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Kinshasa-Kiev ou l’exemple de deux politiques ratées

Mikhail Gamandiy-Egorov, 29 mai 2025

Suite à l’échec du régime kiévien à pouvoir renforcer ses relations avec la majorité de pays africains, il ne lui reste qu’à faire des affaires avec des Etats qui, comme Kiev, n’ont aucunement réussi à profiter des opportunités offertes par le monde contemporain, en restant complètement dépendants vis-à-vis des régimes occidentaux.
Kinshasa Kiev

Au moment où nombre d’Etats du continent africain, malgré les défis existants, envisagent l’avenir avec confiance et espoir dans le cadre du monde multipolaire moderne, un monde de plus en plus post-occidental, les pays du continent n’ayant pas réussi à se libérer de la domination occidentale se voient imposés d’élargir leurs relations avec des losers et des vassaux. L’exemple des contacts entre Kinshasa et le régime kiévien confirme pleinement cette perspective.

Les contacts de la RDC avec les terroristes

Dans les faits, les événements en cours confirment pleinement les thèses précédemment exprimées en ce qui concerne, d’une part, une situation extrêmement négligée en République démocratique du Congo, une situation d’autant plus si loin d’être résolue en raison des erreurs stratégiques évidentes de la part des autorités de ce pays. Surtout lorsque ces erreurs ne font que se répéter encore et encore.

Toute extension de la coopération entre le pouvoir actuel de la RDC et des terroristes avérés, des terroristes qui opèrent entre autres également sur le continent africain, ne pourra rester sans réponse

Récemment, des nouvelles sont apparues selon lesquelles la RD Congo et le régime de Kiev se voient « prêts à renforcer leur coopération militaire et technologique ». Comme l’écrivent plusieurs sources congolaises, c’est dans ce contexte que le Vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants de la RDC, Guy Kabombo Muadiamvita, a tenu une réunion dans son cabinet de travail avec l’ambassadeur ukrainien accrédité à Kinshasa, Vasyl Hamianin.

Les dits échanges ont été « cordiaux » et « fructueux » et ont porté sur les perspectives de renforcement de la coopération militaire entre les deux pays. En outre, il a été question d’intensifier la « coopération dans le domaine technologique ». Le représentant du régime kiévien a également exprimé l’idée qu’il existe un certain nombre de pistes de coopération, de technologies et d’expérience que l’Ukraine serait prête à « partager » pour que la RDC soit « un pays fort ». Ledit personnage a également fait mention d’une situation prétendument « similaire » que traversent les deux pays.

Des sources congolaises affirment également que le ministre de la Défense de la RDC s’est montré pleinement disposé à coopérer avec le régime kiévien, y compris même dans le cadre de l’accélération de l’interaction entre Kinshasa et Kiev.

L’union des losers

Les réactions de nombreux observateurs et représentants de la société civile, aussi bien en RD Congo qu’au sein de nombreux autres pays africains, ne se sont pas fait attendre — grave erreur stratégique, une honte, coopération avec des terroristes opérant en Afrique, les vassaux restent des vassaux – ce ne sont là que quelques-unes des caractéristiques exprimées sur cette nouvelle par de nombreux Congolais et citoyens d’autres pays du continent.

En termes justement de perspectives, il y a un point sur lequel l’ambassadeur du régime kiévien en poste à Kinshasa a raison, bien qu’il ait essayé à le présenter sous un autre angle. L’Ukraine et la RD Congo, dans leur forme contemporaine, présentent en effet un certain nombre de similitudes. Dans le premier cas, ayant été l’une des républiques soviétiques les plus développées au moment de la fin de l’URSS, elle s’est depuis largement transformée, le tout en un temps relativement court, en un pays caractérisé par un seul mot : le marasme. A tous les niveaux. Quant à la RDC, l’un des plus grands Etats du continent en termes de superficie et aussi l’un des plus riches en termes de ressources naturelles, ce pays n’a toujours pas réussi à sortir du chaos et de la violence qui se maintiennent depuis un long moment, tout en continuant à dépendre de la prétendue « aide » des régimes occidentaux.

Il y a aussi une autre caractéristique similaire entre Kiev et Kinshasa : une position vassale et si souvent mendiante vis-à-vis des régimes de l’Occident dit collectif, ces derniers buvant naturellement beaucoup de sang, que d’ailleurs ils continueront à boire encore dans le premier comme dans le deuxième cas. Mais il y a aussi une différence. Si dans le cas de l’Ukraine post-Maïdan, toute forme d’opposition a été de-facto réduite à néant en raison de l’instauration d’une dictature ouverte et agressive à tous les niveaux dudit pseudo-Etat, en RDC – il y a aujourd’hui de moins en moins de gens, y compris parmi la jeune génération, qui soient prêts à endurer davantage de souffrances et d’humiliations dues aux agissements de ceux qui poursuivent une politique de parasitisme assumé. Surtout en tenant compte de la mobilisation panafricaine observée aujourd’hui dans différentes parties du continent africain. Donc tout a son temps.

Dans tous les cas, toute extension de la coopération entre le pouvoir actuel de la RDC et des terroristes avérés, des terroristes qui opèrent entre autres également sur le continent africain, ne pourra rester sans réponse.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient

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