémonie d’Israël et des États-Unis au Moyen-Orient et au niveau mondial. Les États-Unis devraient améliorer leur image douce et réévaluer leur politique à l’égard du Moyen-Orient pour s’imposer comme un allié fiable pour les pays de la région.
Abbas Hashemite, est un observateur politique et un analyste des questions géopolitiques, régionales et mondiales. Il travaille actuellement comme chercheur et journaliste indépendant, exclusivement pour « New Eastern Outlook ».