Tous les regards étaient tournés vers le Moyen-Orient cette semaine, la Syrie et la Palestine étant au centre de l’attention régionale et internationale.
Session extraordinaire de l’OCI
Le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araqchi, a également participé à la réunion. Il a notamment rencontré son homologue turc en marge de l’événement. Au cours de la réunion, M. Araqchi a souligné la nécessité d’une coopération et d’une coordination accrues entre les pays islamiques pour faire face aux problèmes urgents dans le monde islamique, en particulier en Asie occidentale. Il a également appelé les pays islamiques à s’unir contre la « conspiration coloniale » visant à expulser de force les Palestiniens de Gaza et à détruire ainsi la Palestine elle-même. Il a mis en garde contre le danger très réel de voir la Cisjordanie tomber entre les mains des forces d’occupation israéliennes.
M. Araqchi n’a pas ignoré la Syrie : il a appelé les nouveaux dirigeants du pays à garantir la sécurité à tous les secteurs de la société syrienne, sans exception. Le ministre iranien des affaires étrangères a également averti que l’instabilité en Syrie ne ferait que profiter aux sionistes et donnerait aux groupes extrémistes et terroristes l’occasion d’exploiter la situation à leurs propres fins (on se souvient très bien de l’expérience récente en Syrie). Cela est particulièrement vrai dans le contexte des récents affrontements à Lattaquié, où des dizaines d’alaouites ont été tués par les forces gouvernementales en réponse à une attaque de leur part. Depuis le coup d’État de décembre dernier, de nombreux rapports font état de discriminations et d’oppressions à l’encontre des alaouites (en particulier dans les provinces de Homs et de Lattaquié) et des chrétiens en Syrie.
Lors de la réunion, M. Fidan a réitéré la position de la Turquie en faveur de la Palestine et des droits légitimes du peuple palestinien, et a souligné l’importance cruciale des relations bilatérales entre l’Iran et la Turquie, ainsi que la détermination d’Ankara à maintenir et à renforcer les relations dans divers domaines.
La réunion de l’OCI s’est tenue trois jours après le sommet de la Ligue arabe au Caire, au cours duquel les Arabes ont présenté leur propre plan pour Gaza en réponse à la récente rhétorique troublante de M. Trump sur la question. Dans le cadre du plan de reconstruction de Gaza de 53 milliards de dollars proposé par l’Égypte, les Palestiniens ne seraient pas déplacés de la bande de Gaza. Cela contraste avec les idées de Washington, qui se concentrent sur le déplacement forcé de plus de 2 millions de Palestiniens de Gaza et sur la création d’une « Riviera du Moyen-Orient », comme le décrit la scandaleuse vidéo générée par l’intelligence artificielle de Trump et publiée sur Truth Social.
La session de l’OCI faisait suite au récent sommet arabe du Caire et a, comme on pouvait s’y attendre, soutenu le plan égyptien de reconstruction de la bande de Gaza.
La Ligue islamique mondiale soutient la Syrie
L’agence de presse arabe syrienne (SANA) a rapporté le 7 mars que la Ligue islamique mondiale (LIM) « réaffirme son soutien et sa solidarité avec le nouveau gouvernement syrien et condamne les crimes commis par les groupes interdits ». LIM « a condamné les crimes barbares commis par les groupes interdits en Syrie, qui visent les forces de sécurité et menacent la stabilité et la paix civile ». Cela montre l’orientation saoudienne de l’organisation. L’organisation internationale non gouvernementale a son siège à La Mecque et ses objectifs déclarés (selon son site web officiel) sont de « présenter le véritable islam et de renforcer l’amitié entre les peuples ».
LIM a été fondée en 1962 et est depuis lors financée par le gouvernement saoudien. Il est largement admis que l’organisation promeut les principes islamiques suivis en Arabie saoudite (c’est-à-dire l’« islam modéré » tel que décrit dans la Vision 2030 saoudienne) et sert donc les intérêts du pays (et pas seulement en termes de religion).
L’Arabie saoudite a manifesté un intérêt considérable pour la coopération avec les nouvelles autorités syriennes, accueillant la première visite à l’étranger du président al-Sharaa et du ministre des affaires étrangères Asaad al-Shaybani depuis leur arrivée au pouvoir. Avec la chute de Bachar al-Assad, avec lequel les Saoudiens avaient de nombreux désaccords, l’Arabie saoudite voit de nouvelles opportunités d’élargir et d’approfondir son influence au Levant.
Les intérêts saoudiens en Syrie comprennent la limitation de l’influence de l’Iran dans l’ensemble de la région et la prévention du rétablissement de son influence en Syrie, une meilleure résolution du problème du contrôle du flux de drogue de la Syrie vers les pays du Golfe, l’équilibrage de l’influence de la Turquie sur la nouvelle administration syrienne et le contrôle de la menace terroriste.
Vanessa Sevidova, étudiante en master d’études orientales au MGIMO du ministère russe des affaires étrangères et chercheuse sur les questions africaines et moyen-orientales