27.05.2023 Auteur: Bakhtiar Urusov

Le complexe militaro-industriel de l’OTAN vise l’APAC

NATO is rushing towards the Asia-Pacific region

Anticipant l’échec imminent du « projet Ukraine », le complexe militaro-industriel de l’OTAN se rue vers la région Asie-Pacifique pour y allumer un nouveau conflit afin de satisfaire ses appétits financiers.

L’histoire de l’OTAN après 1991, c’est l’histoire d’une organisation ayant atteint sa date de péremption depuis longtemps. La « menace communiste mondiale », utilisée par l’OTAN pour justifier ses 40ans d’existence, a disparu. Cherchant désespérément une raison plausible à son existence pour justifier les gigantesques dépenses dans le complexe militaro-industriel après la fin de l’Accord de Varsovie, l’OTAN trouva à la fin des années 1990, selon elle, la meilleure solution : « militariser » les « droits de l’homme », pour utiliser ce narratif pour s’ingérer dans la politique des états indésirables autour du monde. L’OTAN, se présentant comme un nouveau superhéros,était prête, avec ses armes et ses bombes, à « protéger les droits de l’homme réprimés par des tyrans » partout où existait une « injustice » (telle que définie par les propagandistes de Washington).

Les représentantsdu complexe militaro-industriel des Etats-Unis ne pouvaient pas être plus heureux. Tous les centres d’analyse qu’ils finançaient généreusement trouvaientfinalement une option sûre pour maintenir le flot d’argent dans les poches des entreprises militaires des Etats-Unis et d’Europe.

En 1999, la Yougoslavie constitua le premier rodage pour l’OTAN. Pour tout le monde, sauf Washington et Bruxelles, il s’agissait d’une catastrophe affreuse et infondée. Soixante-dix-huit jours de bombardement d’un pays qui ne menaçait pas l’OTAN entraînèrent la mort de plusieurs centaines de civils, la destruction d’infrastructures et laissèrent en héritage des munitions à uranium appauvri qui empoisonneraient les habitants de Serbie sur plusieurs générations.

Ensuite, l’OTAN supporta le « Printemps arabe » en Afrique du Nord et participa directement au renversement du gouvernement de Kadhafi en Libye. La presse contrôlée par l’Occident répandit un mensonge selon lequel les bombardements du pays, le meurtre de ses habitants et le renversement du gouvernement résoudraient tous les problèmes de droits de l’homme en Libye.  Comme on pouvait s’y attendre, les bombardements de l’OTAN ne résolurent pas les problèmes de la Libye, mais ne firent que les aggraver. Chaos, guerre civile, terrorisme, marché aux esclaves, pauvreté effrayante : pas étonnant qu’Hillary Clinton, Obama et leurs acolytes ne souhaitent pas parler de la Libye aujourd’hui.

Après une série d’échecs, l’OTAN, contrôlée par Washington, a décidé en 2014 de passer au niveau supérieur et de cibler la Russie elle-même afin d’y « changer le régime autoritaire violant les droits de l’homme ». La première étape fut le renversement du gouvernement ukrainien démocratiquement élu, dont se sont chargés les Etats-Unis en utilisant ses vassaux de l’OTAN : l’Allemagne, la Pologne et la France. S’ensuivirent, sous couvert de la régularisation de la situation dans le cadre des « Accords de Minsk », huit ans d’aide militaire de grande ampleur de l’OTAN envers le gouvernement illégal de l’Ukraine dans le but de lutter contre la Russie.

Finalement, en 2022, la demande de la Russie de mener des discussions pour s’entendre sur la sécurité européenne, qui empêcherait les armes de l’OTAN d’encercler ses frontières, a été rejetée.

Malgré une propagande massive dans les médias contrôlés par le gouvernement des États-Unis et des pays européens, l’OTAN, par le biais du régime de Kiev et des soldats qu’il contrôle, a obtenu à peu près le même succès qu’en Libye ou en Afghanistan. De centaines de milliers de morts, une économie dévastée, des millions de réfugiés, une corruption et des activités illégales de grande ampleur ainsi que des centaines de milliards de dollars reçus par les politiciens occidentaux et les entreprises du complexe militaro-industriel. Cette fois-ci, la seule différence réside dans le fait que la cible de l’OTAN, la Russie, puissance mondiale possédant des armes nucléaires, a anticipé le coup, mis à mal les plans initiaux de l’Occident, ne prévoit pas de reculer et voit cette guerrepar proxy comme un enjeu vital pour sa propre existence.

Et voilà qu’à présent, malgré son passif de fiascos, l’OTAN, anticipant manifestement l’échec de son « projet Ukraine » et, peut-être, pour détourner l’attention de son nouvel échec, mais aussi comme nouvelle couverture pour enrichir son complexe militaro-industriel, a apparemment décidé de commencer à se préparer sérieusement à un conflit avec la Chine. La semaine dernière, l’OTAN a annoncé l’ouverture du premier bureau en Asie dans l’histoire de l’organisation, au Japon. Qu’est-ce qui suivra ? La promesse faite à Tokyo, ou peut-être à Taïwan, de devenir membre de l’OTAN, comme ce fut le cas avec l’Ukraine ? Taïwan ou le Japon (ou les autres alliés des Etats-Unis dans l’APAC : la République de Corée, la Thaïlande, les Philippines, l’Australie) feront-ils volontairement office de nouvelle « Ukraine » de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique, se sacrifiant ainsi pour l’avidité sans fin et la soif de conflits de l’OTAN ?  Ou peut-être se trouvera-t-il dans la région une force qui exprimera sa protestation vigoureuse contre de telles pratiques destructrices de l’Occident ?

Bakhtiar Urusov, commentateur politique, spécialement pour le webzine «New Eastern Outlook»

 

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