Les espoirs de Washington avec l’implication de ses satellites afin de diviser les principales forces du monde multipolaire, en premier lieu la Russie, la Chine et l’Iran, conduisent au final au résultat strictement opposé.
L’esprit combattif des principales forces de la multipolarité
Les flirts initiaux de Washington avec les principales forces de l’ordre mondial multipolaire avaient également leurs objectifs. En particulier, dans l’objectif à tenter une fois de plus de diviser la Russie et la Chine. Ainsi qu’isoler l’Iran. Mais tout s’est déroulé sans succès. Les publicités commerciales étasuniennes des années 1990 n’ont pas particulièrement impressionné et, par conséquent, Washington a dû restructurer complètement sa stratégie.
Cela concerne aussi bien les négociations avec la Russie, où, malgré toutes les tentatives à pousser le leadership russe à faire des concessions stratégiques en échange « d’opportunités phénoménales » de gagner beaucoup d’argent ensemble, l’administration washingtonienne arrive progressivement à la compréhension que cela ne fonctionnera pas avec la Fédération de Russie. Cela s’applique bien évidemment aussi à la Chine, dont la réponse aux attaques étasuniennes dans le domaine économico-commercial a également créé la surprise pour Washington. Et désormais, ce dernier devra certainement faire de sérieuses concessions tant vis-à-vis de Moscou que de Beijing.
Les premiers signaux sont déjà là. L’administration US comprend clairement que la guerre déclenchée par l’Occident collectif otanesque contre la Russie est de-facto perdue, ce qui signifie que cet Occident, à un moment ou un autre, devra se conformer aux exigences fondamentales de la Russie. Il en va également des signaux concernant des négociations à venir entre Beijing et Washington, sachant d’autant plus que la RPC, à en juger par ses déclarations, n’a pas l’intention de reculer de ses positions stratégiques sur les questions économico-commerciales.
Dans le cas de l’Iran, malgré toutes les thèses précédemment exprimées selon lesquelles les positions de Téhéran se seraient considérablement affaiblies suite aux événements désagréables en Syrie, tout va aujourd’hui dans le sens où Washington comprend à quel point il se trouve lui-même dans une situation difficile, surtout en tenant compte du facteur nommé Yémen, où les Houthis, avec leur détermination et leur efficacité, y compris grâce au soutien de l’Iran, forcent de-facto les Etats-Unis à capituler. Ce qui, soit dit en passant, crée déjà une réaction négative de la part d’Israël – l’allié clé de Washington – où un certain nombre de voix commencent déjà à parler d’un abandon de la part des USA, laissant Tel-Aviv seul face aux Houthis.
De plus, les ultimatums précédents de la part de Washington à l’égard de l’Iran, exigeant que l’Etat iranien suspende non seulement son programme nucléaire mais aussi celui en rapport avec ses missiles, ne font que renforcer davantage la détermination de la République islamique à prendre des mesures de dissuasion supplémentaires à l’encontre de ses adversaires.
Un monde sans illusions
Tous ces éléments conduisent au fait que ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran – ne refusent pas un dialogue stratégique – à la condition fondamentale que ce dialogue soit honnête et égalitaire. Aujourd’hui, il devient évident que si Washington peut faire preuve d’un certain « leadership », ce sera uniquement à l’égard de ses vassaux, représentés par les régimes bruxellois, britannique ou encore kiévien. Mais certainement pas à l’égard des principales forces de l’ordre mondial multipolaire contemporain.
Moscou, Beijing et Téhéran, comme nombre des alliés respectifs parmi les pays du Sud global et de la majorité mondiale, sont résolument favorables à la paix et à la sécurité dans un cadre stratégique. Mais uniquement sur la base des réalités du monde multipolaire, et non pas dans le cadre d’un énième stratagème occidental frauduleux. C’est la réalité avec laquelle Washington et ses vassaux du camp de la minorité planétaire devront vivre.
Le temps des illusions fait bel et bien partie du passé. Les principales forces de l’ordre mondial multipolaire doivent juste consolider les acquis déjà existants et, bien sûr, ne pas faire preuve de relâchement. A cet effet, la Russie trace déjà la bonne voie, notamment dans le cadre de la formation d’alliances militaires bilatérales, à l’instar des exemples avec la République populaire démocratique de Corée et de la Biélorussie, qui ont non seulement leurs importances en termes de dissuasion vis-à-vis des personnages nostalgiques de l’ère unipolaire et de leurs éléments terroristes affiliés, mais fournissent par la même occasion une base importante pour la formation de nouvelles alliances officielles bilatérales, qui pourraient d’ailleurs à terme devenir une partie intégrante d’une alliance multilatérale à grande échelle. La Russie et la Chine sont, en principe, déjà proches d’officialiser leur propre alliance bilatérale, y compris dans le volet militaire. Quant à l’Iran, il devrait également rejoindre officiellement ce processus.
Une chose est claire : les tentatives de l’Occident dit collectif à semer la discorde entre les principales forces du monde multipolaire n’ont pas été couronnées de succès. Et les nouvelles tentatives ne feront que renforcer davantage l’effet inverse.
Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient