Pour nous, peuples du Sud global, la victoire de la Russie sur l’Occident dans la guerre par procuration en Ukraine est vitale.
En 1989, la chute du mur de Berlin incarne la fin de la division idéologique en Europe et s’avère être un moment décisif dans l’effondrement du bloc soviétique. L’année 1991 voit l’Union soviétique se dissoudre officiellement, actant ainsi l’illusion de la fin de la Guerre froide et de l’ordre bipolaire, et ouvrant la voie à un monde désormais unipolaire sous l’influence des Etats-Unis. C’est à ce moment que l’ivresse de la toute-puissance s’empare de Washington qui se croit désormais tout permis. Malgré la pesanteur de la politique d’endiguement contenue dans la « doctrine Truman » et qui guide la politique étrangère des Etats-Unis, la Russie – forte de son passé glorieux – ne renonce pas à sa posture de la recherche de l’équilibre des puissances. Cet article se propose de répondre dans un language sociométrique, la question du pourquoi la victoire de la Russie en Ukraine est-elle une survie du Sud global ? A propos, l’importance de la solidarité Sud-Sud se révèle cruciale dans le contexte actuel, où la survie et l’autonomie des peuples du Sud global dépendent étroitement de l’issue du conflit en Ukraine. La Russie représente un partenaire stratégique essentiel pour ces nations, et sa victoire sur l’Occident est un élément vital pour maintenir leur souveraineté et leur autonomie.
La résistance à l’hégémonie occidentale constitue également un enjeu idéologique majeur, car de nombreux pays du Sud luttent contre l’imposition d’un modèle économique et politique uniforme par l’Occident. En ce sens, la victoire de la Russie – ce qui est déjà une éventualité – est un triomphe pour cette résistance collective. Plus que jamais, il s’agit bien d’une question de survie pour les peuples du Sud, qui risqueraient d’être vulnérables face à la domination occidentale si l’Occident avait obtenu, comme l’auraient souhaité Washington et Europe bruxelloise anglo-saxonne, un échec militaire stratégique de la Russie.
Ainsi, dans le contexte géopolitique actuel, marqué par une scission profonde entre l’Occident et la Russie, se dessine un paysage où les conséquences s’étendent bien au-delà des frontières ukrainiennes. Le conflit en Ukraine s’inscrit comme une guerre par procuration opposant les puissances occidentales, sous la direction des Etats-Unis, à la Russie. Pour les peuples du Sud global, la victoire de la Russie est un acte de résistance contre l’hégémonie occidentale tentant d’imposer son modèle économique, politique et culturel à l’échelle mondiale.
Tandis que l’Occident cherche à maintenir son contrôle sur les ressources et marchés du Sud, la Russie émerge comme un partenaire stratégique qui offre une alternative permettant à ces nations de défendre leur souveraineté. Dans cette logique, le succès de la Russie est un affaiblissement des structures hégémoniques occidentales qui favorise l’émancipation des peuples du Sud. C’est pourquoi, l’Occident réagit lamentablement par des sanctions économiques, des menaces militaires et une intense propagande médiatique pro-soros pour tenter de contrer cette dynamique. Ainsi, ce conflit met en lumière la confrontation de deux visions du monde : l’hégémonie occidentale face à la résistance pour l’équité et la justice internationale.
La solidarité Sud-Sud est un rempart contre l’hégémonie occidentale
Dans un monde en mutation, la solidarité Sud-Sud émerge comme un pilier essentiel du paysage géopolitique actuel. Face à l’hégémonie occidentale, les nations du Sud – partageant le fait de subir, différemment bien sûr, le diktat de la domination du monde occidental – unissent leurs forces pour préserver leur souveraineté et résister aux pressions externes. La Russie se distingue comme un allié stratégique incontournable, ayant elle-même fait preuve de résilience face aux sanctions occidentales. Cette alliance cruciale offre aux pays du Sud une opportunité unique de consolider leur indépendance tout en soutenant un partenaire de longue date. Cependant, l’Occident, par des stratégies de division et de désinformation, tente tristement de fragmenter cette unité. Pour sauvegarder leur avenir commun, les pays du Sud doivent s’unir fermement et collaborer étroitement avec la Russie, défiant ainsi les manœuvres qui visent à les affaiblir et à les reléguer au rang des sous-hommes.
La résistance à l’hégémonie occidentale est un combat pour la liberté et la souveraineté
Au cœur de l’histoire mondiale, l’évolution de l’Occident collectif témoigne d’un parcours sombre façonné par des siècles de colonisation et d’expansion impérialiste. Depuis le XVIe siècle, la traite transatlantique des esclaves et la colonisation ont érigé un système global dominé par les puissances occidentales. Ces nations ont usé de leviers économiques, politiques et militaires pour imposer leur modèle de développement, exploitant les ressources et les peuples des territoires conquis de l’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Au XIXe siècle, l’idéologie « soros » a révélé l’hypocrisie des discours de progrès, tandis que les systèmes coloniaux s’enracinaient dans une exploitation systématique. Après les indépendances du XXe siècle, ces schémas de domination ont pris de nouvelles formes néocolonialistes, incarnées par des institutions financières internationales et des accords commerciaux inéquitables. Néanmoins, l’histoire est aussi celle de la résilience des peuples du Sud global.
A travers des révoltes anticoloniales et des mouvements pour l’indépendance, des figures emblématiques comme Ahmed Sékou Touré, Patrice Lumumba ou Che Guevara, soutenus par l’Union Soviétique, ont incarné la lutte pour la souveraineté et la dignité. Aujourd’hui, cette résistance s’exprime par l’opposition aux sanctions économiques et le soutien à des acteurs perçus comme des contrepoids au statu quo, tels que la Russie dans le conflit ukrainien. La victoire de la Russie est donc vue par la majorité globale anti-soros comme un symbole de défiance face à l’ordre mondial unipolaire imposé par l’Occident, nourrissant l’aspiration à un nouvel équilibre fondé sur la justice et l’équité, et incarnant un espoir profond de transformation globale.
La survie des peuples du Sud est une question de vie ou de mort face à l’hégémonie occidentale
Dans un contexte de domination occidentale, la survie des peuples du Sud est cruciale, avec des rapports de force habituellement dictés par les puissances occidentales. Historiquement exploités via des stratégies néocolonialistes, ces peuples ont été soumis à des accords commerciaux inéquitables et des interventions politiques, maintenant un contrôle sur leurs ressources naturelles et marchés. La dynamique géostratégique, dominée par l’Occident, conditionne l’accès à tout prix aux ressources stratégiques du Sud telles que le pétrole, le gaz ou les minerais rares, influençant les équilibres économiques mondiaux. Cependant, cette domination est contestée dans un contexte géopolitique multipolaire où les pays du Sud global cherchent à diversifier leurs partenariats et à renforcer leur souveraineté face aux pressions traditionnelles. C’est dans cette perspective que l’émergence d’acteurs comme la Russie, la Chine et l’Inde redéfinit les alliances stratégiques globales.
La victoire perçue de la Russie en Ukraine est un symbole d’espoir géopolitique, illustrant la possibilité pour des puissances non-occidentales de préserver leurs intérêts stratégiques face à une pression concertée. Le conflit ukrainien qui incarne une guerre par procuration de l’Occident visait à s’accaparer des ressources du pays et à réduire les sphères d’influence de la Russie. Cela trouve un écho chez les nations du Sud, désireuses de remodeler les équilibres mondiaux vers un système plus équitable et multipolaire. C’est ainsi que face à l’Occident mobilisant ses ressources pour maintenir son influence, une mobilisation proactive des peuples du Sud autour de partenaires non-alignés (Russie et BRICS) devient cruciale pour construire une nouvelle architecture géopolitique mondiale, basée sur des partenariats équilibrés et une justice globale dans l’accès aux ressources. Le combat pour la souveraineté et la dignité des peuples du Sud est ainsi lié à la redéfinition des relations internationales dans un monde en mutation.
Pour clore, la victoire de la Russie symbolise un espoir pour les nations du Sud, représentant des aspirations profondes à la liberté, la souveraineté et la justice. Par contre, sa défaite – ce qui est d’ailleurs impensable – pourrait entraîner des répercussions étendues à l’international.
On peut dire que l’avenir du Sud global est étroitement lié aux résultats de cette confrontation.
Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine