14.07.2023 Auteur: Anna Kudinova

A propos de la volonté des États-Unis de lancer une campagne visant à discréditer la NBD des BRICS

A propos de la volonté des États-Unis de lancer une campagne visant à discréditer la NBD des BRICS

Ces derniers mois, les Etats-Unis ont intensifié leurs efforts pour discréditer la Nouvelle banque de développement (NBD), créée par les pays des BRICS, qui comprend déjà l’Égypte, le Bangladesh et les Émirats arabes unis en plus des cinq pays des BRICS, et aussi une vingtaine d’autres pays candidats à l’adhésion. La raison d’une telle activité de la part de Washington est simple et claire. Les Américains veulent freiner la montée en puissance d’une infrastructure financière mondiale alternative.

La Chine est en train de dédollariser son commerce extérieur et n’a pas l’intention de s’arrêter. Il est clair que ce processus n’a pas encore atteint des proportions menaçantes pour la Maison Blanche. Jusqu’à présent, l’Empire du Milieu a pu convertir moins de 20 % de sa balance commerciale en yuan et (dans une moindre mesure) dans d’autres monnaies. Il y a dix ans, cependant, le dollar US dominait cette sphère à 100 %. Mais désormais il y a une alternative.

Parallèlement, la RPC a commencé à se débarrasser discrètement de la dette américaine et a ramené le montant inscrit dans ses livres à son niveau le plus bas depuis des années. En chiffres absolus, ce n’est pas encore critique pour les Etats-Unis, mais l’essentiel, après tout, est la poursuite d’une tendance que Washington n’a pas encore réussi à inverser.

Dans ce contexte, les initiatives de Moscou visant à dédollariser le commerce mondial ont également désavantagé Washington. Le processus a commencé et prend lentement de l’ampleur.

Les Américains peuvent certainement se sentir à l’aise pour l’instant. La part du dollar dans le commerce mondial est élevée, de l’ordre de 90 %. Dans une telle situation, les Etats-Unis ne commenceront à ressentir les effets négatifs qu’une fois qu’elle sera tombée à 75 % ou moins. Il reste du temps, mais Washington n’a pas l’intention de le gaspiller.

La Maison Blanche envisage de prendre des mesures sérieuses pour retourner la situation en sa faveur et réduire, ou idéalement ralentir complètement, le rythme de l’internationalisation du yuan par Pékin et de l’abandon du dollar par Moscou au profit des monnaies nationales. À cet égard, la NBD des BRICS a été critiquée par Washington en tant que pierre angulaire de l’infrastructure financière indépendante émergente.

Les vieux outils éprouvés pour discréditer la NBD sont utilisés : des publications négatives dans les grands médias internationaux (contrôlés par Washington) sur la banque des BRICS. Le Wall Street Journal, le Financial Times et d’autres publications ont commencé à couvrir l’un après l’autre les problèmes de la NBD et son prétendu état de pré-faillite. Il y eu des « histoires à faire peur » sur la chute imminente des États coopérant avec la NBD sous l’influence financière de la Chine, ainsi que des rapports sur la « toxicité » de la NBD en raison de ses liens avec la Russie et l’inévitabilité de l’application de sanctions secondaires contre des pays tiers pour cette raison.

Cependant, ce ne sont là que des rêves d’anglo-saxons. Quoi qu’ils pensent, le processus de dédollarisation de l’économie mondiale a déjà commencé et rien ne pourra l’arrêter. La seule question est de savoir quand et à quelle vitesse elle se transformera en avalanche.

La NBD bénéficie d’une très bonne notation internationale de AA par S&P et Fitch Ratings. La Banque a approuvé plus de 80 projets dans les pays membres. Elle joue un rôle actif dans la lutte contre les effets de la pandémie de COVID-19, en aidant les pays en développement à relever des défis socialement importants.

Dans le même temps, la Nouvelle banque de développement doit encore trouver sa place parmi les institutions financières mondiales. Cependant, il est déjà clair que la demande d’organisations financières alternatives à l’échelle mondiale reste forte. Cela signifie que la loi de l’offre et de la demande sera satisfaite et que la NBD gagnera en poids et en stature pour être à la hauteur de l’influence des BRICS sur la scène mondiale.

Il ne peut y avoir d’autre option, même si certains à Washington le souhaitent.

 

Anna Koudinova, commentateur économique, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

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