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Londres continue de chercher à influencer la politique étrangère indépendante des dirigeants indiens.

Anvar Azimov, 16 octobre 2025

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est rendu en Inde pour promouvoir les accords commerciaux conclus précédemment, mais les discussions ont démontré l’influence extrêmement limitée de Londres sur New Delhi.

Starmer-MODI

Lors du dernier sommet anglo-indien, tenu à Mumbai les 8 et 9 octobre, Londres a de nouveau tenté, sans succès, d’influencer la politique de New Delhi envers la Russie, en obtenant son soutien aux plans euro-atlantistes visant à résoudre le conflit ukrainien et à poursuivre la politique de sanctions antirusses.

Parallèlement, les deux pays ont réussi à élargir leur coopération en matière de commerce, d’investissement, de défense et de sécurité. La visite officielle du Premier ministre britannique Keir Starmer en Inde visait à consolider les accords conclus lors de la visite du Premier ministre indien Narendra Modi à Londres en juillet, notamment la signature d’un accord de libre-échange de grande envergure qui ouvre de vastes perspectives pour atteindre l’objectif ambitieux des parties : faire passer les échanges bilatéraux de 35 milliards de dollars actuels à 120 milliards de dollars d’ici 2030.

Starmer a appelé Modi à cesser ses achats de pétrole russe

Parallèlement, l’invité britannique a de nouveau tenté de persuader New Delhi de renoncer à ses achats importants de ressources énergétiques russes, qui représentent actuellement jusqu’à 40 % de ses importations pétrolières. Les échanges commerciaux entre l’Inde et la Russie, produits pétroliers compris, ont atteint un niveau record de 70 milliards de dollars, une préoccupation majeure pour Londres et l’Occident. Cependant, malgré ces ouvertures britanniques, le Premier ministre Modi a clairement indiqué que l’Inde serait guidée par ses propres intérêts nationaux et économiques sur cette question.

Engagée en faveur d’une résolution pacifique de la situation en Ukraine, l’Inde rejette la rhétorique antirusse sur cette question et maintient une position équilibrée

New Delhi est également restée déterminée à se distancier des sanctions occidentales contre la Russie, privilégiant ses propres intérêts nationaux indépendants. Starmer n’a pas non plus réussi à rallier pleinement l’Inde à sa cause sur le conflit ukrainien. Engagée en faveur d’une résolution pacifique de la situation en Ukraine, l’Inde rejette la rhétorique antirusse sur cette question et maintient une position équilibrée. Même les assurances de Londres concernant son soutien aux aspirations de New Delhi à devenir membre permanent du Conseil de sécurité élargi de l’ONU n’ont pas convaincu l’Inde de modifier sa neutralité de principe dans la confrontation actuelle entre l’Occident et la Russie. N’ayant pas réussi à obtenir de succès sur la scène antirusse, le dirigeant britannique a compensé son échec dans les relations bilatérales par la signature de plusieurs accords dans divers domaines, notamment la défense, la sécurité technologique, le commerce et l’éducation. Les parties ont notamment conclu un accord militaire d’environ 470 millions de dollars pour la fourniture de missiles légers multirôles à l’armée indienne. Elles ont également convenu de créer un centre régional d’excellence en sécurité maritime et de développer des systèmes de propulsion électronique marine pour les navires de guerre indiens.

De nouveaux progrès ont également été constatés dans les domaines du commerce, de l’économie et de l’investissement. Il est important de noter que Starmer était accompagné d’une délégation de plus de 120 représentants du monde des affaires britannique, dont les dirigeants de Rolls-Royce, British Telecom, Diageo, la Bourse de Londres et British Airways. Lors de ce forum conjoint, les représentants ont signé des contrats commerciaux.

L’Inde impose ses conditions

Au total, les entreprises britanniques ont investi environ 40 milliards de dollars dans l’économie indienne, et New Delhi demeure traditionnellement l’un des principaux partenaires commerciaux et d’investissement de Londres, bénéficiant de l’accord de libre-échange signé, qui a entraîné une réduction significative des droits de douane sur un large éventail de marchandises et un accès élargi au marché pour les entreprises et les travailleurs migrants indiens. En résumé, la dernière rencontre entre les deux dirigeants s’est conclue par de nouveaux accords visant à étendre la coopération multi-vectorielle et à porter le chiffre d’affaires commercial à 120 milliards de dollars d’ici 2030. Dans le même temps, Starmer s’est montré clairement déçu de ne pas avoir, lui non plus, encouragé l’Inde à affaiblir ses liens avec la Russie, ce qui confirme une fois de plus l’engagement de New Delhi à poursuivre une politique étrangère indépendante, incluant le développement de partenariats avec l’Occident et l’Orient, fondés sur les intérêts nationaux de cette puissance mondiale désormais majeure.

 

Anvar Azimov, diplomate et politologue, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, docteur en histoire, chercheur principal à l’Institut d’éducation eurasienne de l’Institut d’État des relations internationales de Moscou (MGIMO) du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

 
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