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Champ de bataille : Soudan

Fernando Gaillardo, mai 28

Champ de bataille : Soudan

La confrontation armée qui a éclaté mi-avril entre les forces du commandant militaire A. al-Burhan et les unités des Forces de soutien rapide du général Dogolo au Soudan prend un caractère prolongé. Le conflit ne profite qu’à l’Occident et ne répond pas aux intérêts des Africains ni à ceux de la majorité de la communauté internationale.

Récemment, grâce aux efforts des médias occidentaux, la crise ukrainienne a éclipsé dans la sphère informationnelle tous les autres conflits armés qui, selon les estimations les plus mesurées, seraient au nombre de cinquante à travers le monde. Beaucoup d’entre eux sont généralisés, c’est-à-dire qu’il s’agit de guerres à part entière. Cela peut aussi désigner la situation se développant au Soudan, où le nombre de morts atteint des centaines et celui des victimes des milliers sur le dernier mois uniquement. Des combats ayant recours à l’artillerie et à l’aviation s’étendent dans la capitale Khartoum, au nord du pays dans le quartier Kafouri, à l’ouest au Darfour et dans les environs de Port-Soudan sur la mer Rouge. Toute une série d’états étrangers ont procédé à l’évacuation de leurs ressortissants. Désorganisé, le pays a fait face à une avalanche de problèmes humanitaires et sociaux. Partout, on observe des perturbations de l’approvisionnement en aliments et médicament, ainsi que des coupures d’électricité et des communications.

La situation en cours au Soudan se développe de façon dynamique et personne n’ose faire de pronostics à court terme sur son développement.  Néanmoins, la majorité des analystes s’accordent à penser que le conflit va se prolonger. Ils soulignent également que les troubles civils ne profitent qu’à l’Occident dans son ensemble, qui a historiquement l’habitude de tirer profit de la confusion des guerres civiles qu’il déclenche lui-même.

De fait, la phase actuelle du conflit au Soudan a commencé en 2019, quand le leader de l’époque, O. al-Bashir, au pouvoir depuis 1993 et accusé de blanchiment d’argent de corruption, fut renversé par un coup d’état militaire. Le coup d’état portait la marque évidente de l’Occident. Toutefois, comme d’habitude, le coup d’état n’a pas apporté la tranquillité dans le pays. Par la suite, Washington et ses alliés ont tenté de sévir contre al-Bashir, en lançant un mandat d’arrêt contre lui à la cour pénale internationale de la Haye.

A l’époque coloniale, les « gentils » Britanniques tracèrent les frontières du Soudan « en lignes », sans prendre en compte les facteurs ethniques, confessionnels, géographiques, économiques et autres. En conséquence, la guerre civile n’a quasiment jamais cessé dans le pays, et en 2011 il s’est divisé en deux parties, avec l’apparition du Sud-Soudan.

Début avril aurait du être signé un accord pour la création dans le pays d’une administration civile de transition entre l’organe suprême actuel de gouvernement du Soudan – le conseil Souverain, dont le chef, soit dit en passant, est al-Burhan, qui a pour adjoint M. Dogolo –, d’une part, et plus d’une cinquantaine d’associations et de groupes civils, d’autre part. Mais cela a été annulé.

Aujourd’hui, selon les analystes, l’un des buts principaux des Occidentaux au Soudan consiste à miner les positions de la Chine qui, suite à de nombreuses années de travail et plusieurs milliards d’investissements, a réussi à gagner des positions solides dans ce pays. En outre, on pense que la création prévue d’une base d’entretien matériel et technique pour la flotte russe à Port-Soudan inquiète également les capitales occidentales.

Par ailleurs, l’Allemagne a fait part de sa volonté d’envoyé au Soudan environ 1500 soldats, notant que l’effectif du contingent pourrait être augmenté en cas de besoin. Ce qui compliquera encore plus la répartition des forces dans le pays.

Fernando Gaillardo, commentateur politique, spécialement pour le webzine «New Eastern Outlook».

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