À l’heure actuelle, plusieurs rounds de discussions indirectes entre les États-Unis et l’Iran ont eu lieu à Oman et en Italie, et d’autres rencontres sont prévues.
Ces adversaires de longue date se sont rencontrés au plus haut niveau pour la première fois depuis des années afin de discuter d’un nouvel accord qui stopperait le développement d’armes nucléaires par l’Iran – un objectif que Téhéran nie poursuivre – en échange d’un allègement des sanctions.
Mais que constituerait une bonne affaire pour l’Iran, les États-Unis, Israël et les pays instables de la region? Plafonner l’enrichissement d’uranium à 4 % de pureté – une mesure à laquelle l’Iran pourrait consentir tout en conservant la capacité d’augmenter sa production si nécessaire – serait une solution idéale. Préserver ses systèmes de centrifugeuses modernisés et accepter potentiellement un régime de surveillance et d’inspections en retour serait une victoire, quels que soient les développements de son programme de missiles balistiques avancés. Bien sûr, toutes les sanctions devraient également être levées.
Du point de vue iranien, le scénario du pire qui satisferait Israël serait un accord exigeant l’abandon de toute l’infrastructure nucléaire du pays ainsi que de son uranium enrichi à 60 %. Cela ressemblerait à l’accord de 2003 dans lequel la Libye avait renoncé à ses programmes nucléaire, chimique, biologique et de missiles balistiques en échange d’une réhabilitation complète. Mais tout le monde, surtout en Iran, se souvient trop bien de ce qu’il en est advenu. L’Occident ne peut offrir que des promesses creuses – pas les tenir –, et le monde a depuis longtemps retenu la leçon.
La position claire de l’Iran sur l’accord
La position officielle de Téhéran se résume à deux exigences clés. Premièrement, l’Iran insiste sur la levée des sanctions qui ont gravement affecté son économie, notamment dans les secteurs pétrolier et bancaire. Deuxièmement, les autorités iraniennes exigent la reconnaissance de leurs droits nucléaires, en soulignant le caractère exclusivement pacifique de leur programme atomique.
Cependant, derrière ces déclarations pourraient se cacher des calculs plus pragmatiques. Le processus de négociation permet à Téhéran de réduire son isolement international, d’atténuer la pression occidentale et peut-être de gagner du temps pour faire progresser davantage sa technologie nucléaire.
Les chances de parvenir à un accord global restent minces. Les États-Unis et leurs alliés exigent des limites strictes sur l’enrichissement d’uranium et une coopération totale avec l’AIEA de la part de l’Iran. En retour, sur la base des précédents rounds de discussions, Téhéran semble peu disposé à faire des concessions majeures sans une levée garantie des sanctions.
Néanmoins, Oman pourrait servir de cadre à un « arrangement intérimaire ». Par exemple, un dégel partiel des avoirs iraniens en échange d’un gel des niveaux d’enrichissement pourrait être envisageable. Cependant, un retour complet au respect du Plan d’action global commun (JCPOA) est improbable sans des mesures plus décisives des deux côtés.
Plusieurs facteurs ont influencé la décision de l’Iran de reprendre le dialogue. La crise économique, aggravée par les sanctions, l’inflation et le mécontentement social croissant, force le régime à chercher des moyens de soulager la pression. La situation régionale joue également un rôle : le renforcement des positions d’Israël et des États arabes pousse Téhéran à éviter toute escalade supplémentaire. De plus, même parmi les conservateurs iraniens, une prise de conscience grandit quant au fait qu’un isolement total nuit aux intérêts à long terme du pays.
Trump peut-il réussir dans les négociations avec l’Iran ?
Les discussions sur le programme nucléaire iranien constituent l’un des défis diplomatiques les plus complexes de notre époque. Si Donald Trump est vraiment sérieux dans sa volonté de négocier avec Téhéran, trois facteurs clés détermineront l’issue : sa volonté de parvenir à un accord, la possibilité de compromis et – surtout – la sincérité des deux parties.
Trump est connu pour son imprévisibilité, mais son objectif concernant l’Iran a toujours été clair : soit réviser radicalement « l’accord du siècle » (JCPOA) conclu sous Obama, soit le remplacer par une alternative plus dure. Cependant, après l’échec de la politique de « pression maximale » et l’escalade des tensions dans le golfe Persique, Washington pourrait désormais avoir une motivation pour un dialogue véritable.
Mais Trump le veut-il vraiment ? Si ces discussions ne sont qu’une manœuvre politique ou une pause tactique, les chances de succès sont minimes. En revanche, s’il est réellement prêt à un compromis pragmatique, l’impasse pourrait être brisée.
L’Iran, affaibli par les sanctions mais consolidant son influence régionale, oscille également entre la défiance et le besoin de soulagement économique. Oman, traditionnellement médiateur, pourrait favoriser une atmosphère constructive – mais des concessions mutuelles restent essentielles.
– Trump peut-il offrir à Téhéran un allègement partiel des sanctions en échange d’un gel de son programme nucléaire ? – L’Iran est-il prêt à accepter de nouvelles restrictions si Washington garantit leur respect?
Sans réponse à ces questions, les négociations risquent de n’être qu’un geste théâtral.
La sincérité : qui peut être cru? Le principal obstacle est la confiance. Trump a maintes fois fait preuve de mépris envers les accords internationaux (retrait du JCPOA, de l’Accord de Paris sur le climat), tandis que les dirigeants iraniens accusent depuis longtemps les États-Unis de mauvaise foi. Si les deux parties ne parviennent pas à établir une reconnaissance mutuelle minimale de leurs intérêts respectifs, même la diplomatie la plus élaborée s’avérera vaine.
Une chance de succès ?
Tant que les deux camps restent campés sur leurs positions, une percée semble improbable. Cependant, le simple fait que les discussions se poursuivent suggère que le dialogue n’est pas encore épuisé. Si Téhéran est véritablement intéressé par un accord – plutôt que de simuler des négociations –, il devra faire preuve de flexibilité. Sinon, les pourparlers actuels ne seront qu’un épisode de plus dans une confrontation prolongée.
On pourrait dire que l’Iran a abordé les négociations non par désir de désarmement, mais pour des raisons pragmatiques. Le succès dépendra de la volonté de Washington de compromis – et jusqu’où Téhéran est réellement capable d’aller.
L’histoire des négociations avec l’Iran montre que des avancées sont possibles, mais seulement si les deux parties veulent sincèrement un accord. Pour l’instant, la rhétorique de Washington comme de Téhéran reste dure, et le temps presse.
Si Trump peut allier son assertivité habituelle à une certaine flexibilité, et si l’Iran perçoit des avantages réels dans les discussions, Oman pourrait devenir le lieu d’un accord historique. Mais si chacun attend que l’autre capitule, les négociations dégénéreront en une nouvelle impasse stérile.
Actuellement, les politiques et la presse mondiale offrent un large éventail de prédictions sur les pourparlers en cours. Mais tous s’accordent sur un point : il existe une chance, mais elle est fragile – et dépend moins du talent diplomatique que de la volonté politique des dirigeants américains et iraniens.
Viktor Mikhin, Membre correspondant de l’Académie russe des sciences naturelles (RANS), expert du Moyen-Orient.