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Le succès de l’Inde au sommet du « Groupe des 20 »

Anvar Azimov, septembre 15

Le succès de l’Inde au sommet du « Groupe des 20 »

L’Inde a présidé, pour la première fois, la 18ᵉ rencontre des chefs d’État du Groupe dès 20 (G20), qui s’est tenue les 9 et 10 septembre 2023 à New Delhi. En tant que puissance majeure et responsable, l’Inde, dès le début de sa présidence, a cherché à dépolitiser le débat et à centrer tous les participants sur une conversation sérieuse, avant tout sur l’énergie, le climat et la sécurité alimentaire, ainsi que sur la stabilité financière et économique dans le monde.

Les pays du G7, principalement les États-Unis, ont exercé une forte pression sur les dirigeants indiens pour s’assurer que les documents finaux des événements du G20 reflètent des approches acceptables, y compris sur la situation en Ukraine et la critique des actions de la Russie, et ont même essayé de faire entrer en douce le dirigeant ukrainien au sommet. Mais ils n’ont pas réussi à atteindre ces objectifs ambitieux. Les Indiens ont tenu bon et se sont efforcés de dépolitiser les discussions autant que possible et de les réduire à un débat sur le mandat économique du forum, ce qu’ils ont largement réussi à faire.

Le Premier ministre indien Narendra Modi, politicien expérimenté et habile, voit dans la présidence indienne du G20 l’occasion de démontrer à la communauté internationale le rôle croissant de New Delhi comme l’un des centres importants du nouvel ordre mondial émergent et du développement économique. Et bien sûr, en termes de croissance du PIB, l’Inde est aujourd’hui l’une des principales économies du monde — la cinquième économie mondiale et, à court terme, elle devrait atteindre la troisième place avec un taux de croissance annuel de 8 %. Le PIB du pays s’élève actuellement à 3 750 milliards de dollars américain. Le succès du sommet était important pour l’Inde, non seulement parce qu’il démontrait sa puissance économique et sa position internationale en tant qu’acteur important et équilibré, mais aussi pour des raisons de politique intérieure, compte tenu des prochaines élections législatives dans le pays, où l’alliance au pouvoir dirigée par N. Modi sera opposée aux forces unies de l’opposition dirigées par le Congrès national, parti de Sonia Gandhi.

Bien sûr, les Indiens ont été contrariés que les dirigeants russes et chinois ne soient pas venus à Delhi, mais d’un autre côté, cela leur a permis de contourner de nombreuses difficultés, notamment politiques et protocolaires, dans le contexte de la confrontation collective de l’Occident avec la Russie et du rapprochement croissant entre la Russie et la Chine.

L’Inde, compte tenu de sa politique constante de renforcement de son partenariat stratégique avec la Russie et d’aplanissement de ses relations difficiles avec la Chine, qui incluent des différends territoriaux, a déployé de grands efforts pour veiller à ce que les événements du G20 ne fassent pas l’objet d’une rhétorique anti-russe et anti-chinoise et ne contribuent pas à créer une atmosphère de confrontation. Il faut dire que grâce à l’habileté de la diplomatie indienne, cette tâche a été largement accomplie. La déclaration finale adoptée, y compris la formulation généralement neutre et axée sur le compromis sur la situation relative à l’Ukraine, a marqué un tournant et a contribué à la crédibilité croissante du pays en tant qu’acteur équilibré visant à trouver des solutions constructives aux problèmes internationaux les plus complexes. Il convient de noter l’inclusion de l’Union africaine dans le G20 lors de la réunion, ainsi que le soutien réaffirmé au fameux accord sur les céréales. Tout cela a renforcé la popularité de Narendra Modi, ce qui est important pour lui dans le contexte de la politique intérieure.

En un mot, on peut dire que l’Inde a réussi à s’acquitter des responsabilités difficiles qui lui incombent en tant que présidente du G20.

Il est compréhensible que l’Inde doive équilibrer sa politique étrangère, en développant activement ses relations avec les États-Unis et l’Union européenne, mais en même temps, New Delhi s’est engagée à renforcer pleinement la coopération avec la Russie, y compris dans le cadre des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Quant à nous, les résultats de la réunion du G20 à New Delhi nous ont une fois de plus convaincus que l’Inde représente, malgré la pression massive exercée sur elle par les Occidentaux, un partenaire fiable et pondéré, intéressé par la construction d’un nouvel ordre mondial multipolaire, plus juste et plus démocratique.

 

Anvar Azimov, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, chercheur principal à MGIMO, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

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