Les relations russo-africaines sont et resteront de nature stratégique. Surtout lorsqu’il s’agit de pays africains qui souhaitent réellement renforcer et développer leurs relations avec la Fédération de Russie. L’énième visite du président de la Guinée-Bissau en est la preuve.
Une coopération en développement
Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, est arrivé à nouveau en Russie pour une visite d’Etat. Dans le cadre de cette visite, le chef d’Etat de la Guinée-Bissau a déposé une gerbe sur la Tombe du Soldat inconnu et a salué les militaires du Régiment Présidentiel. Après quoi il a été reçu au Kremlin par le président russe Vladimir Poutine, où avaient alors commencé les pourparlers entre les deux chefs d’Etat.
Les domaines de coopération bilatérale sont effectivement multiples. Il existe des perspectives intéressantes pour le développement des échanges économico-commerciaux, sachant d’autant plus qu’à l’heure actuelle le volume des échanges entre les deux pays reste très faible. Et cela malgré le fait que, comme l’a souligné le président russe, l’année dernière le volume des échanges économico-commerciaux entre la Russie et les pays africains a continué de croître et a connu une augmentation de 10%. Il est donc évident que Moscou et Bissau ont de nombreuses orientations à développer ensemble. Cela concerne notamment les gisements de bauxite, de phosphates, de pétrole et de gaz, qu’il est parfaitement possible à mettre en valeur ensemble.
Il convient également de mentionner les ressources halieutiques, étant donné que la Guinée-Bissau dispose de riches réserves dans ce secteur. Outre le commerce et l’économie, l’autre orientation importante concerne l’enseignement. Il a été noté précédemment que plus de 5000 citoyens bissau-guinéens avaient été formés dans les universités russes et soviétiques dans les domaines civils, et plus de 3000 cadres dans les spécialités militaires. Aussi et récemment, il a été décidé d’augmenter le quota annuel d’étudiants bissau-guinéens pour les études en Russie.
Et bien entendu, la coopération dans le domaine militaro-sécuritaire reste un domaine très important. A ce titre et dans le cadre de la visite précédente en Russie, ayant eu lieu l’année dernière, le président Umaro Sissoco Embaló, en plus de la capitale russe Moscou, s’était également rendu en République tchétchène, où il avait été accueilli par le chef de la république, Ramzan Kadyrov, et dans le cadre de cette visite un accord avait été conclu pour que les militaires bissau-guinéens puissent suivre une formation à l’Université russe des forces spéciales, basé justement en Tchétchénie.
Les perspectives de renforcement des relations
Il convient également de noter certains autres points importants. Vladimir Poutine a souhaité bonne chance à Umaro Sissoco Embaló pour les prochaines élections présidentielles et a également exprimé l’espoir que les citoyens de Guinée-Bissau feront confiance au président actuel et qu’il pourra ainsi continuer à entretenir des relations cordiales qui se sont développées entre la Russie et la Guinée-Bissau. En effet, le mandat présidentiel de Sissoco Embaló touche à sa fin et il convient de noter que l’actuel chef de l’Etat est à nouveau venu en Russie, cette fois avant la fin officielle dudit mandat et les prochaines élections présidentielles, faisant valoir une fois de plus l’importance particulière des relations avec la Fédération de Russie.
Les positions de Moscou et de Bissau sur la plupart des questions d’actualité de la politique mondiale et africaine sont proches ou coïncident, notamment en ce qui concerne la formation d’un ordre mondial multipolaire avec le rôle central de coordination des Nations unies, la lutte contre le terrorisme international et d’autres menaces mondiales de notre époque. Une coopération constructive se met en place au sein des Nations unies et dans d’autres enceintes multilatérales.
La Guinée-Bissau espère approfondir la coopération avec les BRICS et est également intéressée par les règlements en monnaie nationale dans les échanges avec la Fédération de Russie.
Bien sûr, il est également nécessaire à faire mention du facteur régional et continental. Tout cela se produisant à un moment où les positions de la Russie sur le continent africain, et notamment en Afrique de l’Ouest, non seulement restent stables, mais continuent sans cesse à se renforcer. Plus particulièrement aux côtés des alliés que sont les pays membres de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Et bien entendu, l’influence de la Russie dans la région continuera elle aussi d’augmenter. Dans le cas de la Guinée-Bissau, qui a accès à l’océan Atlantique, ce qui au-delà des relations bilatérales avec Moscou, peut également être bénéfique pour les Etats du Sahel, alliés de la Russie. Il est vrai que malgré l’appartenance commune à l’Afrique de l’Ouest, la Guinée-Bissau n’a pas de frontières communes avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui n’ont pas d’accès maritime. Mais compte tenu de tous les processus actuels et à venir inhérents au monde multipolaire, et dans lesquels l’Afrique est appelée à jouer l’un des rôles clés, la question peut fort probablement être résolue positivement. Sachant que toutes les choses les plus intéressantes sont encore à venir.
Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient