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Israël ne se stabilisera pas

Viktor Mikhin, octobre 05

Israël a lancé une invasion terrestre au Liban tôt le matin du 1 octobre avec le soutien des forces aériennes et de l’artillerie après les frappes aériennes sur plusieurs villes libanaises, y compris Beyrouth. Il s’agit de la première invasion au Liban depuis 2006.

Invasion terrestre israélienne du Liban

Les responsables israéliens ont déclaré avec impudence et arrogance que ce ne serait qu’une « opération limitée » visant l’infrastructure du « Hezbollah » dans le sud du Liban, une région où seulement en 2000 a mis fin à la maléfique occupation de 18 ans d’Israël. D’autre part, le Hezbollah s’est engagé à continuer de combattre contre Israël et a affirmé que le groupe était prêt pour une longue guerre après la mort de la plupart de ses principaux commandants, dont son chef Hassan Nasrallah. Dans son premier discours après l’assassinat de Nasrallah, le chef adjoint du « Hezbollah » Naïm Qassem a déclaré que si Israël décide de lancer une offensive terrestre, les combattants du « Hezbollah » sont prêts à se battre et à défendre le Liban, même s’il faut donner sa vie.

Un lâche assassinat de Nasrallah

L’assassinat du chef du  « Hezbollah » Hassan Nasrallah va au-delà de la confrontation entre Israël et ses ennemis islamistes. Nasrallah était à la fois un leader et un symbole de l’aspiration de l’Iran vers l’hégémonie dans le monde arabe et au Moyen-Orient. Ses combattants ont poussé l’affaire iranienne en Syrie, en Irak, au Yémen et ailleurs – en Europe, en Afrique et en Amérique latine.

Nasrallah était l’homme le plus puissant du Liban et son dirigeant de facto, ce qui a rarement été mentionné par les médias ou les autorités. Il a dirigé la structure militaire et politique qui a éclipsé un État faible et a mené une rébellion réussie contre Israël de 1992 à 2000 et une guerre israélienne infructueuse en 2006. Après la défaite des nationalistes libanais pro-occidentaux en 2008, le gouvernement officiel et son cabinet du Liban n’ont pas pu défier le « Hezbollah ». Quelles sont les conséquences probables du départ de Nasrallah ? Premièrement, il faut rappeler l’importance des individus dans les dirigeants politiques et militaires. Nasrallah, comme Qassem Soleimani, commandant de l’unité spéciale « La Force Al-Qods » au sein du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), a été un des architectes du projet politique et militaire qui a porté succès à l’Iran ces vingt dernières années. Mais ces plans et le projet ont été quelque peu bloqués par l’assassinat américain de Soleimani en janvier 2020. L’assasinat de Nasrallah complète un processus de décapitation du « Hezbollah » qui a duré des mois. Le chef d’état-major Fouad Shukr, le chef de l’unité Al-Radwane Ibrahim Akil, Ibrahim Qubaisi, chef du système de missiles et des agents de haut rang ont été victimes de frappes israéliennes récemment. L’armée de l’air israélienne a détruit le quartier général du « Hezbollah » sous l’immeuble au sud de Beyrouth, ce qui était le point culminant de la campagne au cours de laquelle plus de 500 combattants ont été tués.

Bien sûr, les tentatives ne sont pas une garantie. En fin de compte, Nasrallah est devenu un leader après qu’Israël ait tué son prédécesseur moins capable. Les coups infligés vers le « Hezbollah » ne signifient pas que l’organisation a perdu ses principales opportunités. Elle continue d’attaquer sur le nord d’Israël, ce qui signifie que jusqu’à 100000 réfugiés israéliens internes ne peuvent toujours pas rentrer chez eux.  Donc, le résultat de cette guerre est encore inconnu, car on ne sait pas ce que fera Téhéran, même pour la mort de Haniyeh.

Les responsables et experts israéliens discutent activement de la possibilité d’une guerre à grande échelle dans laquelle l’Iran pourrait potentiellement s’engager.

Il faut se rappeler que l’attaque iranienne contre Israël le 14 avril était une réponse à l’assassinat du général du Corps des Gardiens de la révolution islamique, Mohammed Reza Zahadi, à Damas. Mais il est tout aussi probable que le « Hezbollah » essaiera de se venger tout seul. Pour l’assassinat de Mussawi en 1992, il a été vengé par une attaque contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, qui a été suivie par la destruction d’un centre communautaire juif dans la même ville en 1994.

Pourquoi Israël veut une guerre avec « Hezbollah »

La guerre, que les deux parties ne voulaient pas, a commencé et prend de l’ampleur. Après les explosions de téléavertisseurs et de radios qui avaient blessé 1500 membres des forces armées du « Hezbollah », l’armée de l’air israélienne a lancé une campagne massive de frappes aériennes contre les installations de l’organisation à travers du Liban, tuant plusieurs dirigeants de haut rang, simultanément avec les frappes de missiles à longue portée. « Hezbollah », à son tour, pour la première fois lancé des missiles de longue portée, y compris un poids d’une demi-tonne, visant la région de Tel-Aviv. Cette dernière série de conflits a commencé le 7 octobre de l’année dernière. Alors qu’Israël se remet encore des attaques soudaines de Gaza et des massacres, et lutte toujours pour ramener les kibbutzim détenus par le Hamas, le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur les villes israéliennes juste à la frontière, ce qui a finalement forcé environ 100,000 Israéliens à évacuer. Pendant tout ce temps, le Hezbollah a tiré des missiles, des lance-roquettes et des drones remplis d’explosifs sur Israël, et les forces israéliennes ont attaqué les commandants et les combattants du Hezbollah, principalement dans le sud du Liban, mais parfois à l’extérieur, par exemple dans la vallée de la Békaa ou en Syrie.

Malgré les nombreuses possibilités d’escalade, les deux parties ont essayé d’éviter une guerre à grande échelle. Après le meurtre de douze enfants druzes sur les hauteurs du Golan contrôlé par Israël, Tsahal a tué Fouad Shukra, l’un des plus hauts commandants du Hezbollah, à Beyrouth, mais les deux parties ont réussi à réduire les tensions. Israël a évité de bombarder Beyrouth, sauf pour les rares assassinats de dignitaires. Le Hezbollah n’a pas lancé ses énormes missiles balistiques à longue portée sur le centre d’Israël, mais c’était une situation instable.

Mais les frappes aériennes se sont révélées insuffisantes pour atteindre l’objectif principal d’Israël : le retour en toute sécurité de 100 000 évacués dans leurs foyers. L’armée israélienne se préparait ouvertement à une invasion terrestre du Sud du Liban. Le chef d’état-major des forces de défense israéliennes a dit aux soldats que leurs « bottes militaires entreront en territoire ennemi » pour conduire le Hezbollah au nord du fleuve Litani.

L’Iran est-il entré en guerre?

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique, en réponse à l’agression de Tel-Aviv, a tiré des dizaines de missiles sur les positions israéliennes. Il a été dit que cette frappe était une réponse iranienne à la série d’attaques terroristes du régime, qui ont tué l’un des dirigeants du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le chef du « Hezbollah » Hassan Nasrallah et Nilforoushan Abbas, commandant adjoint des opérations du CGRI.

En quelques heures, l’CGRI a publié deux déclarations : la première confirmait des rapports d’attaques de roquettes contre le régime israélien et la seconde annonçait que trois bases militaires avaient été ciblées près de Tel-Aviv. C’est la deuxième fois que l’Iran lance des missiles de son territoire contre Israël. Lors de l’opération True Promise à la mi-avril, Téhéran a frappé plusieurs cibles militaires après que le régime ait attaqué l’ambassade iranienne à Damas. L’attaque de mardi s’appelait Opération True Promise II.

Lors de sa première attaque contre Israël, le CGRI a utilisé environ 300 drones technologiques plus anciens et plusieurs missiles balistiques. Les rapports indiquent que la deuxième opération était d’un niveau plus élevé de sophistication technologique et impliquait plus d’armes. L’Iran a déployé des missiles hypersoniques pour la première fois depuis qu’il a annoncé qu’il en avait, selon les nouvelles de l’IRIB et les déclarations militaires israéliennes.

« Malgré le fait que la région cible était protégée par plusieurs systèmes de défense de haute technologie, environ 90% de nos missiles ont réussi à frapper des cibles, en horrifiant les sionistes au sujet des capacités de renseignement et opérationnelles de l’Iran», a déclaré le CGRI.

Dans le post sur X, le président iranien Massoud Pezechkian a déclaré que l’Iran avait exercé son « droit légitime » et répondu à l’agression israélienne conformément au droit international. Netanyahou devrait savoir que l’Iran ne veut pas la guerre, mais qu’il s’oppose fermement à toute menace. Ce n’était qu’une petite partie de nos possibilités. Il ne faut pas se quereller avec l’Iran. La mission iranienne auprès de l’ONU a fait des déclarations similaires, ajoutant qu’« il y aura une réponse dévastatrice » si Israël commet un autre acte de violence.

 

Viktor Mikhin, membre correspondant de l’académie russe des sciences naturelles, spécialement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook »

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